La France tiendrait-elle son Blonde Redhead en la personne d’OMR ? La question se pose tant l’ombre du trio plane sur cet album. Pourtant la lecture du CV ne laissait pas présager une telle référence.


Superheroes Crash est le deuxième album d’OMR, un duo formé par Virgine Krupa et Alexandre Brovelli qui s’est fait remarquer il y a 3 ans lors de la première édition du concours des CQFD (Ceux Qu’il Faut Découvrir) chaperonné par les Inrockuptibles. Le groupe pratiquait alors une électro-pop aux ambiances froides et éthérées. Son premier album Side Effects était associé à du beau monde, produit par Mario Thaler (The Notwist, Lali Puna, Ms. John Soda) et des noms comme Prefuse 73, Console ou DJ Vadim avaient accepté de les remixer.

Lors de la tournée qui suivit, OMR se distingue en évitant de jouer les presse-boutons planqués derrière leurs outillages électroniques, triste défaut qu’ont nombre de leurs confrères. Le groupe s’entoure donc d’un vrai groupe et partage même quelques dates avec Grandaddy. L’expérience a visiblement laissé des traces et quand vient le moment fatidique d’enregistrer son second album, le duo opère dans l’urgence et enregistre accompagné des musiciens qui ont foulé les planches avec eux. Mario Thaler répond à nouveau présent.

On n’est donc finalement pas surpris de constater que Superheroes Crash fait la part belle aux guitares, mais de là à imaginer que les machines allaient presque totalement s’effacer au profit d’un traditionnel batterie-basse-guitare-voix, il y a un pas que l’on n’aurait pas franchi.

L’album fait habilement la transition en s’ouvrant sur le très cinématographique « Captive in the height of summer » dont la rythmique, l’orgue et le banjo semblent sortis des classiques d’Ennio Morricone. On pense inévitablement au premier album de Goldfrapp qui multiplait ce genre de références. C’est lors de la plage titulaire et son riff de guitare que cette impression de déjà entendu chez Blonde Redhead vous prend par surprise et vous fait vite oublier votre première impression. Seules la rythmique imparable qui lui donne une allure de tube instantané et la voix de Virgine Krupa se démarquent de l’illustre trio américain. « Stood the test of time » et « Dancers », les morceaux suivants, enfonceront le clou tant ils sonnent comme ces petites ritournelles que Blonde Redhead affectionne. Si on retrouve chez les deux un goût pour afficher une certaine mélancolie prononcée, on évitera de crier au plagiat tellement l’assise des morceaux est plus pop. Le chant désenchanté et envoûtant de Virgine Krupa est à mille lieues de ce mélange de candeur malsaine et sensualité qui caractérisent la voix de Kazu Makino. Entre ces deux morceaux, l’aérien « Immobilized » et ses guitares abusant de réverbérations vient quelque peu changer le ton et ravira les nostalgiques de l’époque où la scène anglaise rimait avec Lush, Ride et autre Slowdive. Le reste de l’album est à l’avenant en redonnant une petite place aux sonorités électroniques avec au passage un interlude 100% électronique nommé « Clean and tidy » qui n’aurait pas fait tache sur un album de M83.

Au final, Superheroes Crash sonne comme un hommage honnête et efficace à deux illustres références qui se nourrissent l’une l’autre. A ce titre, OMR se détache complètement du courant électro qui l’a lancé et s’inscrit maintenant dans la lignée des récents Film School, Windsor for the derby et consorts. Reste à voir quand tous ces groupes arriveront à surpasser leur modèle.

– Le site d’OMR
– Le site d’UWe