À l’entendre, on imagine mal que derrière cet album ambient se cache un retraité de 60 ans, un ancien ouvrier de Belgrade qui, de plus, ne partage et diffuse ses productions que depuis peu.


À l’entendre, on imagine mal, sûrement par l’effet des habitudes, que derrière cet album ambient se cache un retraité de 60 ans, un ancien ouvrier de Belgrade qui, de plus, ne partage et diffuse ses productions que depuis peu. Sa musique minimaliste semble prendre une autre épaisseur, du temps d’abord : un temps de maturation et de réflexion, dont les compositions minimalistes sont investies ; une épaisseur sentimentale, face à la volonté d’une telle figure de « musicien » comme Abul Mogard à vouloir exprimer son « monde intérieur » pour parler comme les romantiques, mais également l’exprimer suivant cette voie musicale. C’est en ce sens que les trois morceaux de Sky Has Vanished, avec ses titres évoquant la contemplation et la mélancolie, apparaissent comme chargés d’affects. Leurs notes appuyées créent des nappes qui s’élèvent et s’abaissent, proposant des formes organiques avec des intensités changeantes mais toujours harmonieuses. Cette recherche d’équilibre presque orchestrale semble vouloir retranscrire une certaine idée de transparence chez Mogard concernant ses propres émotions qui l’animent pour ses compositions ; pas de geste brusque ni précipité, c’est une vague indéterminée mais prête à faire surgir des images ou sensations qui se dessine ainsi à travers sa musique envoûtante.