Quatrième album du folker scandinave, ou quand « le retour au bercail » rime avec « un nouvel angle de travail ».


Le folker suédois Kristian Matsson a beau s’autoproclamer l’homme le plus grand du monde – doux patronyme certainement tiré d’une belle légende scandinave – le chanteur suédois ne s’arrête pas pour autant de grandir. Habitué de disques où l’homme guitare est prégnant, avec son seul picking pour compagnon quand une batterie éloignée vient orner les envolées des compositions, Matsson sort là un album richement arrangé mais pas si différemment produit.

Si le goût prononcé pour la guitare solo est encore de rigueur dans ce nouvel opus, les compositions se sont embellies de toute part. Et c’est une nouvelle maturité musicale qui nourrit cette incessante poussée. Il aura fallu pourtant à l’oiseau noir un retour au nid natal pour faire grandir son petit monde folk rock et lui rendre une nouvelle fois toute sa splendeur. C’est un des thèmes majeurs des compositions que ce retour à la maison, la quête incessante d’une place enfin sereine où s’installer. Parce que l’artiste est cet être constamment à la recherche d’un équilibre et du repos, recherche qu’il met en Å“uvre par le biais de son art.

Pour Kristian Matsson, ce n’est peut-être pas encore la découverte d’un nid douillet mais en tout cas un retour aux sources (dû à la séparation d’avec sa femme et collaboratrice ? peut-être…). Alors, finie la voix un peu trop nasillarde et systématiquement tournée vers le Zim’, terminée la solitude de l’homme derrière sa guitare. Chaque morceau est embelli de ses propres arrangements, batterie, clarinette et piano. D’ailleurs celui-ci illustrera l’un des sommets de ce disque, « Little Nowhere Towns », à propos de ces villes de nulle part qui deviennent malgré tout le foyer de toute création, le berceau de toute expérience formatrice, et le chÅ“ur féminin qui vient enluminer le refrain dessine le présage d’un radieux avenir.
Parce que ce retour du mal-aimé, de l’indigent, du vilain petit canard, s’il est aveu d’échec est aussi une renaissance. Alors pourquoi ne pas chambouler un peu les habitudes et prendre de l’envergure pour devenir albatros.
Quand bien même la langue de Faulkner passé au prisme scandinave prend des tournures inédites, poétiques mais inattendues, les chansons de The Tallest Man On Earth sentent toujours et encore le country folk traditionnel des ruptures, des départs et des portraits à vif (merveilleux « Timothy » méritant à lui seul l’achat du disque…).

Aucune raison de se plaindre donc de cette nouvelle tournure, de ce nouveau départ : Dark Bird Is Home est d’ores-et-déjà en haut des piles des classements de fin d’année, au milieu des sorties du label américain Dead Oceans qui n’en finit pas d’embellir son catalogue et dont il faut également saluer ici le travail.

En concert le 17 octobre prochain à Paris, La Cigale