Découvert en nos contrées durant l’édition précédente de la route du Rock, Interpol avait fait sensation auprès d’une critique toujours heureuse de découvrir « La » nouvelle sensation rock.


Découvert en nos contrées durant l’édition précédente de la route du Rock, Interpol avait fait sensation auprès d’une critique toujours heureuse de découvrir « La » nouvelle sensation rock. Hélas pour les gratte-papier, il faudra attendre un an avant que le groupe accouche de son premier album.
Dès la première écoute de Turn On The Brights Lights, le constat est flagrant. On assiste, médusé, à l’éclosion d’un sérieux poulain en course pour le titre de groupe le plus fascinant du moment. Fascinant, parce que tout d’abord, bien qu’originaire de New York, les influences lorgnent de l’autre côté de l’Atlantique sur la petite île qui fait de la résistance à l’Euro.
Parmi ses modèles, le mouvement Cold Wave du début des années 80 se distingue fortement du lot. La voix haut perchée de Paul Banks (guitare/ voix) ainsi que le son des guitares subtilement crues (oui, ça existe!) rappellent les premiers albums des Psychedelic Furs, superbe formation post-punk tombée aux oubliettes depuis belle lurette. Impossible aussi de ne pas penser aux Cure pour l’ambiance planante dégagée par certaines parties de guitares ainsi qu’aux cousins australiens, les trop sous-estimés The Church.

Bien sûr, le son ne fait pas la qualité d’un album. Ça tombe bien! Les compositions sont là aussi! Les guitares du duo Banks/Kessler s’entremêlent dans un noeud exquis et feraient passer les Strokes pour des mémés qui tricotent. Seulement à ce moment là, l’ombre de Television plane au-dessus des amplis, laissant entrevoir une minime influence de leur patelin d’origine. NYC, il en est encore question avec la ballade du même nom qui prouve que le quatuor sait tamiser la lumière le moment venu.
Dans l’ensemble, les morceaux énervés sont les plus efficaces. Untitled, Obstacle 1 produisent une tension palpable rappelant Joy Division, la voix envoûtante du chanteur, à mi-chemin entre David Bowie et Ian Curtis, y est aussi pour beaucoup. Petit bémol tout de même, certains titres auraient tendance à loucher vers l’héroïque frisant parfois le pompeux, tout en limitant les dégâts tout de même.

Une fois de plus, les Etats Unis affirment leur suprématie rock n’ roll face à une Angleterre agonisante dont on compte sur les doigts de la main ses brefs éclairs de génie de la décennie passée (Primal Scream, Death In Vegas et puis?). A moins de lâcher un missile sur Big Ben, je ne vois pas quel électrochoc pourra réveiller le pays.