Un matin de mars cette année, le soleil ne s’est pas levé au pays des samouraïs bleus. Le compositeur japonais Ryuichi Sakamoto disparaissait. Le pianiste, pionnier de la musique électronique, lègue une oeuvre immense et protéiforme, que ce soit en solo ou pour le cinéma, avec Furyo et Le Dernier Empereur, pour ne citer que les plus populaires. Mais ce serait aussi négliger ses débuts pop synthétique avec le Yellow Magic Orchestra ou ses collaborations exigeantes avec David Sylvian, Arto Lindsay, Iggy pop ou plus récemment Fennesz…

Six mois se sont écoulés depuis ce triste jour, le talentueux musicien Adrien Legrand lui rend hommage dans une composition inédite au piano, intitulé Au revoir Mr. Sakamoto (à découvrir ci-dessous et son bandcamp). Nous lui avons proposé d’écrire quelques mots pour décrire sa passion pour ce pianiste hors-norme. Sayonara, M. Sakamoto.


© Bleu Neptune 2023 – distribué par Onto Records – https://ontorecords.bandcamp.com/

Au revoir M. Sakamoto

Je l’ai parfois détesté, je l’ai parfois trop aimé, j’ai arrêté de le pratiquer, j’ai repris, en fait j’y suis toujours revenu et aujourd’hui plus encore qu’il y a quelques années, je veux parler du piano. C’est le tout premier instrument que j’ai eu la chance de pratiquer étant jeune, sans non plus y mettre une énergie folle, la faute au sacrosaint solfège et à un répertoire assez fermé sur lui-même.

Cependant, il ne m’a jamais réellement quitté et je crois que c’est en partie dû à des compositeurs comme Ryuichi Sakamoto. Difficile de rester insensible à l’écoute de sa pièce la plus connue, Merry Christmas Mr.
Lawrence, composée pour le film éponyme de Nagisa Ōshima, qui a peut-être été pour moi la porte d’entrée menant à une œuvre plus globale.
J’emploie le mot « peut-être » car un doute subsiste quant à ma première rencontre avec le compositeur. Il se trouve que dans mes recherches musicales de jeune étudiant en mal d’expériences sonores, j’ai fini par tomber un jour sur Yellow Magic Orchestra, trio de pop synthétique expérimentale dont Sakamoto faisait partie et dans lequel il a été révélé au grand jour.

Quoi qu’il en soit, le piano a encore eu raison de tout cela et quand j’ai découvert que Ryuichi Sakamoto composait aussi pour le cinéma et prenait un malin plaisir à interpréter et réinterpréter au piano des œuvres issues des films pour lesquels il avait été sollicité comme, The Sheltering Sky, Babel ou encore The Last Emperor, ou tout autres œuvres issus de ses
albums de musiques électroniques et/ou pop en solo ou avec YMO comme Perspective, Thousand Knives, Aenoko no Torso… j’ai pris une véritable claque.

Elle a été d’autant plus forte que je me suis tout de suite reconnu dans la sensibilité pianistique de Sakamoto, que ce soit dans ses accords aux mille couleurs (certains parleront d’impressionnisme et/ou de jazz), ses mélodies en apparence simple mais qui disent tout ou son approche minimaliste dans l’interprétation de l’instrument. Son décès m’a touché au plus profond, c’est bien d’ailleurs la première fois que j’ai ressenti cela vis-à-vis d’un artiste dont la musique m’a autant accompagné. C’est donc naturellement vers le piano, instrument d’une puissance émotionnelle rare, central
et indispensable dans l’œuvre du compositeur japonais, que je me suis tourné, pour lui écrire un dernier message instrumental, une sorte d’au revoir au doux parfum cinégénique, un peu comme si j’avais dû composer le générique de fin d’un film appelé Au revoir Mr. Sakamoto.

Visuel du EP

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