Avec waiting for the moon les Tindersticks nous surprennent en dévoilant leurs ego et en mettant à nu leurs compositions qui depuis quelques albums faisaient du surplace. La concurrence a encore du souci à se faire.
« Wake me up cos i’m dreaming » entend t’on chanter sur la première chanson de Waiting for the moon. Ces paroles pourrait bien être notre première réaction tellement la surprise de trouver un nouveau visage dans leur musique est grande.
Depuis quelques albums, les Tindersticks nous avait habitué à partager leur propension pour les cordes et on avait même l’impression qu’ils étaient en pilotage automatique, reproduisant la recette qui les a mené au succès. Les albums des Tindersticks nous faisait l’effet de revoir avec bonheur un ami pas vu depuis longtemps mais dont on avait plus grand chose à se dire au bout de cinq minutes. Déçu de ne plus ressentir les sensations des débuts, leur musique devenait un film dont on connaissait sans le voir toutes les ficelles. D’où la surprise de Waiting for the moon.
Manifestement, ce sixième album studio a été conçu comme un besoin vital, une nécessité d’exprimer les ego qui risquaient à terme de mettre en péril la longévité du groupe.
Sans être un retour au source, les identités sont affirmées comme à l’image de deux chansons chantées par Dickon Hinchliffe, alors violoniste, guitariste et arrangeur, sur « Until the Morning Comes » et « Sweet memory« .
Waiting for the moon est un album ouvert et diversifié dans les compositions sans pour autant faire le grand écart avec le passé du groupe. Nous sommes bien en terre connue, on retrouve les ingrédients chers aux Tindersticks, cordes, choeurs, orgues. Toutefois, le traitement des chansons est différent, moins lécher que sur les précédents albums : l’accent est poussé sur le raffinement.
« Say goodbye to the city » entendu depuis plusieurs années en concert a été couchée sur bande et rappelle par les arrangements bruts des cordes et la trompette qui s’envole un morceau comme « Tie-dye » du premier album. « Just a dog » réaffirme l’attachement à la country que porte les Tindersticks à ce courant musical. « until the morning comes » à des airs de Lee Hazlewood par ses accords de guitare, et ses arrangements de cordes d’une légèreté bouleversante à vous faire frissonner, renforcée par les mots peu rassurant chanté par Dickon Hinchliffe « mes mains autour de ta gorge, si je te tuais tu n’en saurais rien« .
Après Nikkin Sin, Carla Torgerson, Ann Magnuson, et Isabella Rossellini c’est autour de la chanteuse canadienne Lhasa De Sala de prêter sa voix pour un duo enflammé avec Stuart Staples « Sometimes it hurts », en attendant peut être une version française.
L’album se termine par « Running wild », titre à la composition classique mais sous des apparences de chanson déjà entendue se cache la face remuée et instable des Tindersticks, pas encore décidés à se reposer sur les lauriers du succès pour notre plus grand plaisir.
Notons que le ep Don’t even go there regorge comme souvent chez les Tindersticks de faces-b de qualité qui ne dépareilleraient pas avec le reste de l’album, trois inédits enregistrés lors des sessions de Waiting for the moon
-Le site officiel des Tindersticks