La bande à Gruff Rhys remet le couvert avec un septième album (si on inclut la compilation Outspaced) toujours psychédélique à souhait et teinté de références variant de Phil Spector à Mario Bros. Que la force soit avec toi, Gruff.


En guise de récapitulatif et pour faire bref, rappelons seulement que Rings Around The World fut décerné « album de l’année 2001 » par le très influent magazine britannique Mojo. Une distinction qui ne compte pas pour des cacahuètes dans le milieu du rock, si j’ose dire.

Groupe chouchou des médias spécialisés, les cinq Gallois n’ont pas pour autant volé leur succès. Présent depuis 1993, ce quintet ultra-crédible n’en a toujours fait qu’à sa tête : une pléthore de sites Internet officiels (on en compte au moins sept), Mwng un album chanté entièrement en gallois, sans oublier Rings Around the World, avant-dernier album en date, enregistré au format DVD audio 5.5 et disponible également avec un support vidéo crée spécialement pour l’occasion. Non vraiment, ces gars là ne font rien comme tout le monde et voient les choses en grand. Et c’est pour cela qu’on les aime.

Tiré d’un terme technique inspiré des consoles de mixages studio, Phantom Power est de nouveau un pavé quantitatif. Avec ces Gallois, on ne reste jamais sur sa faim : Quatorze chansons mélangeant pop dans le pur esprit british, glam rock à la Ziggy Stardust, musique electro inspirés de consoles Super N ou d’Erik Satie – c’est selon – et compositions orchestrales et barrées digne des Flaming Lips. En ce sens, Phantom Power semble pour la première fois ne pas surprendre par rapport aux livraisons précédentes. La formule présente ici est la même que sur Rings Around the World, soit une collection de chansons aux styles variés et servies un peu à la manière d’une grosse paella.
Ne pas convenir que cet album est moins bon, au contraire, je pense personnellement que Phantom Power est supérieur à son prédécesseur. Pourquoi? Là où le très ambitieux Rings Around The World frôlait parfois l’indigestion par sa durée, ce nouvel effort rectifie le tir, grâce à quelques chansons plus légères et accrocheuses.

La quantité est toujours de mise, mais l’oeuvre est plus cohérente, et surtout plus fluide. Ce qui nous amène à dire que Phantom Power a certainement été un album moins « prise de tête » en terme d’élaboration, que son prédécesseur. Le fait que les Gallois aient délaissé la froideur des studios Hi-Tec londoniens pour enregistrer dans leur repaire originel à Cardiff doit sûrement jouer là-dessus. Il flotte tout au long de cet album le parfum « pop sucré » de Radiator. La présence de Mario Caldato Jr – plus connu pour son travail avec les Beasty Boys et notamment l’album Check Your Head – a certainement contribué à arrondir les angles et offrir un je ne sais quoi de plus « groovy » à l’ensemble.

Ces fanas de Mario Bros, recroquevillé dans leur nouveau studio artisanal, n’ont pas pour autant délaissé les expérimentations sonores. Le son, enregistré encore en Dobly (héhéhé! la grosse blague qui tâche) Surround est toujours aussi énorme… Pour bien comprendre les capacités technologiques requises par ce nouveau procédé, il convient d’écouter le ping pong sonore de « Father Father #2 », une pièce musicale qu’on croirait exhumée du Smile des garçons de la plage, histoire de bien vérifier l’acuité de vos oreilles.

Question single, l’album n’est pas en reste non plus : « Out of Control » et « Gold Retriever » démontrent que les Super Furry Animals ont toujours du mal à se dépêtrer de l’influence du Thin White Duck. En même temps, voici les meilleurs hymnes rocks que Bowie ai écrit depuis au moins Aladdin Sane… Et tout le monde est content finalement. L’album réserve aussi son lot de ballades imparables (« Bleed Forever », « The underfeated ») et convertira, on l’espère cette fois, une plus large audience chez nous. En effet, la France est un des derniers ambassadeurs européens résistant à l’envahisseur Gallois.

In fine, les Super Furry Animals ont rendu une copie sans faute de leurs travaux précédents, perfectionnant avec le temps leur art. Saluons la constance de ce groupe qui ne nous aura jamais déçu en l’espace de dix ans et qui ne semble guère blasé par cette longévité. Un véritable exploit dans le domaine du rock. Et un grand groupe, tout simplement.

– Le site impeccable de Phantom Power

-Pour écouter un morceau, c’est par ici

– Le site portail des Super Furry animals

– Le site Monsterism avec Make a monster, le jeu le plus débile au monde.