The Raveonettes apportent une fraîcheur scandinave au beau milieu d’un panorama rock qui recycle les vieilles formules sans trop d’imagination. Un hymne à la joie des années 60 est un véritable ovni. Back to the Future…


Vous vous rappelez probablement du film Back to the Future… Et plus précisément le moment où Michael J.Fox joue de la guitare à la Eddy Van Halen sur « Johnny B Good » dans les années 50. Et bien nous avons ici ce concept, nuancé quant aux origines, mis à plat sur disque !

Il était une fois un danois, Sune Rose Wagner, nourri aux sons de Buddy Holly et de Sonic Youth, qui partit, tel un Jack Kerouac dans Sur la route, découvrir le pays où l’on peut réaliser ses rêves, celui de l’oncle Sam. Baluchon en main, notre homme fit le tour du continent américain et revint gonflé à bloc dans sa patrie d’origine.
Il engagea dès son retour une blonde danoise (mais ne sont-elles pas toutes blondes) pour former un groupe, Sharin Foo, bassiste nourrie aux sons des Beatles et du Velvet Underground. The Raveonettes, hommage rendu à tous ses groupes féminins des années 60 et des suffragettes, était né. Prêt pour la grande aventure rock n’roll, le duo se paya des futes en latex noir puis détala sur des motos, dans un fracas assourdissant…

Sans jamais renier son admiration pour la beat generation, les paroles de Sune, issues d’un premier jet d’écriture, sont plutôt simples mais ne manquent pas d’humour, à l’image des chansons des années 50, la censure en moins. Les titres sont incisifs : jamais plus de trois minutes et jamais plus de trois accords. Et figurez-vous que la sauce prend. Et il faut avouer qu’elle a du goût. Comme leurs pochettes, véritables hommages aux films de série B de ces années-là.

Rolling Stone et Q Magazine – comme le font souvent les médias anglo-saxons, toujours à la recherche du nouveau grand groupe du moment – ont accueilli le premier EP, Whip it on, avec un enthousiasme qui n’avait d’égal que chez les Strokes ou les White Stripes et collé par-dessus l’étiquette « nouvelle vague ». Les classant aussi, peut-être de façon trop hâtive, dans la catégorie garage rock.

Ceci étant dit, The Raveonettes a fait la première partie de la dernière tournée anglaise de Joe Strummer & The Mescaleros ou de Zwan, le groupe presque mort-né de Billy Corgan. Quand on bénéficie de tels soutiens c’est rarement dû au hasard…

Le premier album du groupe, Chain of Love, guerre plus long (33 minutes) que l’EP mais comportant plus de titres (13 contre 8), montre la palette de sons dans lesquels les Raveonettes sont capables d’évoluer. Enregistré à Copenhague et New York et mixé à Londres, leur univers n’est pas si éloigné de celui de Jesus & Mary Chain, des Cramps, de temps en temps aussi des White Stripes, voire même My Bloody Valentine tant les guitares paraissent distordues.
Il y aussi constamment cette référence récurrente aux choeurs, rythmes et mélodies des années 60, mais réinterprété avec le « matos » actuel. Et aussi, plus important encore, avec l’esprit actuel.

D’autres morceaux, comme « Love can destroy everything », nous font plonger dans ce beau monde cher à David Lynch, période Blue Velvet et Sailor & Lula. Tout ceci pour dire que leur album pourrait tout-à-fait faire office de bande originale d’un film.

Il paraît qu’en concert, accompagnés d’un batteur et d’un second guitariste, ils avaient repris des classiques comme « very day » dans une ambiance proche de celle de Weezer, qui en 1994 avait illustré le clip de « Buddy Holly » dans un décor style Happy Days.

Notons que Richard Gottehrer, producteur de Blondie ou de The Go-Go’s, est venu prêter son nom et son savoir faire à la production du disque. Et Gotthehrer de prévenir en vendant sa soupe : « Ceci (Chain Gang of Love) est un grand disque et ce groupe va devenir énorme ». On veut bien le croire.

– Le site des [Raveonettes->
http://www.theraveonettes.com/index_flash.html]