La joie de vivre des années 60 est ici à l’honneur. Les Beach Boys sont réactualisés, avec autant de clins d’oeil au jazz qu’à la pop mélodieuse francophile. A défault d’innover, ce disque souffle la nostalgie.


Lorsqu’on s’apprête à écouter The High Llamas, on sait au moins que l’on aura ni prise de tête ni ce que tant appellent du « bruit ». Non, nos amis font de la musique très mélodieuse, dans la lignée des Beach Boys (ils ont d’ailleurs participé à Caroline Now! The Songs of Brian Wilson and the Beach Boys en chantant « Anna Lee, the Healer. ») ou, plus près de nous, Stereolab (avec qui ils ont maintes fois collaboré) ou les regrettés Papas Fritas.

La première chronique que j’avais lu sur eux dans un magazine gratuit, il y a de cela au moins cinq ans, parlait d’influence évidente d’Ennio Morricone dans leur musique. Je n’avais pas retrouvé la même sensation, mais ladite chronique avait eu l’avantage de me pousser à connaître le groupe, car lorsqu’on parle du compositeur fétiche de Sergio Leone, on sait que l’on aura droit à de très fortes émotions… Je dirais avec le recul que le résultat chez l’auditeur est proche de celui que procure l’écoute des disques du compositeur italien, mais la forme reste tout de même assez éloignée. N’oublions pas que nous avons affaire ici à un groupe de pop-jazz (s’il fallait absolument les classer quelque part -ô le vilain mot-), alors qu’Ennio rentre dans une toute autre catégorie musicale.

Le groupe a été créé en 1992 par Sean O’Hagan, précédemment chanteur du groupe Microdisney et détenteur d’un disque solo, intitulé High Llamas justement… Marcus Holdaway aux claviers, Jon Fell à la basse et Rob Allum à la batterie complètent la formation. En mettant de côté le best of paru plus tôt cette année, Beer Maize & Corn est leur septième album.

Nous avons avec les High Llamas une composition digne d’un groupe de rock, avec refrain et tout le tralala. Les violons ne sont pas oubliés, loin de là, et un titre comme « The Click and the Fizz » le montre à merveille. Une harpe et une batterie de trombones viennent même souligner encore plus vigoureusement les violons et la voix suave de Sean O’Hagan. Nous ne sommes pas très éloignés de l’univers des disques solo de Jim O’Rourke (Eureka par exemple). Tiens, tiens, deux O’… Que de la qualité donc.

Si vous avez envie que je vous parle d’autres artistes auxquels ce disque me fait penser, et non des moindres, je vous citerai avec plaisir les Tindersticks, dans cette façon toute reposante d’utiliser ce qui semble être des clochettes…

« Leaf and Lime » comporte des vagues de violons et, encore une fois, de trombones qui donnent un côté entre musique d’ascensseur et de supermarché, un peu comme peuvent le faire certaines compositions de brésiliens comme Joao ou Astrud Gilberto, ou encore Chico Buarque de Hollanda. A partir de là, « Alexandra Line » continue sur cette lancée, rappelant les années 60 américaines, à savoir des temps où tout paraissait -encore- possible. Où the american way of life n’était pas -que- de la poudre aux yeux dans un pays comptant près de 40% de la population sous le seuil de pauvreté…

Oui, ce disque respire les temps joyeux de l’ère J.F.K., des sucettes colorées, des comédies musicales, du kitsh et de l’easy listening, de la beauté de Liz Taylor… Oui, depuis, on a déchanté, JFK a été tué et Liz Taylor a vieilli. Etaient-ce des temps plus naïfs pour autant? Peut-être, mais là n’est pas la question. Ce que Sean O’Hagan et sa bande de troubadours magnifient ici, c’est ce temps -révolu- … Nostalgie, quand tu nous tiens!

En autant d’albums, on est juste étonnés que le groupe n’essaie pas de nouvelles explorations. C’est la seule déception ici.