Slumber Party est un des secrets les mieux gardé de Detroit : un girl-group dans la pure tradition sixties qui caresse ses guitares avec une grâce si divine qu’on a peur qu’à chaque coup de médiateur leurs cordes se brisent en mille morceaux comme du cristal.


Malgré sa provenance directe du fief du MC5, Stooges et autres White Stripes, vous aurez compris que les gentes damoiselles de Slumber Party ne font pas vraiment dans le garage rock furibard. Non, ici les guitares se font berceuses, envoûtantes et poussent l’auditeur vers une dream pop où Nancy Sinatra, Françoise Hardy, Maureen Tucker et Nico formeraient le groupe de pop ultime.

Slumber Party possède la même fascination que Broadcast pour la pop-song parfaite fidèle à l’héritage 60’s, sauf que nos quatre dames (mignonnes de plus!) ont soigneusement contourné l’âge des machines et sont restées à la bonne vieille formule rock basique : guitare, basse, batterie. A l’instar du American Graffiti de Georges Lucas, leur musique se contente de recréer la flamme d’une période nostalgique et fantasmée, dénuée de toute noirceur. Une tâche dont elle s’affranchisse avec une élégance assez rare.

En 2001, le quatuor féminin sortait Psychedelicate, second album à la beauté suffocante, mélange de Velvet Underground et de garage pop dans la pure tradition de la compile Nuggets. On n’a pas encore fini de tourner autour de cette poignée de mélodies douces et sucrées dont les points culminants restent « Never again » et « You’ve gone too far », à la beauté hypnotique peu commune.

Sobrement intitulé « 3« , cette nouvelle livraison fait suite à quelques remaniements : la bassiste originelle Marcie Bolen a cédé au démon rock n’ roll et est partie rejoindre les enragés Von Blondies, tandis que les autres projets parallèles des deux membres fondateurs Aliccia Berg et Gretchen Gonzales ont accaparé le temps libre restant.

Produit par Dion Fischer, l’un des producteurs permanents du label Kill Rock Star, (responsable entre autres de The Go), Third n’atteint pas l’excellence de son prédécesseur, mais possède toujours quelques pièces de choix. Le son est devenu plus riche, le piano prend même le pas parfois sur les six-cordes (« Why ») mais ne bouleverse pas vraiment la formule : de délicieuses pop songs noyées sur quelques arpèges de Flanger et chantées au creux de l’oreille un soir de belle étoile. Un rêve cotonneux ou la magie du Galaxie 500 n’est jamais très loin.

Les références s’entrecroisent fortement à chaque nouvelle plage. Sur « Electric Boots », le groupe préféré de Dean Wareham rend hommage à cette jeune effrontée de Nancy Sinatra, éternel objet de fantasme pour Lee Hazlewood. Toujours plus près de nous, « New Trouble » se veut psychédélique et emprunte les influences Mods de Gainsbourg à grand coups de « Bam Shebam, wizzzz… ». Plus proche de leurs horizons, « No Sleep Tonite » et « Behave » lorgnent vers du Velvet première monture. Certainement le meilleur ersatz entendu depuis belle lurette.

On sent que nos mod-girls seraient bien incapable de hausser le ton pour exprimer leur « no futur ». Pour exemple, « Air » a beau durcir le son des guitares et élever le tempo, elles ne parviennent jamais vraiment à se fâcher. Et c’est tant mieux, car le but n’est pas là : il se trâme derrière ces vocaux calmes et lancinants un parfum d’éternité qui suffit à nous convaincre que ses chansons sont gageuses d’une jeunesse éternelle. Décidément, les femmes comprennent toujours tout avant nous.

-Le site officiel de Slumber Party

-Le site du label Kill Rock Stars