Signé sur le label de Graham Coxon, Billy Childish revient nous hanter avec l’un de ses innombrables projets, The Buff Medways. Toujours aussi saillant, 1914 nous assène de titres garage rock et remet les pendules à l’heure. Hey hey my my rock’n’roll will never die.


Oubliez tout ce qui a été écrit depuis des décennies. Les encyclopédies et tous les manuscrits rapportant les premiers balbutiements du rock sont faux. A en croire cet opus qui nous arrive comme une bombe pour nous exploser entre les mains, le rock date du tout début du XXème siècle et plus précisement de 1914.

Alors que la guerre éclatait tout juste et que le moral des soldats n’était pas encore atteint par les ravages des années interminables au front, dans un coin de l’Angleterre une poignée de jeunes rebelles s’adonnaient à un exercice musical, faire le plus de bruit avec tout ce qui leur passait sous la main. La rage, la révolte contre l’establishment, l’intensité et le désir de créer furent avec quelques années d’avance la poudrière qui alluma l’incendie punk.

Malheureusement après vérification au carbone 14, 1914 n’est pas à l’origine du garage rock ou du punk mais bien de la première guerre mondiale en pleine époque victorienne. Un titre qui prend tout son sens sur le nouvel album des Buff Medways.

Dans la musique de Billy Childish, passé présent futur se télescopent pour ne former qu’un ensemble. Les guitares ont le goût du fer, la batterie a le poids d’un canon, la basse retourne la terre comme un obus, la voix a des fils barbelés entre les dents. La musique que le trio joue est intemporelle et se doit de résister à toutes les époques, surtout les plus conventionnelles.

Les compositions de The Buff Medways sont batties comme lorsqu’on construit un plan de guerre, avec la froideur de faire mal, de laisser des traces mais aussi avec la chaleur de réconforter ses troupes. Des titres comme « Unable to see the good », « Nurse Julie » ou « Barbara wire » ravagent tout sur leur passage, font froid dans le dos tout en réchauffant le coeur. Car il est bon d’entendre à l’heure actuelle un garage rock qui ne sent pas la naphtaline, le plat réchauffé.

Billy Childish et sa bande ne sont pas pour autant des donneurs de leçons même s’ils pourraient se targuer d’être les pionniers de l’ère punk. Humbles comme tout artisan respectueux de son art, ils préfèrent faire parler leur musique comme la poudre lorsqu’on évoque cette nouvelle vague de suiveurs post punk, les claques pourraient voler.

A l’image de ses peintures, reflet d’un art brut, l’écriture de Childish est sans retenue, sauvageonne, violente, teinté de tristesse, de pessimisme mais remplie de style. Un style qui certes n’a pas évolué depuis le tout premier album mais qu’importe lorsque la vérité, l’émotion sont présentes. Ici, il n’y a pas de poses, et encore moins de calcul sur retour financier dans les dix ans à venir.

Alors que depuis deux ans, un regain d’intérêt surfe sur la vague rock’n’roll faut-il y voir un plan de stratégie commerciale ou simplement l’envie de partager un attachement au rock pur et dur? Peut être sommes-nous méfiants de nature, mais entre l’entrepreneur Jack White qui ne jure que par Billy Childish et la signature des Buff Medways chez Transcopic, label de Graham Coxon, on ressent plus un rachat de crédibilité qu’une vraie admiration complice comme celle de Fugazi ou Mudhoney.

Intraitable, on préfèrera toujours l’original aux pâles copies surtout lorsque la foi des débuts reste intacte.

Ce qui est bien dans le rock’n’roll, c’est qu’il y aura toujours des chanteurs de la trampe de Billy Childish pour nous faire croire qu’on a toujours 15 ans « je suis amoureux et je veux que tu me dises que tu m’aimes » chante t-il sur « Just 15 ». Le plus fou c’est que ça marche!

-Le site de The Buff Medways