« Mieux vaut tard que jamais » pourrait être leur adage. En effet, c’est après 5 albums passés inapperçus chez nous que les suédois de Fireside ont décidé de mettre les bouchées doubles pour tenter de séduire le continent européen.


Fireside est un quatuor suédois qui n’en est pas à son premier opus mais déjà à son sixième. Appréciés et reconnus dans leurs contrées froides, ils ont ici réuni tous les atouts afin de connaître ce sort dans toute l’Europe. A l’origine groupe de hardcore, les quatre lascars ont exploité pas mal de pistes -surtout vers Sonic Youth– avant de se trouver véritablement sur le cinquième album, Elite, à défaut d’y trouver le public. Le succès plus que modeste de cet album ambitieux ne les a pas découragés pour autant, et ils reviennent donc avec Get Shot, qui explore le garage rock tout en ne s’y fondant pas dans la masse des productions actuelles, et ce grâce notamment à un son très psychédélique assez proche des Black Rabel Motorcycle Club dont ils ont d’ailleurs couvert les premières parties en tournée, et qui va chercher son inspiration chez Spiritualized.

C’est fou ce qu’un producteur et des mixeurs peuvent colorer un groupe. En effet, Fireside a fait appel ici à deux mastodontes du mix : Michael Ilbert (Wannadies, The Cardigans) et à Guy Massey (Spiritualized, Manic Street Preachers). Ces derniers ont enrichi vigoureusement le son, apportant du coup à l’écoute répétée de chaque titre de nouvelles subtilités.

Des titres incisifs comme « Throw it away » ou celui qui ouvre les hostilités, « All you had » pourraient tout à fait émaner de BRMC. Oui, je sais, c’est déjà la troisième fois que je les cite, mais tout ce que je peux vous dire en faveur de ma défense c’est que ce n’est nullement un hasard. Le son semble brut, ne dévoilant de sons cachés qu’à l’écoute prolongée et attentive. Oui, il faut passer par au moins deux/trois écoutes avant d’apprécier à sa juste valeur ce disque, et c’est là qu’intervient la référence de Spiritualized, dont le son est tellement touffu que l’on se dit qu’une bonne soeur qui devrait y chercher un quelconque blasphème se trouverait comme la couturière devant chercher une aiguille dans une meule de foin. (mais qui peut lui en vouloir à ce point pour la cacher ainsi ?). Bon j’arrête ici les effets secondaires liés au fait de citer Spiritualized. C’est grave docteur ?

« Follow Follow » et sa ligne de basse qui réchauffe finit dans une orgie instrumentale qui n’a rien à envier à… à qui ? C’est qui, hein, c’est qui ? Spiritualized bien sûr ! C’est grave docteur ?

Une ballade, « I’m coming home » vient de manière plus qu’opinée nous rappeler que Fireside ce sont aussi de tendres musiciens, autant dans le geste que dans la parole. C’est plein de motion comme diraient les Inconnus. Sur une guitare électrique qui semble unplugged, Kristofer Alström s’y livre à fleur de peau.

« Problem (to you) » et « Swinging Sid’s Chain around » viennent nous rappeler au bon souvenir que certains, dont Fireside, ont été bienheureusement biberonnés aux sons de Sonic Youth. Les mélodies qui se dégagent d’un brouhaha qui semble totalement improvisé sont délicieuses. Cependant, le chant et l’esprit sont bien plus pop, et s’apparentent plus à Idlewild.

Cet album, qui me laissait froid lors des premières écoutes, prend de plus en plus de place pour finalement se révéler dans son entièreté. On sent que l’on a pas affaire à un petit groupe de gamins boutonneux qui se cherchent. Pour arriver à un son aussi étalé, il faut un groupe soudé, qui a de la bouteille.

On parle beaucoup ici et là des The Hives quand on évoque Fireside. Des propos un peu réducteurs, sous prétexte qu’ils sont tous deux suédois, mais aussi insultant car je trouve The Hives sans intérêt. Voilà c’est dit, point final.

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