Avec au bout du fil : Pokett, Dorian Pimpernel, Pollyanna et Lucid Ann. Le téléphone pleure, mais ce sont des larmes de joie.


crumble-def.jpg Remarqué en première partie de Death Cab For Cutie au Glaza’rt voici quelques mois, la musique « e-folk » de Stéphane Garry, aka Pokett laissait échapper ce genre d’impression qu’on allait forcément de nouveau en entendre parler. D’ailleurs, on l’avait croisé auparavant sur scène aux côté des Domotic ou Davide Balula, les mécanos électro tout-terrain d’Active Suspension.

Résultat, ce Crumble, se révèle un vrai délice. Pourtant, le jeune homme n’a pas choisi l’une des voies les plus aisés, un folk mélodique et bucolique dans la lignée des Red House Painters, où peu de français osent s’y aventurer (à vrai dire même, personne de mémoire).
Mais Pokett possède de bien beaux atouts, d’abord des compositions brillantes et mélancoliques à souhait, une voix douce qui dans la langue de Shakespeare sait puiser au fond du coeur, et puis surtout des camarades de jeu de rêve : des membres de Domotic, KingQ4 ou Paloma pour qui le monsieur a travaillé en tant qu’ingénieur du son et viennent apporter leur triturages électro/post rock, redonnent un coup de fouet à ces bonnes vielles progressions d’accord. La variété des palettes instrumentales (guitares acoustiques, électriques, piano, orgue hammond, glockenspiel) et un sens des arrangements qui peuvent parfois se rapprocher de Sparklehorse, prouvent que ce musicien refuse le surplace et cherche inlassablement à développer des textures surprenantes autour de ses arpèges de brocante.
10 chansons sans fautes de goût, produites admirablement, qui prouvent qu’en France le complexe d’infériorité artistique n’est qu’une question de responsabilité. Sublime, et prometteur.

Pokett, Crumble (Intercontinental/Scientific laboratories)
-Le site officiel de Pokett

logo_franck.jpgDes fois il suffit d’un rien. Une pochette « psyché » posée sur le comptoir des sympathiqes disquaire de Ground Zero, rappelant vaguement une machine bizarroide telle qu’on les trouvait sur les disques des Yarbirds et autres Pink Floyd barré(tt). A vrai dire on ne sait rien de Dorian Pimpernel, mais on s’en tamponne, car le mystère qui plane autour de ces Demo Tapes apporte un charme suranné fort sympathique.
Sur ces quatre titres confectionné par le duo parisien Jérémie et Johan, tout sonne vintage : une basse rondelette comme on en avait plus entendu depuis près de 35 ans, des synthés déglingués piochés dans l’esprit Mods 60’s. On tombe tout de suite sous le charme d’“Ovlar E.”, mini-pop song céleste d’un raffinement et d’une sophistication digne d’un Dorian Gray.
On pense aux Beach Boys forcément, mais aux Zombies et autres monstres pop de l’époque, le tout compressé dans une petite boite à musique. Rajoutez-y des choeurs sucrés et innocents comme on en fait plus et pour varier les plaisirs, un banjo timide plongé en plein milieu de ses élucubrations psychédéliques (“Octave Heliophone”). Rarement, on aura entendu un tel souci du détail sur une production de ce genre. On a juste envie de dire à Dorian de ne rien toucher, c’est très bien comme ça, le temps fera le reste…

Dorian Pimpernel – Demo Tapes

Contact : [email protected]
tel : Johan : 06 10 63 24 80

Ce disque est disponible chez le disquaire parisien Ground Zero : au 12 rue de Crussol dans le 11ème arrondissement parisien (métro Oberkampf ou Filles du calvaire).

whatever.jpg Pollyanna est un duo amoureux des ambiances boisées et autres arpèges bucoliques si chers aux folksingers 70’s. Après quelques dates avec Dominique A et les Valentins, plus une composition offerte à Françoiz Breut, Isabelle Casier (voix, guitare) et David Lopez (guitare) sortent ici un premier album plus que convaincant. Notre duo fait dans l’économie de moyens, fonctionnant sur le binôme guitare folk et voix. Justement, le jolie brin de voix d’Isabelle séduit, rappelant une Joan Baez plus déprimée (ou lourdée par Dylan, c’est selon).

Au départ, un violoncelle (“You Hold The World”) ou un banjo (qui a décidément le vent en poupe ces temps-ci !) arrondissent les angles, mais c’est le seul caprice que Pollyanna s’autorise. Quelques refrains (“Frankenstein”) prouvent que Pollyanna ne se cantonne pas non plus dans l’auto apitoiement somnifère. On pense parfois à Low version unplugged, ou une Lisa Germano plus roots. Et puis il y a un titre rèche (“untitled”) où une guitare électrique laisse quelques séquelles dignes d’une Polly Jean Harvey balbutiante. Au final, on passe un agréable moment -plus varié que ne le laissait supposer le début du disque – en compagnie de ce duo touchant.

Pollyanna, Whatever they say I’m a princess (Eglantine Records)

-Le site de Pollyanna

lucid_ann_150.jpg On rallume les amplis avec Lucid Ann, délaissant un temps les cordes nylon harmonieuses de Pollyanna pour d’autres en acier trempé. Originaire d’Angers, le 5 titres vigoureux de ce jeune combo formé en 2003 laissera quelques acouphènes aux amateurs de noisy rock en provenance de Chicago/Big Apple (Fugazi/Sonic Youth). Une voix assez proche de Guy Piccioto et des grattes furibardes mais qui savent doser intelligemment entre bourrasque sonique et accalmie sur la brèche. ça pétarade fort avec quelques brûlots imparables comme « Sulfur », aux accents à la Placebo (moins paillette tout de même), sans non plus négliger un sens du groove redoutable (DPM3). Ce n’est pas qu’on est snob à la pinkushion team mais la qualité sonore ici est telle et au-delà de ce qu’on reçoit habituellement, qu’il faut le mentionner fort à titre d’exemple. Si on lui en laissait les moyens, Lucid Ann pourrait faire de très grandes choses. De l’énergie à revendre, du bon sens, et un charisme certain, voilà une bien belle machine. Lucid Ann est proche du but.

Lucid Ann, Lost in Luna Park

-Site de Lucid Ann

contact : [email protected]

tel : 06 13 50 31