Les Kings of Leon réussissent le test du deuxième album tout en ne se contentant pas d’une redite du premier. Peut-être la transition vers un style propre.
Presque un an jour pour jour après Youth & Young Manhood, les trois frères et leur cousin qui composent Kings of Leon sont de retour pour le toujours attendu et difficile deuxième album. En effet, Caleb (guitare), Nathan (batterie), et Jared Followill (basse) – qui s’entraînaient à chanter avec maman au gré des messes données par papa prédicateur pentecôtiste – ont creusé encore du côté du rock depuis. Une fois oubliées les comparaisons (comparaison n’est pas raison) d’avec les Strokes, dont on disait qu’ils répondaient au garage-rock citadin par du garage-rock campagnard, donc boogie-blues-funky, on est bien obligé de reconnaître que les influences ecclésiastiques avouées des lascars n’ont jamais été aussi criantes : Al Green et Aretha Franklin paraissent ici en filigrane indirect, alors que Led Zep et les White Stripes semblent avoir été relégués au passé, bein digérés, pas disparus pour autant.
La juxtaposition des deux pochettes montre d’ailleurs le chemin parcouru et les ambitions affichées : autant le premier album pouvait se considérer comme une sorte de tribute à Grandfunk et Creedance Clearwater Revival, autant ici on privilégie la finesse.
Vous l’aurez compris, cet album est plus soigné, plus mélodieux, voire même plus osé. On a moins droit à ces titres dynamiques qui lorgnaient du côté du hard-boogie, mais on glisse par contre clairement vers la soul et le Rythm & Blues, un peu comme si le groupe avait voulu explorer toutes ses racines afin de consolider ses bases. Avant peut-être un troisième opus qui révélerait à tous un style propre, débarrassé des influences? Espérons-le. Tout abonde dans ce sens en tout cas.
Pourtant, comme pour désarçonner tout le monde, le premier titre, « Slow Night, So Long » semble tout droit sorti de la session d’enregistrement de l’album précédent (c’est d’ailleurs peut-être le cas). « King of the rodeo » démarre très lentement puis nous prend à contre-pied avec un riff de guitare incisif et une basse lancinante. Les titres – très courts – se succèdent et on ne peut s’empêcher de taper du pied. Le côté un petit peu hard du premier album semble avoir foutu le camp, on privilégie ici – un peu comme toute la mouvance Anglaise des Franz Ferdinand, The Zutons etDogs die in hot cars – la danse et la fête. On bouge, tout en reconnaissant un talent pour la mélodie évident. Le petit côté country est lui toujours aussi présent, surtout si on gratte un peu. Le fonds de commerce et l’arrière-boutique demeurent saufs donc.
Il faut mettre les projecteurs sur deux titres qui mettent en valeur le côté osé évoqué plus haut. Ils se démarquent du reste par un style qui pourrait bien leur devenir propre. Il s’agit de « Pistol of fire » et de « Old day blues ». Caleb, le chanteur, montre ses prouesses vocales, n’hésitant pas à tomber dans le style pecno et tyrolien : l’orchestre répond aux chants paysans du chef de village. Le pire c’est que ça ne choque pas du tout. Et que l’on se dit que le test du deuxième album est réussi. Félicitations!
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