Toujours en forme, les Irlandais laissent sur le bas côté la naïveté qui les caractérisait jusqu’alors. Un album très riche et mature.
Au prime abord, on est surpris par la dernière galette des The Thrills. Ou plutôt par son premier titre, “Tell me something I don’t know” et son riff de guitare incisif, une belle ouverture en la matière, mais où l’on se demande également s’ils n’ont pas viré de bord en devenant un énième groupe en « The » (ce qu’ils sont littéralement parlant mais pas dans l’esprit – vous suivez?). En fait, on croirait que le groupe s’est équipé d’un turbo et d’une panoplie de fioritures. Mais les titres suivants viennent tous rappeler que ce combo Irlandais est avant tout un bon groupe à chansons pop tamponnées sixties américaines. Comme nombre de groupes Irlandais d’ailleurs, à commencer par U2, ils sont toujours autant obsédés par l’american dream, en nous épargnant toutefois cette fois-ci banjo et harmonica à outrance, comme sur la précédente fournée.
Habitués des mélodies bien senties, The Thrills continuent ici sur la même lancée que sur leur premier opus, justifiant leur place et leur talent. La voix de Conor Deasy est toujours aussi irrésistible, même si elle est sujette à critique lorsqu’il s’agit de faire la même chose en live car on sent la fragilité de celle-ci… Les titres sont joyeux, on va jusqu’à penser parfois à l‘Electric Light Orchestra et ses phénoménales nappes violonesques. La comparaison s’arrête cependant là, puisque The Thrills semble privilégier le méticuleux et la finesse. La production, menée de main de maître par Dave Sardy (Marilyn Manson) est nickel, malgré ce que l’on pouvait craindre en la matière, les deux noms faisant a priori tâche… Il y a juste ce qu’il faut là où il le faut. Les arrangements classiques sont très bien amenés, sans que cela influe sur ce que chacun des cinq musiciens apporte individuellement à l’édifice. On se met même à rêver qu’on a peut-être là les Shins Irlandais. Les choeurs et les refrains sont, comme chez les Américains, dans la lignée de la power pop qui, on dirait, revient à la rescousse.
La grande place qui est faite au piano y est pour beaucoup aussi dans l’appréciation du disque, où l’instrument se marie parfaitement à la voix sensible de Conor. Tout ça est très riche – trop riche? -, et c’est ce qui pourrait peut-être en décourager plus d’un. En effet, c’est le genre d’album qui se révèle avec le temps.
Enfin, le dernier titre, “The Irish keep gate-crashing” est le summum du style maison The Thrills. D’une durée de 10 minutes, hidden tracks obligent, tout y est en trois titres, ou plutôt trois versions du même : le premier dans le style Thrills, le deuxième style ballade à la Pixies (dont ils font les premières parties aux Etats-Unis) et enfin le troisième en musique de chambre. On ne comprend juste pas très bien où est l’intérêt de cacher les deux meilleurs titres de cet album serein et agréable… Quels en sont les titres? On est un peu frustrés sur ce coup-là…
Le site des The Thrills