Castanets, c’est avant tout le projet du baroudeur Raymond Raposa. Un album hanté, qu’on ne peut que vous recommander chaudement pour de longues soirées d’hiver.


En musique, s’il y a quelque chose qui marche, c’est bien d’attacher de l’importance à son environnement. Et on peut dire que Raymond Raposa l’a bien compris, lui qui, étant jeune, a passé quatre années sur les routes américaines. Après s’être basé à San Fransisco, le baroudeur a synthétisé ses quatre années d’experience sous forme musicale. Pour cela, l’homme a su très bien s’entourer : des membres de Pinback, Tristeza, ou encore Rocket From The Crypt sont venus lui filer un coup de main.

Pour un coup d’essai, c’est un sacré joli coup. Si les premières écoutes s’avèrent assez déconcertantes, on est au moins frappé par la qualité de la production, et l’ambiance qui s’intalle dès le morceau d’ouverture. Ici, le Far West n’est réellement pas loin. Tantôt langoureux, tantôt rageur, Raymond Raposa nous livre trente cinq minutes de psyché-country, si l’on cherche à coller une étiquette sur cet opus. L’ensemble reste très sombre et mélancolique, preuve quasi-certaine que le voyage de notre ami n’a pas du être rose tous les jours.

S’il fallait citer une influence probable, le Velvet Underground s’imposerait assez logiquement. C’est assez flagrant sur le morceau “You are the blood”, ou la production rappelle fortement un certain “Venus in furs”. “No light to be found” est un morceau qui peut vous faire pleurer, si vous êtes dans une mauvaise passe, il est d’une beauté assez rare de nos jours. On sent que le bonhomme y a mis tout son coeur. Ces quelques notes de guitare sèche, et cette voix planante, qui semble venir de toute part, c’est la grande classe.

Si vous avez vu le film « Dead Man », vous vous direz surement que si ce bon vieux Neil Young n’avait pas été là pour réaliser la BO, cet album aurait tout à fait pu convenir. On imagine facilement, en l’écoutant, les paysages lunaires du colorado, s’étendant à l’infini, sans une âme qui vive à perte de vue. La qualité des mélodies est impeccable, on sent l’album qui a mijoté un bon moment. “Three Days, Four Nights” rappelle d’ailleurs fortement les ficèles du « Loner » : harmonica, pedale steel, guitare sèche, encore un morceau qui fait mouche.

Mais vous l’avez sûrement compris, il n’y a pas grand-chose à jeter dans ce Cathedral, très cohérent dans son ensemble, alternant au grè des morceaux des humeurs différentes. D’ailleurs, Raymond Raposa ne se cantonne pas seulement à la musique, puisqu’il travaille actuellement à la rédaction d’une nouvelle sur son voyage en bus. Ce qui reste de faire un beau complément à cet album.

Alors, si vous êtes encore réticents, que vous craignez une première écoute qui se solde par un échec, forcez vous un peu, et écoutez Cathedral en boucle, imprégnez vous en. Durant les longues soirées d’hiver qui arrivent, il n’y a pas meilleur compagnon !

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