Le look des Bananarama, la pêche d’un Django Edwards et les mélodies des Buzzcocks, le duo explosif Dee Plum et Sue Denim est de retour avec des gadgets songs toujours aussi délurées.
Les disques electro-clash s’écoutent d’un air blasé de préférence, ceinture fluo débordant sur costard strict, une guitare synthé bien en main et en arrière fond un building moderniste du quartier de la Défense… ah oui, on oubliait également la dernière « touch » : lunettes Okley tournées vers l’arc de Triomphe (pour le symbole de l’homme du futur qui regarde derrière lui).
Voilà ce que nous inspire l’electro clash : de l’avant-garde ridiculement rétrograde. Ce revival 80’s apparu il y a trois ans avait des allures de défilé de mode chez JP Gaultier, à savoir un recyclage de ce qu’il y avait de plus ringard par des opportunistes du moment. Et pour tout dire, généralement ces disques – suivis d’une hype surdimensionnée par la presse – sont propagateurs d’un ennui aussi profond qu’une séance télé de l’Académie des 9.
Au milieu de ce marasme de disques éphémères, le premier album du duo electro-choc Dee Plum et Sue Denim s’était pourtant distingué par son énergie ludique et ses mélodies plus rigoureuses que de simples effets de style sans profondeur. Devant une concurrence dérisoire, on peut affirmer sans risque que les Robots in Disguise font partie des trois meilleurs groupes du genre (les deux restants étant encore des filles, Peaches et le Tigre).
Adeptes du « Do it Yourself », leur sympathique premier album mêlait adroitement sonorités d’ordi-mini, mélodies délicieuses clouées sur des beat à ressort et une attitude estampillée 77’s revigorante. D’ailleurs, la petite histoire veut que nos deux punkettes de Liverpool se soient rencontré lors d’un concert des Buzzcocks. D’où toujours cet équilibre paradoxal entre ringardise assumée et attitude punk. A cela, nous n’oublierons pas de mentionner que leurs prestations scéniques sont l’une des attractions les plus explosives qui nous ait été donné d’assister, de véritables entertainers (chorégraphie pom pom girl, remotivation des troupes à l’aide d’un mégaphone) qui donnerait des leçons à 80 % des groupes de rock dits viriles.
C’était donc avec une certaine curiosité que l’on attendait ce second chapitre, histoire de savoir si le duo allait maintenir le cap, souvent critique pour un groupe jonglant sur le futile. On attendait peut-être une sérieuse remise en question, mais voilà qu’elles nous resserrent le même plat, à peu de choses près. Mais attention, rien de réchauffé ici, car ces filles sont plus rusées et inventives qu’elles ne le laissent entendre : la recette servie ici est toujours artisanale et le goût délicieux. On sent qu’elles ont rajouté quelques épices, histoire de remonter un peu la saveur et améliorer les ingrédients.
Toujours supervisé par Chris Corner (Sneaker Pimps), Get Rid ! secoue l’auditeur dans tout les sens du terme. Mais bizarrement, le tracklisting démarre mollement, malgré la richesse du disque. Cela débute avec “Girl”, combatif dans l’esprit Riot girls, mais trop bordélique pour tenir jusqu’au premier round. “She’s a Color” est une deuxième entrée en la matière un brin pâle.
Heureusement, après ce doublé médiocre, les choses s’améliorent avec le punky « Hot Gossip » et surtout le redoutable “Dj’s Got a Gun”, à la guitare rythmique très « chic » et aux basses rondes martelant un rythme groovy à souhait. “Voodoo”, joue toujours dans le registre synthé rigolot avec un thème fantomatique, qui interprété par la blonde Dee Plume et la brune Sue Denim se transforme en délire « fun ».
Les filles savent aussi s’arrêter de s’amuser pour écrire des mélodies bluffantes, comme ce “Turn it Up” dévastateur, énorme tube potentiel qui suit les traces de hymnes new wave tel que les concoctait Propaganda, le petit grain de folie en plus. Dans le même registre “Mirror Rorrim” est une autre pop song jetable complètement rétrograde mais toujours habilement ficelée. On notera aussi l’agréable reprise du “You Really Got Me” des Kinks, version féministe émancipée. On termine avec « La nuit » chantée en français, toujours porté par un sens du rythme disco qui nous fera tenir jusqu’à l’aurore.
Finalement, il faudrait presque programmer ce disque (très court, neuf titres) à l’envers tant le tracklisting se révèle bien plus convaincant dans ce sens. Ce serait dommage de passer à côté pour si peu.
Le site officiel des Robots in Disguise