Tout bon amateur de reggae qui se respecte a dans sa discothèque Marcus Garvey et Social Living des grands Burning Spear. Une petite marche arrière pour voir comment ils en sont arrivés là lui fera du bien.


L’histoire du reggae compte de grands noms. Burning Spear en fait bien sûr partie. Même si c’est leurs albums les plus engagés politiquement qui sont aussi leurs chefs-d’oeuvre reconnus par tous, il faut reconnaître que la pléthore d’albums sortis pendant les trente années de leur existence force respect et admiration.

Hébergés, sur sonseil de Bob Marley, à leurs débuts (de 1969 à 1974) par le fameux et mythique label Studio One créé par Clement ‘Coxsone’ Dodd en 1963, Winston Rodney et sa bande (Leroy Wallace à la batterie, Leroy Sibbes à la basse, Jackie Mittoo aux orgues) offraient un reggae roots de très bonne facture, même si, avouons-le, il faut du temps et de la patience pour s’en rendre compte. C’est un peu comme les tout premiers Bob Marley, dont l’intérêt n’est souvent ‘que’ historique, plutôt réservé aux mordus et autres collectionneurs à la recherche de toute trace documentée de leurs faits et gestes. Alors pendant que d’autres maisons de disques s’adonnent pour le plus grand plaisir de tous aux Deluxe Edition, qui s’évertuent à faire « revivre » les back catalogue, des albums qui ont – déjà – cartonné dans les charts mondiaux, Soul Jazz Records s’est, ces derniers temps, décidé à sortir les disques qui ont fait l’hitoire du reggae.

Vu que ce genre se cherchait au début, allant à droite à gauche picorer dans autant de rateliers que de genres musicaux qui le façonneront plus tard, il n’est pas étonnant que le reggae se découvre avec curiosité et plaisir dans les compilations proposées ici. Celle sur les Burning Spear a le mérite de montrer que le son du groupe était là dès ses prémisces, et qu’ils s’y sont tenus depuis, à quelques détails près. En effet, les cuivres, très présents par la suite, sont ici presque absents. Par contre, la basse et la voix de Winston sont bel et bien là.

De l’hypnotisme black spiritual de « Ethiopians » aux rythmes ‘transcendantaux’ inspirés par la Bible, précurseurs du reggae classique de « Zion Higher », de la joie transmissible et dansante de « Joe Frazier » aux choeurs brisés de « New Civilisation », le groupe est tout bonnement avant-gardiste et incontournable. L’africanisme (celui de Jomo Kenyatta, aka The Burning Spear, leader des Mau Mau et premier président du Kenya) et le rastafarisme (mouvement spirituel jamaïcain) ont trouvé leur porte parole en la personne de Winston, qui a écrit les paroles bien avant d’enregistrer ces titres.

Lors des premières écoutes, on est un peu déçu car les titres se ressemblent, voire tournent en rond, comme s’ils s’auto-contemplaient. Et puis, petit à petit, ces rythmes lancinants, cette invitation à la relaxation totale (sans pétard), prend de plus en plus le dessus sur le reste. On entre alors dans une très belle aventure historique. Et puis c’est le grenre de CD que l’on peut écouter tout en faisant autre chose, sans se prendre la tête.

Le site de Burning Spear