Ceux qui portent bien leur nom continuent de peaufiner à petites doses leur dream-pop grave et bucolique. Plus rock qu’à l’accoutumée, l’aura de ces vétérans reste intacte.


Originaire d’une mouvance, le slow-core, dont la plupart des artistes qui y perdurent maintiennent leur statut dit « culte » (Idaho, Mark Kozelek, Codeine, les frères Kadane, Marc Eitzel…), Low est devenu au fil des ans l’un des groupes les plus respecté dans le circuit indépendant. Et ce ne sont pas leurs pochettes, toujours magnifiques (il faut tout de même le signaler) qui vont ébrécher leur aura. Autre détail significatif, ce trio inoxydable (plus d’une décade d’ancienneté) semble avoir pris avec le temps un peu plus de galon niveau popularité que ses collègues, sa longévité et sa discographie exemplaire étant certainement à mettre en cause là-dedans.

Car depuis 1993, Alan Sparhawk (guitare/chant), sa femme Mimi Parker (percussion/chant) et Zak Sally (basse) continuent de produire des albums mémorables, à la constance qualitative régulière (à peu près un chef-d’oeuvre sur deux parutions, le dernier en date étant Things We Lost In Fire en 2001).

Ces dernières années, cette entreprise quasi familiale a essayé de bousculer sa formule, soit par le biais de producteurs reconnus (Tchad Black) soit en insufflant un parfum pop où une dynamique plus évidente qu’à l’accoutumée. Trust, leur opus précédent commençait à révéler quelques longueurs – quoique toujours honorable -, avec ce sentiment de nous resservir le même excellent plat pour la quinzième fois consécutive. On aurait bien aimé quelques variations, aussi légères soit-elles.

The Great Destroyer, huitième album qui augure leur début discographique chez Sub Pop, était annoncé comme plus rock, et l’est effectivement. Certains fidèles craignaient même dans cette nouvelle orientation limite « burnée » un crime de lèse-majesté. Rassurons-nous d’entrée, il n’en est rien. Produit par l’homme de la démesure, Dave Fridmann (Mercury Rev, Flaming Lips), l’alliance s’annonçait d’un point de vue sonique assez alléchante. Niveau profondeur « spatiale », le son impressionne : le trio semble avoir enregistré seul dans le hangar de l’Airbus A380.

N’utilisant quasiment jamais de notes aiguës (d’où leur nom « Low », bas en français), l’univers si caractéristique du groupe avec ses compositions pop nonchalantes à la réverbe outrancière, sont ici dignement desservies avec des parties de guitares comme d’habitude épurées et magnifiques.

Alternant entre quelques chansons plus dynamiques qu’à l’accoutumée (le très pop et limite single “Just Stand Back”, l’acoustique “Step”) sans pour autant faire des concessions, on y entend même un solo de guitare sur “When I Go Deaf”, très référencé Neil Young période Weld, qui n’entache en rien la beauté du morceau. Mais il faut avouer que ce sont toujours leurs morceaux hypnotiques (“Pissing”, “Silver Rider” ) qui remportent les suffrages. Spécialement lorsque la voix de Mimi Parker se fond avec celle d’Alan Sparhawk, procurant ainsi des harmonies (limite) paroissiales toujours intenses. Ce groupe possède une incroyable capacité à développer des thèmes graves et puissants, entraînant l’auditeur vers un trou sans fin en quelque sorte.

Expérience quasi mystique, les disques de Low nous font plonger très bas, mais on en ressort toujours grandi.

-Le site officiel de Low