La nouvelle sensation dance/rock de ce début d’année est New-Yorkaise et s’appelle LCD Soundsystem. James Murphy, le charismatique patron du label DFA, s’offre une récréation en imposant son style et sa loi sur les dance-floors du monde entier. Big Apple est-elle en train de devenir un nouveau Madchester ?


Avec sa pochette minimaliste à la Public Image Ltd. illustrant une boule à facettes en guise de programme, le premier album très attendu de LCD Soundsystem n’est autre qu’une bombe venimeuse jetée dans les bacs. Il faut dire que le groupe a soigneusement préparé son effet nous abreuvant depuis plusieurs mois de singles imparables (“Give it up”, “Losing my Edge”, “Yeah”) et de prestations scéniques toutes aussi alléchantes. Que les déjà fans se rassurent, cet album récompensera leur attente fébrile.

Fin prêt à en découdre avec la planète rock, LCD Soundsystem a.k.a. James Murphy (qui a composé seul ce disque et laissé Tim Goldsworthy sur le banc de touche) balance la sauce avec une joie potache et un rien de roublardise dans la manière. Résultat, 9 titres minimalistes, frénétiques, détonants, enrobés de basses ronflantes, de beats synthétiques et de poses vocales du meilleur effet. Notre ex-punk converti en DJ techno signe un manifeste sonore imparable, synthèse parfaite de ses deux cultures avec en plus, comme marque de fabrique, ce son sale (crasse) reconnaissable entre mille.

Côtés compositions, Murphy fait montre d’un éclectisme surprenant, bien plus fin qu’il n’y parait. Des titres aussi sautillants que “Tribulations” ou “Daft Punk is playing at my house” remplissent parfaitement leur rôle de tubes potentiels mais jouxtent des morceaux plus inattendus comme le très Beatles “Never as tired as when I’m waking up”, ou encore, un “Great release” sous perfusion Brian Eno. C’est que l’homme est un fin lettré, amoureux du Velvet Underground, de The Fall et des groupes au bassiste mutant tels que Liquid Liquid, The Stranglers, Can, prouvant que sous l’ironie de façade réside un authentique homme de goût, bien trop malin pour se laisser enfermer.

Après deux compilations DFA sorties en 2004 qui exposaient largement l’esthétique du label, des singles et des productions remarquées (l’imposant Echoes des Rapture), Murphy et son compère Tim Goldsworthy ont réussi à imposer un son nouveau, frais, jubilatoire réconciliant les guitares rageuses et l’esprit festif du club. L’album de LCD Soundsystem arrive donc à point nommé pour enfoncer le clou. Ainsi plongée au coeur de la hype, New York s’offre, avec une belle amnésie, des airs de cité mancunéenne laissant Mister Murphy lutter contre son double, le Docteur (Shaun) Ryder.

Avec LCD Soundsytem, James Murphy tient enfin son propre laboratoire expérimental, reflet de lui-même et de ses ambitions, après 2 décennies d’activisme musicale forcené durant lesquelles l’homme s’est forgé un statut de soundman indépendant et avisé. Lancée à pleine puissance sa musique agit comme un ecstasy et l’on se laisse gagner par l’euphorie ambiante renonçant à savoir s’il est un authentique génie musical ou un opportuniste recycleur. Certes, ce disque ne brille pas par son originalité mais par une énergie animale et communicative capable de réconcilier tout le monde sur la piste de danse. Now let’s go dancing.

-Lire également V/A – DFA compilation #2

et Radio 4 – Gotham !

-Le site de DFA records