Une chose est certaine : la décennie 00 restera dans l’histoire du rock comme celle qui aura vu émerger un nombre impressionant de groupes issus de New York, tous aussi talentueux les uns que les autres. Et encore un, un!
Avec tous ces groupes – américains, surtout new-yorkais – en The, qui soit exploitent le rock garage lettré (The Strokes en ligne de mire), soit un punk vieille école revitalisé (The Yeah Yeah Yeah’s) soit le punk-dance new-yorkais (The Rapture), soit un mix des trois (The Faint), on oublie le pourquoi du comment. (Et dire que des groupes comme Snow Patrol (écossais) ont eu à discuter (et à refuser, comme on les comprend) avec leur label l’opportunisme « commercial » qu’il y avait à placer un « the » devant leur nom…)
Ceci étant, les groupes qui s’appellent The kékchose, et dieu sait qu’il y en a encore beaucoup, éveillent chez beaucoup à priori soit une attirance, soit une aversion, mais toujours une curiosité pour voir si la confirmation est au rendez-vous. The Fever débarque donc dans ce méli-mélo qui voit également le revival des années 80, les fameuses années où tout était encore possible (même les coiffures tartignoles et les sapes de crétinoïde goitreux…). Vous l’aurez compris, The Fever fait partie de la catégorie de The Faint (avec qui ils ont d’ailleurs déjà tourné, tout comme The Hives), cherchant dans ses souvenirs eightiesques pour tenter de resservir la chose sans le côté ringard à posteriori (quoique, à voir la photo du groupe je suis pas si sûr).
Le fait qu’ils soient originaires de New York renforce ce sentiment qu’on ne peut pas passer à côté, cette scène foisonnante, fourmillant de groupes qui en valent la peine. C’est à se demander si ce ne sont pas les attentats du WTC qui ont contribué à faire éclore toute cette scène punk qui tente de tirer son épingle du jeu, fut-elle amusante et festoyante. Ils ont démarré d’ailleurs au CBGB, scène mythique de la big Apple s’il en est, et , comme nombre des formations de la ville, se sont d’abord lancés dans quelques singles et EP avant de sortir avec Red Ballroom leur premier album.
Le synthé, la voix amplifiée, tout concourt à penser dans un premier temps à The Cars, dont certains titres semblaient se moquer des us et coutumes de l’époque avec une certaine ironie. Ici, on est cependant un peu plus dans le punk – crade – que ne l’étaient la bande à Rick Ocasek, et, encore une fois, proches des The Faint. En vrac, plusieurs références passent par la tête : Bauhaus, Gang of Four, Devo, The Stranglers. Geremy Jasper y chante comme un damné, ou comme un excité, c’est selon, et pourrait rappeler un Billy Idol (« Dancing with myself oh oh« ). Il est perpétuellement accompagné par une basse tonitruante et des synthés kitch, avec parfois un petit riff de guitare invitant à se trémousser. Le talent est là aussi, et un titre comme « The slow club » est là pour l’attester. On pourrait pousser le bouchon et citer des groupes bien plus farce que ceux précédemment cités, comme The Killers. Voilà pour le paragraphe références. Ouf!
« Artificial Heart » est d’une efficacité imparable et résume le groupe en deux temps trois mouvements, et vaut surtout tous les discours du monde, car ce groupe est avant tout une bonne blague. Les « Scorpio » saccadés et robotiques, issus de la chanson du même nom, sont tellement d’anthologie, sorte de Guerre des étoiles comique, que l’on se pourlèche les babines et on en redemande. Et puis, avec une pochette aussi dégueulasse, on ne pouvait être en présence que de gens de bonne compagnie, pour qui l’humour est un acte de vie (le batteur s’appelle Achilles Tzoulafis…). Un bon CD qui ravira les nostalgiques comme ceux qui ne pensent qu’à s’amuser sans pour autant mettre au pilori la qualité.
Le site de The Fever