A l’affiche : du post-rock qui vire electronica, du jeune songwriting qui vire punk et de vieilles gloires dans le retour avec Chris Brokaw, Hood, Willy Mason, The House of Love.


L’autre jour, on a eu chez Pinkushion une discussion assez enflammée sur le fait de savoir à quoi (à qui) servait un EP… Aux fans, à assouvir les envies créatrices désintéressées, à polir l’égo, à faire un petit détour etc… peu importe la raison finalement de l’objet, ce qui semble important c’est peut-être de moins se focaliser sur le format pour ne s’intéresser qu’à ce qu’il contient, à savoir une oeuvre musicale que certains ont cru bon, utile, de sortir. A commencer par les artistes.

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Chris Brokaw – My condidante + 3 (12 xu records/Konkurrent)

Premier batteur et un peu guitariste de Codeïne (les deux premiers albums), puis sur quatre albums avec Come jusqu’au 2001, cette figure de l’après-rock s’est aussi impliqué dans des collaborations ou des implications à part entière avec notamment Pullman avec des membres de Tortoise. Mais depuis maintenant 3 ans Chris préfère voler de ses propres ailes. Avec quelques EP et deux albums, il tourne énormément, avec Evan Dando par exemple.

L’idée est partie d’un type croisé lors d’un festival qui lui demande de faire des covers de chansons écrites par des femmes pour une compile. Le projet plait tellement à Chris qu’il décide finalement de poursuivre l’exercice afin de sortir un EP. Mis à part « My confidante », les titres ont donc été écrits par la gente féminine (Thalia Zedek, Liz Phair, Holly Anderson & Lisa Burns), et ont cette autre particularité d’être restés lettres mortes. Le ryhme est soutenu sur le bien nommé « 1000 mph ». Sur les autres titres, on flotte dans un brouillard épais, qui happe mais ne sappe pas le moral. Un petit ep qui ne déçoit que par sa courte durée. Mais enfin c’est un ep n’est-ce pas…

Tracklist : 1 My confidante 2 1000 mph 3 In love with yourself 4 Across the blue

Le site -> http://www.chrisbrokaw.com/

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Hood – The Lost You (Domino records)

Avant de dévoiler le reste, la belle et vieille bande de Hood, en activité depuis 1990, nous ont donné à se pourlécher les babines avec un EP dont le titre éponyme laisse augurer ce qu’il y a de mieux pour leur dernier disque en date, Outside Closer. Ces Anglais essaient de se faufiler dans la brèche ouverte par des groupes comme Radiohead, mêlant guitares et electronica pour mieux faire resoirtir l’un comme l’autre. On sent aussi que cLOUDDEAD est passé par là, prolongement logique de leur collaboration sur leur disque précédent.

Bizarre qu’ils soient anglais en fin de compte, car ils excèllent dans ce que les allemands font de mieux. Regardez Lali Puna ou The Notwist. Vous aurez du mal à vous défaire des chants hypnotiques et troublants de « You can’t breathe memories », aux vagues impressionistes de guitare sur de « The rest of us still care »… A croire qu’ils vont chercher leur inspiration dans les arbres et autres végétations qui égraienent leurs pocehttes et surtout leur site . Un très bon EP.

Tracklist : 1 The Lost You You 2 Can’t Breathe Memories 3 The Rest of Us 4 Still Care By Island Lake (excerpt) 5 Over the Land Over the Sea.

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Willy Mason – Hard hand to hold ( Virgin/EMI)

Originaire de Cape Codd, de parents musiciens bohèmes (« Waiter at the station » a été écrit par eux), c’est très tôt que Willy est immergé dans le monde de la musique, et du folk et du blues en particulier. Il découvre plus tard chez Nirvana et Rage against the Machine les métaphores musicales aux interrogations qui le traversent et auxquelles l’école ne semble apporter aucune réponse satisfaisante. C’est aussi RATM qui lui donnera ce petit quelque chose qui fait qu’on sort de l’anonymat pour se faire médium, pour changer le monde, même si c’est l’avis d’une personne, il faut bien commencer quelque part. « It’s not sane », sur les supposées expérimentations étatiques en psychanalyse témoignent de ce goût pour l’engagement averti.

Tentant d’allier l’héritage historique et familier à la rage punk, Willy se produit modestement sur son île. C’est lors d’un passage sur la radio locale qu’un ami de Conor Oberst (Bright Eyes) l’entend par hasard… Conor, sous le charme lui aussi, prend alors la main de Willy et le guide, autant dans les tournées que dans les sorties éthiliques… « Hard hand to hold » est aussi son single censé acrocher les victuailles. Il regroupe quatre titres très intimistes, renouant avec la grande tradition americana, guitare sèche et voix nostaligique aux premières loges. On peut penser à un Evan Dando qui se serait mis à la guitare séche acoustique. Agé de seulement 19 ans, son nom est à retenir.

Tracklist : 1. Live It Up
2. Waiter At The Station
3. Hard Hand To Hold
4. It’s not Sane

Le site -> http://www.willy-mason.com/

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The House of Love – Love You Too Much (Art and Industry/import uk)

Une Pochette sur fond bleu, Guy Chadwick posant le regard lointain, session photo certainement tirée des mythiques premiers singles sortis chez Creation, (mon dieu, c’était déjà il y a 16 ans). Pas de doute, on a bien affaire à la casbah de l’amour version 2005. On pose le disque fébrilement sur la platine, et on se ronge les ongles, les oreilles déployées tel des satellites US dirigés sur la Corée du Nord. La première écoute nous déçoit un peu, « hum, c’est moins bon que “Christine” ». Forcément, bêtement on compare à ce qu’ils ont fait de mieux. Passons les paroles aussi fades que Jeanne Calment, ce single plutôt enjoué a le mérite d’être immédiat : un son brut dans l’esprit du Velvet Underground (influence prédominante de Chadwick) et un refrain enjoué où l’on constate que le vieux Guy n’a pas perdu son grain nonchalant inimitable. Alors oui, c’est moins spectaculaire, l’ambiance qui se dégage est légère, mais faut voir le bon côté des choses : Bickers et Chadwick n’ont pas viré électro, ils ne font pas du rap non plus, ici c’est de la pop à guitare honnête et plutôt bien ficelée.

Et puis avant de repartir faire les courses, on réécoute, histoire de voir si on n’a pas loupé quelque chose… c’est pas si mal finalement. On le passe en boucle et – malédiction – on arrive plus à s’en passer. Ah oui, la face B « Skies Alive », une ré-interpretation acoustique de « Wasted in Song », tiré du magnifique album solo de Chadwick Lazy Soft & Slow, n’est pas mal non plus. Vivement Days Run Away l’album du retour prévu pour la fin du mois (en import), qu’on se fasse encore une belle frayeur.

limited edition 7 inch vinyl single –
Tracklisting :
love you too much b/w skies alive


-Le site d’House of love