Les colombes nous délivrent un troisième album brillant. Entre un Coldplay survitaminé et un Oasis calmé, Doves a trouvé sa voie lactée.


Doves fait partie de ce genre de groupes qui, on le sait, restera in fine dans la discothèque comme un très bon groupe, qui nous aura accompagné un bout de chemin car recelant de pépites secrètes révélées au fil des écoutes. La comparaison avec Coldplay, assez évidente à prime abord et pourtant assez superficielle, on ne sait trop si elle les sert ou dessert en fin de compte. Chez Pinkushion, appréciant à juste titre Coldplay, nous ajouterons que Doves c’est du Coldplay ‘plus’, un peu comme une huile pour moteur plus performante.

Dès « Some cities » et « Black and white town », on est étonné par la grande maîtrise : de la mélodie pop, de la performance rock. On ne fait pas dans les chichis ici, on n’essaie pas de plaire, non, ici, cela semble naturel. Alors quand arrive « Almost forgot myself », l’un des titres les plus classe de ces dernières années, on est non seulement aux anges mais on pense bel et bien avoir en face de soi un groupe phare, même s’il reste, après trois albums (incluant celui-ci) de très bonne facture, encore caché par pas mal de broussailles. Comme beaucoup de ces groupes excellents qui pullulent ici et là, leurs disques demandent plusieurs écoutes, et, élément très important, ne lassent jamais : ce qui, dans le rock, est une performance vu que cette caractéristique est plutôt la panacée .

On ne sait pas trop finalement où classer Doves, coincés qu’ils sont entre les comparaisons avec la bande du mari de Gwyneth Paltrow et les frères Gallagher (section ballades, chantées par Noel). Peu importe, au diable tout ça. C’est bon et puis c’est tout! D’autres ont raflé la mise avant eux, c’est vrai. Et alors? Devrait-on gâcher pour autant son plaisir? Non bien sûr.

Revenons à « Almost forgot yourself », qui résume le groupe on ne peut mieux. Tantôt dans le registre de la ballade, tantôt dans celui d’un punk en cure d’amaigrissement, ce titre étale toutes les facettes du groupe. On peut dire la même chose de l’album d’ailleurs, offrant une belle panoplie doucereuse d’un côté, plus rockeuse de l’autre. La basse est le seul élément, avec le mélodica sur « Walk on fire », de leur imprégnation soul. cette dernière apporte au tout une indiscutable pincée revigorante. « One of these days » brille grâce à son rythme martelé et son chant poignant. « Someday soon » est d’une beauté touchante.

Enregistré avec l’aide de Ben Hillier – connu et reconnu entre autres pour son formidable travail sur Think Tank de Blur – l’album est un succédané de tout ce qui révolte le groupe (la transformation – ô le bel euphémisme, déstructuration serait plus convenable – de leur ville Manchester) mais aussi tout ce qui l’excite (le DJing – soul et la house en primeur). Un mélange donc de bad et good things qui donne un résultat à la hauteur de leurs préoccupations : comme une peinture, on a droit à toutes les nuances, à des couleurs diverses et profondes.

L’album se termine sur une touche plutôt optimiste, à moins que ce soit de la nostalgie. « Ambition », enregistré pour l’occasion dans une église, est d’une beauté fleurant avec la musique classique. Tiens, voilà un mot qui colle bien à cet album : classique.

Le site des Doves