On la croyait définitivement apaisée, Miss Hersh, et voilà qu’elle rebranche le jack pour un disque spectaculaire, où la hargne et la vigueur font bel esprit. Une vague de fraîcheur qui décoiffe.


Début 2004, après cinq années en stand-by et la naissance récente de son quatrième enfant (!!), Kristin Hersh décide de réactiver ses activités musicales. Et quel retour ! La belle muse mène de front pas moins de trois nouveaux projets : reformation des Throwing Muses, une carrière solo intimiste et un tout nouveau groupe coléreux à souhait, 50 Foot Wave, également expérience la plus probante du lot.

Histoire d’évacuer ses pulsions, l’une des plus célèbres figures du label 4AD décide de former un power trio autour du bassiste Bernard Georges (Throwing Muses) et un nouveau batteur, Rob Ahlers. Suite à un premier EP éponyme sorti voilà tout juste un an, le groupe entame une tournée intensive avec plus d’une centaine de dates au compteur. Ceux qui ont eu la chance de les voir sur scène sont formels : 50 Foot Wave renoue avec l’énergie explosive des premiers Throwing Muses.

En premier lieu, le groupe avait instauré de sortir uniquement des EPs à une fréquence régulière de neuf mois d’intervalle – selon eux plus en adéquation avec les nouvelles habitudes de consommation. Visiblement, le trio semble être revenu sur sa position en proposant ce premier disque long format, prévu à l’origine à la fin de l’année 2004. Malheureusement, le groupe a fait l’objet malgré lui de la censure suite à la tragédie du Tsunami (50 Foot Wave signifie « raz-de-marée », sans parler du titre…). Suite à cette guigne monumentale, le disque n’est sorti finalement qu’en mars.

Après avoir retardé sa sortie, une première écoute du contenu de The Golden Wave laisse à penser que le combo veut visiblement rattraper le temps perdu : voilà une course contre la montre spectaculaire et sans concession où il n’y a aucun temps mort. Finies les mélodies sensibles et les choeurs tout mignons, Kristin Hersh est assistée de ses deux paires de gros bras qui martèlent sur un rythme effréné des riffs, limite heavy, tirés au couteau. Le format est très court , la majorité des titres tournent entre deux et trois minutes – et ne laissent pas la place aux effets de style. Mais ce qui frappe, c’est cette hargne constante : on pense parfois à du Nirvana passé à la sauce hardcore (un juste retour de manivelle, les Throwing Muses ayant ouvert la voie en compagnie des Pixies aux grungies de Seattle et autres ersatz).

Ponctués d’accélérations spectaculaires, ces onze titres optent pour de la démagogie à la Bush : Foncer d’abord dans le tas, puis répertorier plus tard les dégâts causés. Ainsi, “Clara Bow” évacue son pesant de stress, propulsé par un refrain qui s’emballe. On frise parfois l’envolée dans le décor, mais cette machine archi-soudée qui n’a pas peur des dérapages contrôlés mène bien sa barque. Lorsque la musique fait mine de souffler comme sur le riff très Jimmy Page de “Petal”, on sent que cela ne va pas durer très longtemps et mue progressivement en une petite bombe punk à retardement prêt à vous sauter entre les mains.

Quant à la Hersh, son registre vocal n’a jamais été aussi impressionnant. A la fois coriace et dominatrice, la tenancière ferait passer Josh Homme (Queens of the Stone Age) pour un jeune homme précieux. Comme quoi, on peut avoir quatre enfants et toujours véhiculer une certaine idée de la folie rock’n’roll. C’est à méditer en tout cas. Et vue le brûlot que nous avons en main, on ne doute pas un seul instant que les gosses de Miss Hersh doivent se tenir à carreau à la maison. Une super nana quoi.

-Le site officiel