Super entrainé, Athlete s’invite mine de rien avec ce deuxième album vers une place de choix sur le podium. Un album qui renferme tout ce que l’on peut attendre d’un grand – futur – groupe.


Et un, encore un groupe qui va être comparé à Coldplay. C’est bien dommageable car du coup d’aucuns les prennent pour des suiveurs, des copieurs ou clones des premiers. Tout comme Doves pourtant, ce groupe n’a pas attendu Coldplay pour exister. Non, le premier album du quatuor, Vehicles and Animals, a déjà connu un certain succès, autant critique que commercial, et ces jeunes couteaux arrivent aujourd’hui après une tournée étirée en longueur avec un album très abouti, résultant d’une ambition toujours plus grande, avec une certaine idée – artistique – de ce que doit être un groupe de rock : foisonnement de talents d’écriture et de composition, bouillon de culture d’expérimentation, voire atelier, pour ces divers membres.

« Chances » et son intro au piano fixe un peu le leitmotiv de ce nouveau virage : des ballades poignantes, mais, bizarrement, à première vue insipides, qui demandent la même patience à l’auditeur qu’elle a demandé de temps au groupe pour accoucher de cet album (à savoir presque un an). Les orchestrations sont denses, « orchestrales » pourrait-on ajouter, et l’on découvre, écoute après écoute, le grand sens de la perfection qui a guidé le groupe : appel à un orchestre pour des nappes impressionnistes coulées sur la chape – de grande qualité – fondatrice, des choeurs frisant le gospel pour saupoudrer le tout (« If I found out »), et, enfin, bruitages sonores crasseux de la part de Tim Wanstall, le claviériste de la formation. La chape fondatrice, parlons-en : du piano magistral (ce qui fait évidemment penser à Coldplay), une batterie très inspirée, des guitares aériennes ou rythmiques, des nappes de synthé atmosphérique, plein de ces trucs qui à la production font la différence. Victor Van Vugt, le producteur, les a poussé à tirer le meilleur d’eux-mêmes, et ça se sent. Mais il faut ajouter un point important : l’ossature est déjà excellente. Pour preuve, ces différentes compositions sont souvent reprises par le groupe en acoustique, et divulguent une certaine aisance dans la mélodie et l’émotion. Même si, répétons-le, la patience est bonne conseillère ici, permettant de découvrir toujours et encore d’autres tiroirs renfermant des sonorités cachées par une production soignée.

Alors, vu qu’ils se sont donnés le temps, ils ont aussi décidé de prendre le temps de découvrir les albums préférés de chacun, avant tout chose, pour voir à quoi pourrait ressembler leur nouvelle galette. Mezzanine de Massive Attack, Sea Change de Beck et The Soft Bulletin des Flaming Lips ont récolté les voix de tout un chacun. A partir de là, les choses sont claires : expérimentation et orchestrations léchées devront définir le nouvel album. Et c’est chose amplement réussie.

Côté paroles, le fond rejoint la forme : c’est la mélancolie qui prime ici. Le single « Wires » par exemple parle de la difficile expérience du chanteur, Joel Pott, dont le bébé était aux soins intensifs… L’amour tient en tout cas une place prépondérante sur cet album.

On a donc droit à un disque qui se divise en deux : d’un côté, des ballades, de l’autre, des titres plus épiques, comme « Modern Mafia », qui se caractérisent par des refrains fédérateurs. Chose assez atypique, et qui révèle la grande complicité et le labeur qu’a demandé cet album : la très grande continuité dans les titres : tout se tient en fait, rien ne dépasse. Pour un deuxième album : c’est une réussite. Il faudra compter avec eux à l’avenir, ça c’est clair.

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