Entrainé par la séduisante Emily Haines, Metric sait torcher quelques friandises pop new wave de premier plan, y glissant une part d’obscurité sournoise. Additif.


Déjà dans les bacs import depuis près de deux ans, Metric doit son récent salut en France à une brève apparition dans le film Clean d’Olivier Assayas. La troublante chanteuse Emily Haines y fait un passage remarqué en cassant du sucre à Maggie Chung, héroïne junky du film. Mais ce qu’on retient surtout de ce groupe de Toronto, c’est cette prestation scénique, carrément enflammée sur l’infernal “Dead Disco”, devenu depuis leur tube radio. Outre une progression d’accord repiquée sans vergogne à “A Forest” de The Cure, on doit reconnaître que le titre possède un gimmick vocal efficace, ou bien serait-ce la présence embobelineuse de la blonde qui ferait le reste ? Car Metric s’appuie sur une forte présence féminine, un peu à la manière d’une Debbie Harry, un zest aguicheur, mais toujours un peu en retrait pour ne pas laisser s’estomper le charme.

Formé en 1997 de la rencontre entre Emily Haines (chanteuse et synthé) et James Shaw (guitariste) dans le cadre du collectif musical Broken Social Scene, Metric est le quatuor de pop indé par excellence. Des refrains additifs et immédiats, assombris néanmoins par une attirance pour quelques ambiances crasseuses qui légitiment au groupe le droit de ne pas être catalogué «policé». Et mine de rien, cet album guère révolutionnaire à première vue recèle quelques vaillants moments.

«Old World Underground, Where are You Now?” chante Emily Haines en guise d’ouverture sur “IOU”, titre flirtant entre baroque new wave et guitares noisy. Les morceaux alternent entre claviers bizarroïdes et refrains bien ficelés où le charisme vocal d’Emily Haines possède un je ne sais quoi indéniable. La blonde intrigue et semble de nature à jouer au plus malin avec vous. On se laisse séduire par ce petit remue-ménage. Mais gare à vous !

La production est parfois un peu trop timide, comparée aux tempos soutenus, limite dance, de certains morceaux. “The List” et “Combat baby” attestent que Metric se refuse à choisir l’option facile, à savoir faire monter d’un cran le potard overdrive de l’ampli et on ne les remerciera jamais assez pour ça. Metric parvient sans effets pyrotechniques à atteindre le but qu’il s’était fixé, une pop simple et hyper efficace, chose que Garbage n’assimilera jamais. Mille fois meilleurs et sans fournir le moindre effort apparent. Preuve de cette brillance, “Hustle Rose”, où le chant désincarné limite robotique de Haines, navigue sur des nappes de synthé glacial, l’ensemble apporte une saveur bancale tout à fait réjouissante. Métric possède un art singulier à glisser un peu d’amertume et dans un format ô combien archi-ressassé. Seul talon d’achille, le disque contient quelques passages à vide patent, tels les faiblards “On A Slow Night” et “Wet Blanket”, d’autant plus remarqués que le format est court (dix titres, 30 minutes) .

Finalement, Metric se contente de briller merveilleusement sur quelques chansons, quelques instants de grâce gravés du sceau d’une pop faussement éphèmere. Le futur nous dira si ce groupe est capable de tenir la distance sur un album digne de ce nom.

Sans avoir l’aura d’un groupe de premier plan (pour le moment), Metric sait manigancer quelques hymnes populaires dont la durée de vie s’affirme plus longue que la plupart des groupes anglais « in » affichés ces derniers mois dans le NME.

Le site officiel de Metric