De nouveau sur le ring, la douce américaine défend cette fois un road movie sentimental narrant l’histoire d’un couple voué irrémédiablement à la destruction. On the road again…


-« Why do you wanna fight? » Adrian

« Cause I can’t sing or dance. » Rocky

Il y a peu de chance pour que la ravissante Aimee Mann se soit inspirée de ces paroles profondes pour son nouvel opus, mais voilà que notre petite protégée s’est mise en tête de prendre des cours de boxe… Si en premier lieu, la nouvelle de cette discipline burnée nous a donné un peu de souci pour ses petits bras (aussi fins que des cotons tiges), on préfère cette reconversion à la Kabbale, très en vogue chez les pop stars blondes en ce moment.

Notre chère Aimee s’est découverte une passion pour cette discipline de mann… par excellence et a décidé d’intituler ce disque The Forgotten Arm, (« Le bras oublié »), un coup fatal dans le jargon de la boxe. Elle s’en est également inspirée pour écrire la trame de ce cinquième album, un Road movie musical en 12 chapitres : L’histoire de John et Caroline traversant la côte est des Etats-Unis en pleine période Nixon, « là où les perdants viennent y laisser de côté leur douleur», dixit la belle.

Second disque sans l’appui du prodigieux Jon Brion, son associé depuis ses débuts en solo, The Forgotten Arm est un disque de transition. Si elle a voulu se détacher de son producteur fétiche, il faut avouer que notre bien « Aimee » (ok, ça va, j’arrête) s’en tire plutôt pas mal jusqu’ici et ses choix artistiques demeurent pertinents. Disque de rupture Lost in Space fut difficile, nécessitant l’appel de plusieurs producteurs. Pour ce nouvel opus, la désormais vétéran n’a pas voulu renouveler la douloureuse expérience passée. Sans avoir l’ambition non plus d’enregistrer ses compositions autour d’un orchestre symphonique, ni de céder à la tentation d’un Rick Rubin, l’ancienne chanteuse de Til’ Tuesday a préféré boucler rapidement les séances studio en faisant appel à l’éclectique Joe Henry, responsable entre autres du premier album de Shivaree, du retour en grâce de Salomon Burke voilà trois ans, mais aussi Break Like The Wind de Spinal Tap. Cette méthode d’urgence semble lui avoir apporté un coup de fouet, à défaut d’un uppercut KO. Ce qui aurait été d’une douce ironie ceci dit…

Si the Forgotten Arm est bel et bien un album concept, le format pop-song qui sied à ravir à Miss Mann depuis son premier album tient toujours lieu de pilier porteur. Il n’est pas nécessaire de prêter écoute aux textes pour apprécier son contenu (Mais bon, c’est tout de même mieux avec). Du fait d’avoir enregistré au piano et en très peu de temps, The Forgotten Arm procure une saveur jusqu’alors inédite dans son répertoire. En renouvelant son habillage sonore avec un vocabulaire 70’s emprunté à The Band et Neil Young – bref toute cette clique rock star americana – Mann est parvenu a donner un peu plus de consistance et du grip à ses compositions, ce qui péchait un peu sur Lost In Space. Quelques solos de guitare inutiles ont fait leur apparition, mais l’esprit pop demeure car les chansons ont été écrites au piano.

Le disque balance donc entre une alliance de la pop britannique d’alors (Elton John, John Lennon, Rod Stewart) et rock redneck cité plus haut. Il est vrai que l’on pense beaucoup à l’esprit des premiers disques de la voix raillée des Faces, lorsque celui-ci truffait ses disques solos de reprises impeccables accompagnées d’un backing band organique. Une saveur « vintage » que l’on goûte dans la power pop de Brendan Benson, son cousin de Detroit.

Emouvant et revigorant, ces morceaux de bravoure sincères et difficiles à parer, nous allongent encore une fois dans un état béat.

-Le site officiel d’Aimee Mann