Le duo briton revient à la simplicité acoustique (jusqu’au coucher de soleil de la pochette) de The Optimist, l’album qui les a fait connaître… Avec une pointe de soul joyeuse.


Olly Knights et Gale Paridjanian se connaissent depuis l’école. Après quelques EP, ils décident de sortir un premier disque en 2001, The Optimist, qui trône depuis dans pas mal de bureaux locaux (dont la France) de leur maison de disque, au rayon disques d’or. Leur deuxième opus, produit par Tony Hoffer (Beck, Air) les propulsera assez vite sur le devant de la scène, puisqu’ils seront cités aux fameux Mercury Prize et assureront la première partie de Coldplay. Ce troisième album, JackInABox, est présenté comme un retour aux sources et à la simplicité. L’anecdote dit que c’est grâce à une démo acceptée, à leur grand étonnement, sans la moindre remarque ni demande de retouche par leur label qui leur aurait donné envie de revenir à la simplicité (sans tomber pour autant dans la facilité). Notre duo en a déduit que c’était l’esprit plus que la technique qui comptait… Ils ont aussi donné raison à ce cher Jean-Claude Dus, et à sa fameuse tirade « sur un malentendu, ça peut toujours marcher » (…). Tout comme pour leur première fournée, un coucher de soleil arbore la pochette, le site et tutti quanti. Ils en deviennent reconnaissables grâce à cela, c’est pour ainsi dire devenu leur marque de fabrique. Même si c’est un peu guimauve, voire tarte, force est d’admettre que l’image est révélatrice de l’ambiance proposée. Ce côté est encore plus prononcé lorsqu’on feuillette le livret : une sorte d’album photos de leurs sessions d’enregistrement et de leurs tournées. Une façon de mettre à l’aise l’auditeur à la manière des souvenirs d’un membre familial… Qui a baillé?

Le propos est clair d’entrée de jeu : «All in all it’s been a blast, but fame and fortune never lasts, we’ll take refuge in the sound». Voilà une paire qui poursuit son petit bonhomme de chemin en pondant de bons petits albums, bien produits, sobres, loin des frasques du bizzness musical. Enregistré à Brixton, dans leur propre studio, une étable transformée à cet effet avec Basement Jaxx squattant l’étage supérieur, leur musique en a tiré ce petit côté bucolique, à côté du poulailler…. « Red Moon », dont les sombres paroles («sometimes just letting go is easier, dead friends can’t come back») semblent en total contraste avec la gaieté contagieuse de la musique (dont des claps dans les mains en guise de rythmique), propulse l’album loin des étagères pour un certain temps. En effet, ce titre à la gaieté contagieuse peut s’écouter jusqu’à plus soif. « Last clown » est pas mal aussi dans le genre. Les ballades (« Forever », « Fishing for a dream ») sont servies par des paroles tout aussi belles («inch by inch i’m infected by your love, head to toe i’m chemically changed»), et soulignent leur côté attachant. La mort hante beaucoup de titres, à l’instar de « Road to Nowhere » : «I’m only nine, I’m already feeling the strain, Seems everyone’s dying or curling up in vain, well it’s just a looser’s game dad»

L’atout de Turin Brakes tient à deux points : une voix à faire chavirer la moindre gazelle (« last clown » en est un bel exemple) et une musique folk joyeuse qui achèvera de séduire belle-maman. Ces atouts peuvent aussi être pour certains des faiblesses : en effet, ce timbre de voix si spécifique peut terriblement déplaire, et est à ranger à côté de celui de Starsailor (qui souffre des mêmes qualités). Musicalement, la prise de risques n’est pas flagrante, ça ronronne toujours dans le même registre, à part le très funky « Asleep with the fireflies ». En même temps, pourquoi changer si celui-ci leur convient ? Cependant, bien que leur musique soit plaisante, il y manque un petit coté rock, un peu de folie, quelque chose qui fasse que l’on considère définitivement Turin Brakes comme un groupe qui compte.

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