Plus serein, nos écossais zephyriens convient veaux, vaches et cochons dans leur enclos pour une musique moins étoilée, mais plus terre à terre. Une belle promenade.


Véritables casaniers des highlands, les Zephyrs semblent vouer une certaine hostilité au monde extérieur. Pas vraiment des marathoniens de tournée (cinq dates l’année dernière, une vingtaine en moyenne par an depuis leur début), nos reclus d’Edinburgh préfèrent cultiver leur identité écossaise et le soutien confraternelle de leurs camarades de jeux (Mogwai, Super Fury Animals, High Lamas, Arab Strap…). Champions par contre du titre à rallonge, les frères Stuart et David Nicol, Marcus MacKay, Eric Lindsay et Charles Clark ne sont pas – vous le concéderez – du style à rentrer dans le moule promo/business. Malgré un talent précieux, ce manque d’ambition se paye en vaquant de labels en labels à chaque disque. Après un passage chez Southpaw et Setanta, ce quatrième album est donc distribué par le label espagnol Acuarela.

Tête pensante du groupe, le guitariste et chanteur Stuart Nicol affirme que ce dernier opus en date est – contrairement à ses prédécesseurs – du 100% « Zephyrs ». Enregistré comme à l’habitude dans un studio d’Edinbourgh, Bright Yellow Flowers on a Dark Double Bed a été composé, produit, enregistré et mixé entièrement par le groupe. Les vieilles habitudes ont été mises de côtés cette fois : fini les intervenants de luxe parsemés sur les crédits des albums (de Sean o’Hagan, Rachel Goswell ou encore Mogwai), tout ici est confectionné maison.

Si l’on pressentait déjà du temps d’A Year To the Day (2003) une orientation vers une mélancolie plus terre à terre, moins portée sur les étoiles, Bright Yellow Flowers… est en effet une production artisanale. Nos écossais ont échangé leur garage confortable contre une grange vétuste (celle sûrement que l’on distingue sur la pochette), mais, surtout, ont adopté leur musique à ce nouvel environnement. De la paille s’échappe désormais de la grosse caisse, une guitare en forme de fourche et un violoniste en bretelle s’occupent de développer une reverbe naturelle en place des effets spéciaux usés auparavant. Le jargon a également mué : les fameuses pédales « shoegazer » s’appellent désormais pedal-steel, et le genre post-rock se prononce botte-rock. Mais nos amis n’ont pas totalement perdu leurs habitudes citadines, et, à l’instar de Mojave 3, penchent pour une country atmosphérique. Un bottleneck amphibie s’adapte à toute les conditions de pistes, que ce soit sur des ballades champêtres (“What Voltage Is the Moon”), des humeurs plus pop (“Never Be The Same”) voire un rock tempéré (“So Called Beau”). Stuart Nicol n’est pas un chanteur de premier plan, mais manipule avec dextérité les situations de spleen. A l’instar d’un Neil Halstead, une présence féminine contre-balance délicatement ses carences vocales.

En rappel, une relecture fermière de “Stargazer” (initialement sorti sur When The Sky Comes Down It Comes Down On Your Head en 2001), leur meilleur morceau à ce jour, l’une des rares épopées lunaires capables de faire de l’ombre au soleil de feu Mazzy Star. Désormais orienté vers des ambiances laid-back, The Zephyrs demeurent des façonneurs de premier plan. Peut-être manque-t-il ici une chanson plus légère qui leur ouvrirait une audience plus large, on les en sait capable. Mais on chipote, puisque le superflu a déjà été épuré. La ferme, donc.

-Lire également notre chronique d’A Year to The Day

Le site officiel du groupe