Encore une leçon à professer à tous les groupes en herbe à la recherche d’un producteur : ne faites pas ça!


Ah The Coral… J’aurais aimé écrire que cet album ne fait que confirmer tout ce que l’on pensait d’eux. Qu’ils ont bien fait de changer de jupons de producteur, en passant de Ian Broudie (trop occupé en solo?) à Geoff Barrow et Adrian Utley (pas assez occupés depuis l’hibernation de Portishead). Que leur côté The Doors mélangé à Madness et on ne sait trop qui encore ne leur donne pas ce côté snob intello que l’on craignait de leur part. Que la joie est contagieuse… On aurait aimé, oui, que cet article soit un hymne à leur immense talent et à leur grande productivité (déjà le quatrième album depuis 2002!). On aurait aimé, oui, mais on ne fait pas toujours ce qu’on veut.

On a plutôt envie de paraphraser Fernand Reynaud, et de leur dire : « Si ce que vous faites ne vous plaît pas, il faut aller à l’usine comme tout le monde ». L’album transpire l’ennui, tout simplement, surtout si on ne dépasse pas le stade de plusieurs écoutes afin de gratter la chose. Tout y semble plat, sans vie, sans vigueur, sans passion, sans rébellion, sans croyance. Pourtant, le fonds de commerce n’a pas changé d’un iota : toujours le même rock psychédélique des années 60, mais aussi le rock anglais des mêmes années (comme les Who sur « So long ago »).

The Coral, (James Skelly à la guitare et au chant, Ian Skelly à la batterie, Nick Power à l’orgue, Bill Ryder-Jones à la guitare et trompette – sur papier car on ne l’entend plus -, Lee Southall à la guitare, Paul Duffy à la basse et au saxo – sur papier car on ne l’entend plus non plus -, John Duffy aux percus), avec leurs deux premiers opus, The Coral et Magic & Medecine, et grâce à la bienveillance du NME, est devenu la figure de proue de toute une vague « vintage » issue de Liverpool, et nous a enfanté des joyeux lurons comme The Zutons. On en attendait peut-être trop du coup, espérant que le très osé Nightfreak and the Sons of Becker allait donner une suite tout aussi délurée. Il faut déchanter : on est revenu aux sources… A la routine serait-on tenté de dire. Est-ce de leur fait ou The Coral on-t-ils été conseillés (déconseillés ou mal-conseillés serait plus approprié…)?

Heureusement, quelques pépites sortent du lot et permettent de nourrir l’espoir, sinon de calmer notre déception : « Arabian sand », une chanson très Dooresque (pas seulement dans le chant – écoutez « A warning to the curious » -, mais aussi dans la musique) qui donne le tournis, fait office ici de titre le plus enthousiaste et – ô le vilain mot – rock. Les paroles valent également le détour : « Can you dance with the lepers in the madman’s house? » (ça vout fait pas penser à la prose de Morrison ça ?) . « Cripples crown », avec ses sonorités à la Ennio Morricone, est peut-être le fait des pontes de Portishead (et encore, j’en doute, mais c’est que je deviens maldisant hein! ). Le single issu de l’album, « In the morning », est, avec les susmentionnés, un des seuls titres qui sortent de cette flopée insipide. Seul « Come home », qui contient encore quelques grains de folie, est digne de l’excellent Nightfreak and the Sons of Becker. Rah!

En résumé : malgré un réel potentiel, la disque a été noyé dans une production plate et linéaire (merci qui?). Espérons que ceci est juste une faute de parcours, une erreur du duo-producteur et que The Coral rappellera dorénavant l’honorable Ian Broudie.

Le site de The Coral