Retenez bien ce nom, et faites confiance au titre de cet album. Leela James symbolise le renouveau tant attendu et espéré de la soul et du r & b.


On nous dit que Leela James, une belle au look de Macy Gray, est la nouvelle Aretha Franklin, qu’elle vient insuffler un vent de fraîcheur dans le monde de la soul. Et elle, en déclarant que la soul ne peut ni s’acheter ni faire semblant, de jeter de l’huile sur le feu. La soul vient du coeur et de l’âme, et Leela James le crie – le chante – haut et fort. Ressuscitant toute une panoplie d’artistes de ce registre allant – en gros – de Tina Turner à Diana Ross, et de Parliament à Sam Cooke, cette nouvelle étoile a de l’avenir, c’est le moins que l’on puisse dire. En vérité, ça fait longtemps que j’attendais un disque de la sorte. Enfin, non, je m’étais fait une raison, je ne l’attendais plus. Et voici qu’arrive cet album hallucinant.

La collection impressionnante de son père (qu’elle remercie dans le livret, ainsi que toute sa famille et … dieu) l’a familiarisée avec toute la musique noire américaine. Elle dit chanter à l’ancienne, à savoir en y croyant vraiment… La soupe R & B qui passe ad nauseum sur MTV la dégoutte. Elle n’est pas la seule… Elle veut revigorer la vraie soul, la faire découvrir aux générations actuelles, polluées qu’elles sont par toute cette mélasse indigeste. De vraies paroles, de vrais sentiments, voilà son credo. Force est de constater qu’au delà du discours, le disque convint rapidement des prouesses de la jeune demoiselle. En d’autres termes, elle fait ce qu’elle dit. Sa voix rappellera les anciennes gloires du genre, comme Chaka Khan, qu’elle cite d’ailleurs dès son single « Music », rappelant aussi le « Muscles » d’une Diana Ross, ou l’atmosphère de Marvin Gaye. « Good Time » est entraînant à souhait, et évoque les meilleurs moments festifs de Kool & the Gang, rayon « Get down on it ».

« Rain » , ses choeurs gospel et ses violons à la Isaac Hayes, le tout caressé par une basse piquante : la qualité est ici à l’honneur. « A change is gonna come » de Sam Cooke et son loop au piano rappelle également le créateur de la musique de The Shaft. Cerise sur le gâteau, on fond littéralement à l’écoute de « When you love somebody », qui, au gré d’une rythmique imparable, distille la voix toute en douceur et en profondeur de Leela James. Des ballades au tempo posé, comme « My joy », mettant en évidence les prodiges de la voix soul, égrainent également ce chef d’oeuvre.

Très appréciable également, l’utilisation comme rythmique de mains qui clappent : cela invite à la fête et à la danse, à la bonne humeur aussi. A ce propos, « Didn’t I » et « Soul Food » rappelleront allégrement Arrested Development. Les cuivres très reggae de « Long time coming » ajoutent de l’eau au moulin de cette impression.

La présence de Comissioner Gordon (Lauryn Hill) à la production explique pas mal de choses. Celles de Kayne West et de Wyclef Jean à l’écriture également. La reprise du « Don’t speak » des No Doubt est intéressante, donnant au titre une nouvelle écriture et donc une nouvelle vie. En d’autres mots, il s’agit d’une véritable reprise, et non, comme si souvent, d’un bête copier-coller.

Leela James dit faire de la soul back porch. Je veux bien l’y rejoindre!

Le site de Leela James