Morcheeba revient avec une nouvelle voix et une nouvelle ambition. The Antidote porte bel et bien son nom.


Morcheeba. Voici un groupe qui ne m’a jamais branché plus que ça. Jusqu’ici, je les trouvais trop « distants », pas assez impliqués, un talent certain pour pondre des tubes vite fait bien fait, mais qui s’oublient aussi très vite (quatre albums à leur actif tout de même et 5 millions de copies vendues). Le trip-hop anglais les compte en dignes représentants, aux côtés de Massive Attack, Tricky ou Portishead. Cela dit, il s’agissait de down tempo trip-hop, trop pop à mon goût. Et voici que débarque le bien nommé cinquième The antidote sur mon bureau. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils ont viré de bord. Quelque chose a changé : la voix féminine y est plus grave, plus inspirée et pour cause puisqu’ils ont changé de chanteuse : Daisy Martey (Noonday Underground) officie désormais derrière le microphone, après un casting mené tambour battant. Evidemment, il y aura une belle flopée de personnes qui seront déçues du départ de Skye Edwards. Les frères Ross and Paul Godfrey sont eux, par contre, toujours là, aux amarres. On a changé de label aussi, délaissant East West (Warner) pour Echo (Pias). Que de changements donc.

Une fois passé l’examen d’écoute du single qui ouvre le disque, « Wonders never cease », on est pris par la main et sous le charme de « Ten Men », qui fait entrer le groupe dans un genre trip-hop pas encore exploré : le rock et le gospel. Les soli de guitare y sont majestueux et surprennent d’entrée de jeu. Le ton général est en fait plus sombre, comme si le consortium essayait de coller à l’époque actuelle, en fin de compte (ou finirait plutôt par le faire). Probablement que l’aparté de Ross Godfrey avec le groupe The Jukes y est pour quelque chose. Par contre, le projet hip hop de son frère Paul, Capricorn 2, ne semble pas avoir influencé quoi que ce soit ici.

En même temps, bizarrement, et c’est là que réside la force de ce disque, des titres comme « Everybody loves a loser » mélangent la naïveté des choeurs façon fifties, avec une pointe de James Bond à l’horizon et des cuivres rutilants (on a pas lésiné sur les moyens ici). Cet opus fait partie de ceux qui ne révolutionnent pas le genre, et encore moins le rock en général, mais qui font partie de l’étagère « passe-partout », qui permet de se servir en CD multi-usages et multi-fonctions. Il en faut aussi des albums comme ça, non?

Pour dire la vérité, j’ai longtemps hésité à faire la chronique de cet album car je ne voyais pas très bien ce qu’on pouvait en dire. Mais vu qu’il m’a accompagné pendant toutes les vacances et presque tout l’été, et que j’en ai retiré un plaisir certain, il eut été dommage de ne pas en faire profiter nos lecteurs!

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