John Cale a beau être un grand nom dans le monde du rock, cela ne signifie pas forcément que ses albums soient indispensables…


Ah John Cale. Rien que la prononciation de ce nom force le respect chez beaucoup. Roi du minimalisme, membre des Velvet Underground et de tout ce que celà sous-entend en matière d’influence et d’avant-gardisme pour les années à suivre, John Cale ne s’est pourtant pas contenté de ça. Ce touche à tout de génie est également devenu par la suite un producteur émérite (Patti Smith, The Stooges) et un chanteur en solo. Répétons-le, il est connu surtout pour sa griffe minimaliste. Cependant, depuis HoboSapiens sorti il y a déjà deux ans, le bonhomme s’est découvert une nouvelle carrière et de nouvelles ambitions.

Dès le premier titre, on sent bien, en effet, comme il aime à le répéter interview après interview, qu’il a une grande estime pour tous les producteurs black dans le vent (de Dr Dre à Jay Z et Kayne West en passant par Pharrell Williams) et qu’il écoute énormément de soul ou assimilés (d’Erikah Badu à Gorillaz). En clair, on baigne, on s’entoure, on lit, on écoute, on s’imprègne de la culture noire américaine contemporaine, puis on transforme tout ça en studio. Des titres funk dans cette veine-là, il a essayé de nous en servir quelques-uns, sans arriver à la cheville des autres cependant…. Et ce malgré le coup de main d’un Herb Graham Jr (producteur de Macy Gray, mais aussi bassiste et batteur). Le problème, pourtant, ici, est double : les titres funk sont très rares, et, de plus, pas très bons, et ce malgré la voix toute fluette que s’acharne à prendre John Cale.

On a ensuite droit à une floppée de titres sans grand intérêt, entre ballades et on ne sait pas très bien quoi au juste. Ils défilent, on baille sévère le plus souvent (comme sur « Gravel Drive », écrite pour sa fille Eden). Bon, c’est clair, le gars a un carnet d’adresses super bien fourni, de la bouteille aussi, mais cela suffit-il à garantir un bon album ? Oui, c’est vrai, un titre comme « In a flood » est pas mal, mais guère original. (on l’imagine, pourtant, prenant son souffle, fermant ses yeux, s’y croyant à fond…). On dirait qu’il vient d’écouter un disque de Daniel Lanois, autre producteur autrement plus doué en solitaire. Et que dire d’un « Sold-Motel » que l’on croirait écrit pour des fans de foot/pub grognards et lourdauds?

Trois titres, « Perfect », « Turn the lights on » et surtout « Woman », très façonnés à la sauce Iggy Pop, assez métalleux, sortent du lot. Enfin, « Wasteland » est assez touchant, avec ses sonorités qui rappellent Talk Talk..

Sa bio nous relate dans le détail que le logiciel Pro Tools a véritablement révolutionné sa façon de voir, d’écouter et de faire les choses (en gros, un peu comme pépé qui découvre l’internet). En effet, il peut ainsi garder tout ce qu’il improvise, pour après réécouter et faire le tri. Mais est-ce une bonne nouvelle?

C’est donc un album mi-figue mi-raison, où l’on trouve quelques péptites dans un maelström décevant. Comme c’est dommage.

Le site de John Cale