Difficile de se passer de ce post-rock élévateur. On l’écoute, on l’écoute, encore et encore, sans jamais se lasser…


… tout en découvrant ici et là un chti truc pas entendu lors de l’écoute précédente. Ce qui est ennuyeux par contre, et qui fait que d’autres groupes, comme les suisses de The Evpatoria Report, ont été injustement oubliés, c’est qu’il n’est pas aisé d’en faire une chronique de 3000 signes… En effet, ce disque est excellent, mais qu’il est dur de le dire !

« Six feet under the ground », la première plage de Brighter, n’est pas le meilleur titre… Et c’est pourtant par celui-ci que ça commence. Faisant partie des rares morceaux chantés, il nous fait seulement deviner ce à quoi ressemble l’univers de ce combo : un feu d’artifice musical détonnant. On sent qu’ils ont usé leurs bottes et leurs doigts sur scène pour arriver à un tel résultat. Mais le meilleur est à suivre, et là on frise le génie ! Les français (car oui, il s’agit d’un french combo) n’ont pas – plus – à rougir dans ce que l’on appelle la scène post-rock (Cyann & Ben, Acetate Zero, Porcelain) , même si ce diminutif est quelque peu réducteur, voire brouillon. En effet, ça veut dire quoi post-rock ? En guise de réponse, nous citerons des groupes aussi divers que Mogwai (dans lesquels Dont look back se reconnaît), Kinski, Explosions in the sky ou Friends of Dean Martinez, dont nous parlerons bientôt. Enfin, il y en a toute une ribambelle maintenant. A la médiathèque, on appelle ça l’out-rock même. Qu’est-ce qu’ils ne vont pas inventer?

A quoi ressemble Don’t look back ? A des musiciens (batterie, guitares, basse,guitare-synthé-sampler) qui jamment ensemble, faisant des crescendo et autres pirouettes (prouesses?) pyrotechniques. Si tant est qu’on mette le son assez fort, on en a pour ses oreilles. On sent bien, en effet, comme le précise leur bio, qu’ils ont été également biberonnés à du Metallica, dans cette agilité à jouer du rock (et les cris sur « farewell to the brightside » font ici office d’exception, au beau milieu d’un texte sombre récité par une présence féminine). Que cela ou la pochette digne de films d’horreur ne vous effraient pas pour autant. Leur musique a très peu à voir avec du hard mais bel et bien avec la technicité des musiciens de ce genre si souvent – à tort – relégué dans la catégorie « ce que j’écoutais quand j’avais 15 ans ». Fermons cette parenthèse, pour tenter de mieux cerner la musique du combo de Valence.

Les semi-ballades, avec moult timbales et mélodies à la guitare égrainent cette très bonne galette, que l’on savourera en solitaire en s’imaginant beaucoup de choses, car cette musique invite à la vision, à l’imagerie, et se mariera à la perfection à du visuel bien choisi. Enfin, ceux qui, comme nous, apprécient les montées en puissance et les ruptures de rythme incessantes, tout en naviguant sur des eaux tantôt calmes tantôt chavirées seront donc servis. Parfois (comme avec « Kids got shadows in their eyes »), on se demande si on est pas à l’écoute d’un CD de démonstration dont le but serait de vendre des instruments tellement le son est, pour ne rien gâcher, excellent. Enfin, le collage de discours et autres voix (Churchill ? sur « Ask the dust ») soulignent souvent les effets de la musique. Cet album vous donnera à coup sûr envie de fouiller leur discographie, qui comprend un premier album, Drunk in your arms, sorti en 2002. Ils sont depuis hébergés chez Noisedigger, label parisien qui y a vu, avec raison, graine d’anti-stars. Voilà, on y est arrivé! Comme quoi il faut parfois se donner du mal, fouiller et farfouiller pour aller au fond des choses.

Le site de Dont look back