Emily Haynes & co semblent prendre un malin plaisir à nous bombarder de missives pop dans le mille. Le potard monté d’un cran, ce second opus se consomme sans ménage.


Le tandem Emily Haines/Jimmy Shaw nous avait bien filé le tournis (surtout Emily !) avec la pop accrocheuse du premier album de Metric, Old World Underground where are you now !. Sans non plus révolutionner les codes du genre, le charisme de la blonde accouplé à son sens de la mélodie qui fait mouche en avaient converti plus d’un. Et pourtant, les choses avaient plutôt démarré mollement, comme tant de gentils groupes de rock indépendant… Du statut de groupe confidentiel, le quatuor canadien a soudainement explosé fin 2004 grâce à une apparition dans le film Clean d’Olivier Assayas. Les intéressées eux-mêmes n’en reviennent toujours pas : leur première tournée achevée, Metric s’apprêtait à retourner tranquillement en studio en vue de son prochain opus, mais le succès les contraint de rallonger leur agenda par quelques dates européennes… Sans cracher dans la soupe, ce « Neverending Tour » aurait pu très vite se transformer en cauchemar, car ce n’est pas forcément une partie de plaisir que de se coltiner les mêmes chansons depuis trois ans…

Six mois après la sortie française d’Old World Underground, Metric nous fait bénéficier du jetlag médiatique avec un second opus, Live It Out. Comme son nom l’indique, ce second opus tente de capturer le trop plein d’énergie scénique du groupe. Et vu la teneur de l’album, on imagine que quels que soient les aléas bienheureux du destin, Metric aurait certainement abouti au même résultat : un disque fait-maison de rock dansant bourré de bonnes vibrations.

De retour à Toronto après avoir embrassé le sol d’une dizaine de pays, le quatuor s’est enfermé dans son vieux loft, réaménagé en studio d’enregistrement. Le guitariste Jimmy Shaw s’est cette fois réaccaparé la casquette de producteur, chose qu’il n’avait pas fait depuis leur EP inaugural en 2001. Mais a contrario des débuts tendance pop electro, Live It Out est un disque résolument orienté guitares. La saturation a été augmentée d’un cran, servant à gonfler de vrais riffs dignes de “Smoke on Water” (non, on plaisante, mais l’esprit est là). Le premier morceau, “Empty” est important, car certainement leur plus travaillé à ce jour. Six minutes où se synthétise tout le savoir-faire du groupe : introduction synthétique mélo-dramatique, riff à faire trembler les murs, et cette voix de Lolita qui semble se promener comme si de rien n’était. Emily Haines a beau clamer n’avoir jamais écouté un disque de Debbie Harry, sa manière de chanter une sucette à la bouche l’en rapproche indéniablement (“Poster Of A Girl”). “Glass Ceiling” et “Monster Hospital” réitèrent le coup du gros riff bien saignant, et c’est redoutable. D’ores et déjà de grands moments scéniques.

Plus perfide et littéraire que les Cardigans ou Garbage, Metric recèle une personnalité nettement plus intéressante. Les canadiens ne cherchent pas non plus systématiquement à pondre le truc qui tue et développent quelques idées plus abstraites. Les parties vintage de clavier Pro 1 s’occupent d’apporter cette touche ambiguë, entre kitsch et étrange (“Live It Out”). Noyée de nappes synthétiques, “Ending Star” est une ballade qui évoque l’élégance de The Auteurs. Les textes de la belle Emily usent d’ailleurs d’un cynisme glacial qui égale l’un de ses plus fameux homonymes, Luke Haines.

Cette pop bubble gum s’assimile à un chewing gum que l’on aurait usé jusqu’à la corde puis collé sous la table. Six mois plus tard, le goût reste pourtant incroyablement frais.

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-Lire également la chronique d’ Old World Underground, Where are You Now ?