Deuxième volet de l’ambitieuse oeuvre annuelle du groupe métal indépendant par excellence. La qualité est encore une fois au rendez-vous.
Sur le papier, le générique est exactement le même que pour le précédent opus sorti cette même année. « Attack » démarre au quart de tour. L’ombre de Slayer n’a jamais été aussi présente, aussi obvious. Le disque fait suite à Mezmerize, sorti avant l’été, auquel la pochette et les illustrations font écho. On retrouve donc les mêmes constructions, la même ambiance, le même producteur (Rick Rubin) etc… mais, comme semble l’annoncer le premier titre, on est plus proche de l’esprit originel de SOAD peut-être.
Les paroles sont toujours trempées au vitriol, avec en ligne de mire Mr Bush : « Soldier side », « Attack »… On peut dire que la politique extérieure US des Neo-Con fait couler de l’encre, ce qui n’étonne guère à vrai dire. Dans le cas présent, il amène aussi Daron Malakian et Serj Tankian à joindre le geste à la parole, et donc à déverser leur crachats.
Bien que ce soit la rapidité speedante (idéale pour effrayer votre belle mère) qui relève cette galette et lie la sauce, force est de reconnaître aussi que le groupe est passé maître dans l’art d’envelopper des mélodies toutes en finesse dans un emballage rugueux, fruit d’une colère qui se libère enfin. Une chose est – presque – sûre : la thérapie SOAD doit apaiser les membres du groupe, dont on commence à connaître les opinions et tendances. « Why don’t you ask the kids at Tiananmen Square was fashion the reason why they were there…Propaganda leaves us blind » sur le titre éponyme est on ne peut plus clair. Niveau textes, avec le recul, on peut dire que SOAD est aux années 2000 ce que Gang of Four était aux années 70. Et dire que rien n’a changé entre-temps, du coup, frise l’évidence…
Dans « Kill rock’n roll », on se surprend à chercher dans ses disques un bon Black Sabbath. « Stealing Society » évoque Fantomas, voire Faith No More, avec ses arrêts intempestifs soulignés d’un « yeah » ou d’un « All right ». « Holy mountains » aussi semble s’inspirer d’un Patton au mieux de sa forme.
Sincèrement, on a l’impression d’écouter Mezmerize tant on sent que tout relève du même état d’esprit. Le grand changement vient d’ailleurs : on s’est concentré sur le métal, rien que le métal. Les mélanges auxquels Mezmerize nous avait habitués sont ici absents : guère de Bratsch à l’horizon. C’est dommage. A la limite, avec un peu d’imagination, on peut entendre un peu de musique barrée sur quelques titres (les chants russes militaires sur « Vicinity of obscenity »). Les choses s’emballent vers la fin, et on retrouve dans le chant le style opéra de l’album précédent, notamment dans les paroles tarabiscotés de « Vicinity of obscenity » (« banana banana banana terracota pie« ) et dans le délire généralisé ou le refrain aguicheur de « She’s like heroin ».
Un album à se procurer donc, que l’on soit fan du groupe en général ou du précédent album en particulier.
-Le site de System of a down