Du neuf, du vieux et du recyclé : voici la troisième offensive d’Arctic Monkeys. Qui résiste encore ?


Á peine quelques mois après leur phénoménal premier album, les singes de Sheffield nous offrent déjà du nouveau matériel, sous forme d’un EP 5 titres au titre typiquement controverse.

Il débute avec un extrait de Whatever People Say I Am That’s What I’m Not, le post-grunge « A View From The Afternoon ». C’était déjà un des meilleurs morceaux de l’album, et il mérite clairement d’avoir son single et son (étrange) clip. Emmené par une batterie nerveuse et énergique (voir justement la vidéo-cours de batterie) et débutant par les mots « Anticipation has a habit to set you up for disappointment », « A View From The Afternoon » définit parfaitement le style Monkeys et s’impose peut-être comme le meilleur morceau de leur jeune carrière.

Ensuite, « Cigarette Smoker Fiona » est un réenregistrement (avec des nouvelles paroles) d’une de leurs premières démos. Les paroles originales semblaient plus percutantes, mais ce n’est sans doute qu’une question d’habitude. Le morceau en lui-même est un archétype Monkeys : une histoire relativement sordide (cette fois, c’est le gars qui fréquente les clubs de strip-tease « to make up for all the lost time ») et un rythme effréné. Rien de nouveau, mais rien à jeter non plus.

Les deux pistes suivantes sont plus intéressantes, car elles voient le groupe explorer un autre territoire : la ballade. « Despair In The Departure Lounge » raconte l’histoire sans doute autobiographique de quelqu’un qui souffre de l’absence de sa copine, d’aéroport en aéroport. Le sujet a déjà été utilisé maintes fois, mais le style « no nonsense » d’Alex Turner lui confère un charme très particulier. Au final, le morceau est très touchant, et peut faire penser aux faces B acoustiques de Noel Gallagher, quand il savait encore écrire (« Talk Tonight », « Half The World Away »). Il s’arrête, évidemment, quand la batterie de GSM du protagoniste meurt.

« No Buses » est plus anodin, et moins mélancolique. Des cinq morceaux, il passe le plus inaperçu, mais prouve que le groupe transforme en or tout ce qui se trouve sur son passage.

Ce qui nous amène au morceau-titre, certainement le plus autobiographique de tous, vu qu’il dépeint l’évolution du groupe et surtout leur état d’esprit. Commençant par des riffs funky à la « Fake Tales Of San Francisco », il voit le groupe prévenir dans le refrain qu’ils ne feront jamais de compromis, et qu’ils resteront fidèles à leurs principes. Et tant pis si « In five years’ time will it be who the fuck’s Arctic Monkeys ».
La chanson progresse et devient menaçante lors d’un coda emmené par une basse assourdissante : eh bien si vous n’êtes pas d’accord, on vous forcera à vous couper la langue, Old Boy-style.

Contrairement à d’autres groupes, les Monkeys ne se montrent pas prétentieux ou provocants en interview, mais directement dans leur musique, ce qui est sans doute plus approprié.

En attendant la suite (ils jouent déjà des inédits en concerts), cet EP prouve que le groupe n’est pas un one-shot, et qu’il est là pour durer. C’est tout le mal qu’on leur souhaite.

-Lire également la chronique de Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not