« Nous voulions faire autrement usage de l’immobilité – comme un élément dans l’ambiance de nos vies – qu’elle soit continue, et continue dans un environnement. » Ainsi Brian Eno définit l’ambient musique dans son passionnant journal de bord Une année aux appendices gonflés. C’est ce que semble mettre en application ce duo parisien sur son second opus Holyhead, cinq ans après Die Mitte : nappes synthétiques figées, bourdonnements, mélodies circulaires en filigrane… Les moins attentifs ne percevront qu’un mystérieux assemblage de bulles planantes, là où pourtant les assidus piqueront peu à peu une tête dans les cratères de ces mélodies sous-marines, savamment distillées. Des relents post-rock, des effets « Grand bleu » (sans arrière-pensée) et autres motifs frigides cold wave (“bevy”, “The Night”) se succèdent avec harmonie. Durant de courts instants, on croirait entendre le phrasé six-cordes frigorifique de Vini Reilly. Ces treize instrumentaux porte-bonheur ont une profondeur qui n’a d’égal que l’angle obscurci de la couverture de leur disque. Un semblant d’immobilisme qui nous téléporte.