Que faut-il retenir de l’actualité musicale 2006 ? En voici un tour d’horizon avec la liste des albums favoris de la Pinkushion Team.
Paul Ramone
TV On The Radio – Return to Cookie Mountain
Le gospel punk hybride et fantômatique de David Andrew Sitek ne se réinvente pas mais perfectionne son spectre sonore apocalyptique. Très loin devant la concurrence.
Band Of Horses – Everything All The Time
Parce qu’on n’a pas entendu cette année une si belle brochette de pop songs fulgurantes et exaltées.
Shearwater – Palo Santo
Le songwriting de Jonathan Meiburg – ou lorsque Talk Talk se fait champêtre – s’émancipe considérablement sur ce disque vertigineux.
Camera Obscura – Let’s Get Out Of This Country
Une production révérencieuse et érudite au service de mélodies faussement naïves. Et bien sûr pour la présence de la merveilleuse Tracyanne Campbell.
Early Day Miners – Offshore
Des disques de post-rock comme ça, j’en veux à tous les repas. Mention spéciale pour les guitares tronçonneuses, armes de distorsion massive les plus vrillées entendues depuis, depuis…
South – Adventures in the Underground Journey to the Stars
Quelque part entre New Order et Death Cab For Cutie, de la science-fiction pop redoutablement troussée.
Futureheads – News & Tributes
Un peu trop vite oublié à mon goût, ce quatuor de guitare algébrique a pourtant superbement franchi le cap du second album avec l’un des brulôts rock les plus sophistiqués de 2006. A réévaluer d’urgence.
Danielson – Ships
De la commedia dell’arte revisitée par le fleuron du folk/rock alternatif. Des Ships qui donnent la frite.
Shack – …The Corner Of Miles And Gil
Parce que les frères Head sont les plus grands tragédiens de la pop anglaise.
Bonnie ‘Prince’ Billy – The Letting Go
Le prince de la folk alternative se la joue « The Partisan » sur ce disque pastoral à la beauté élégiaque.
10 autres…
I Love You But I’ve Chosen Darkness – Fear Is on Our Side /
Cyann & Ben – Sweet Beliefs /
Pernice Brothers – Live a Little/
Yo La Tengo – I Am Not Afraid of You and I Will Beat Your Ass/
Isis – In The Absence of Truth/
Mojave 3 – Puzzles Like You /
Six Organs of Admittance – The Sun Awakens/
Shugo Tokumaru – L.S.T/
The Kooks – Inside in/Inside Out
/ Therapy ? – One cure fitts all
Rééditions :
Boxset – The Life and Music of Richard Thompson
Intégrale Judee Sill
Julie L. N.
Le bilan ci-dessous n’a rien d’un classement hiérarchique. Il met simplement en avant quelques-uns des albums qui m’ont marquée cette année.
Guillemots – Through The Window Pane
Avec une voix puissante et des arrangements ambitieux, les Guillemots ont survolé avec élégance l’année 2006.
Bonnie Prince Billy – The Letting Go
Le grand retour de Bonnie Prince Billy, comme on l’aime : sincère, apaisé, touchant.
[Dominique A – L’Horizon
->http://pinkushion.com/chroniques.php3?id_article=1577]
Dominique A nous a livré cette année un album obsédant et profond, à écouter avec l’attention des marins qui scrutent l’horizon.
The Album Leaf – Into The Blue Again
Organique, inspirée, protéiforme : les qualificatifs se bousculent devant l’inventivité maîtrisée de James LaValle.
I’m From Barcelona – Let Me Introduce My Friends
La chorale sympathoche en provenance de Suède ou la manifestation vivante du proverbe «Plus on est de fous, plus on rit».
Yo La Tengo – I Am Not Afraid of You and I Will Beat Your Ass
Le titre l’annonçait déjà : mieux vaut éviter de se frotter à Yo La Tengo, qui fait un retour fracassant, bruitiste et téméraire. On en redemande.
Shearwater – Palo Santo
Lorsque le folk se pare de ses plus beaux atouts, et même de quelques extravagances…
Adam Green – Jacket Full Of Danger
Son statut récent de crooner lui va comme un gant : une reconversion réussie, drôle et décalée comme sait l’être Adam Green.
Band Of Horses – Everything All The Time
Les joies de la guitare réverbérée et une dimension pop évidente : il n’en fallait pas plus pour conquérir une admiratrice de Felt.
I Love You But I’ve Chosen Darkness – Fear Is On Our Side
Un grand groupe de rock, originaire d’Austin, est à l’origine de cet album sombre et passionnant.
En bonus…
The Sugar Plum Fairy Pr. – S/T /
Peter Bjorn and John – Writer’s Block /
Grandaddy – Just Like The Fambly Cat /
Eagle*Seagull – S/T /
Broken Social Scene – S/T /
The Kooks – Inside in/Inside Out/
Phoenix – It’s Never Been Like That /
Built To Spill – You in Reverse /
Architecture in Helsinki – In Case We Die /
Pernice Brothers – Live a Little/
Denis
Ma liste 2006, en ordre alphabétique.
Arctic Monkeys – Whatever You Say I Am That’s What I’m Not
Parce que malgré la hype, l’album tiendra des années comme un des meilleurs albums pop anglais de tous les temps.
Bromheads Jacket – Dits From The Commuter Belt
Arctic Monkeys + Pixies + The Streets + Pete Doherty. En mieux.
The Decemberists – The Crane Wife
Preuve qu’on peut raconter des histoires complexes, faire de la musique tout aussi complexe et arracher une larme à l’auditeur.
Isobel Campbell & Mark Lanegan – Ballad of The Broken Seas
Le cliché de la Belle et la Bête, mais un album magnifique.
Isis – In The Absence of Truth
C’est qui, Tool ?
Mogwai – Mr Beast
Parfois très bruyant, parfois très calme : synthèse parfaite de dix ans de post-rock.
Pearl Jam – Pearl Jam
Pas très Pinkushion ? Rock’n’Roll will never die.
The Raconteurs – Broken Boy Soldiers
Le jour où Jack White a trouvé un batteur devrait être férié et célébré.
The Spinto Band – Nice And Nicely Done
Chaque année apporte sa surprise venue d’on en sait où. Espérons qu’ils n’y retourneront pas.
Thom Yorke – The Eraser
Fin de la trilogie entamée par Kid A et Amnesiac. Plutôt Return of The King que Return of the Jedi.
Mais aussi
Be Your Own Pet – Be Your Own Pet
Clap Your Hands Say Yeah – Clap Your Hands Say Yeah
Fratellis – Costello Music
Isobel Campbell – Milkwhite Sheets
Mudhoney – Under A Billion Suns
Pretty Girls Make Graves – Élan Vital
Sonic Youth – Rather Ripped
Ben Harper – Both Sides Of The Gun
Therapy? – One Cure Fits All
Yeah Yeah Yeahs – Show Your Bones
Laurent
Que vais-je retenir de cette année ? Des femmes, surtout des femmes.
Mais commençons par deux baffes (d’hommes) : Squarepusher – Hello Everything et
The Mars Volta – Amputechture , qui partagent le fait de prendre des risques, de proposer de nouvelles façons de faire de la musique, de brouiller les frontières, de faire avancer le truc.
J’ai aussi été ému, et ce principallement par des voix féminines (sic). Isobel Campbell – Milkwhite Sheets pour les émotions à fleur de peau,
Lily Allen – Alright, still pour le sourire et la bonne humeur, Joan As Police Woman – Real Life et
An Pierlé & White Velvet – S/T pour un mélange des deux.
Peter Bjorn and John – Writer’s block restera sans nul doute comme l’ovni pop de cette drôle d’année que d’aucuns qualifient de pauvre – il n’y a pas d’année pauvre, il y en a de très riches, comme 2003 ou 2004, et de moins riches, comme cette année. En ce début d’année, deux disques avaient pourtant laissé croire qu’elle serait fameuse : ceux des Arctic Monkeys – Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not et de
Film School – S/T . Section française,
Joseph d’Anvers et ses choses en face et Arianne Moffatt et son Coeur dans la tête achèvent de me convaincre que j’ai trop longtemps ignoré les artistes français. Enfin, n’en déplaise à certains, le premier disque en solo de Thom Yorke, The Eraser sera, comme d’habitude, mon douxième choix.
Je m’en voudrais de ne pas parler d’autres disques qui ont aussi marqué cette année : le retour réussi d’Outkast par exemple, ou la belle performance slam d’Abd Al Malik, ou encore le deuxième disque de The Knife, ou encore le dernier d’Howe Gelb. J’en oublie probablement, comme chaque année, mais enfin, l’essentiel est – je crois – là.
Côté concerts, je retiendrai Joseph d’Anvers, avec une première partie atypique de Claire Diterzi, le fun contagieux des CSS, le retour « classique » de Mike Patton sous la houlette de Peeping Tom, Andrew Tosh et son reggae fumant (oui, je sais, c’est facile), les Brakes et leurs suhis survitaminés… Et puis Couleur Café, dont la programmation cette année avait de quoi ravir le rastaman qui sommeille en moi, restera à jamais comme un très bon souvenir : Lee Scratch Perry et sa petite valisette, les énooormes Burning Spear et le grandiooose George Clinton. La prestation d’An Pierlé clôt cette catégorie souvenirs souvenirs.
Vincent
En tant que petit grincheux de la bande, je vais écrire que, si cela ne tenait que de moi, je m’abstiendrais de me prêter à cet exercice du bilan de fin d’année. Aucun album ne m’a véritablement surpris cette année. A l’exception de Ys de Joanna Newsom, de Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not des Arctic Monkeys et de Post War de M. Ward, aucun disque peut se vanter d’avoir tenu plus de trois semaines sur ma platine. A ce titre, le Arctic Monkeys tient une place à part. Il a rythmé plus de deux mois mes trajets dans Bruxelles. Si l’on prend un autre critère que la longévité dans mon lecteur CD, j’aurais envie de donner des Oscars techniques au Hello Everything de Squarepusher, à l’The Rose Has Teeth in the Mouth of a Beast de Matmos. Ces trois disques sont des laboratoires musicaux par excellence faisant véritablement avancer la manière de composer de la musique. Ensuite, vu que j’ai un penchant maladif pour ces grandes bacchanales sonores qui donnent l’impression que vous avez ingurgité des doses massives d’hallucinogènes, j’isolerais volontiers le Beast Moans de Swan Lake et Drum’s Not Dead de Liars. Pour terminer, une petite mention spéciale au Writer’s block de Peter Bjorn and John, le Gorillaz du rock, comme l’a si bien résumé Laurent.
FF
Joanna Newsom – Ys
Entre les doigts experts d’un trio très inspiré (Van Dyke Parks/O’Rourke/Albini), les chansons de Joanna Newsom n’ont rien perdu de leur séduisante originalité. Absolument personnel et novateur, Ys respire, de la première à la dernière note, l’intelligence et la passion. Newsom y invente de toutes pièces un monde fabuleux et inquiétant où passé et modernité se jouent de tous les formats et sectarismes formels. Un chef-d’oeuvre.
Shearwater – Palo Santo
Entre le rock et la folk, entre le feu et la glace, entre les accès de fièvre et la sieste méditative, Jonathan Meiburg et son groupe ont bâti des chansons magnifiques et poignantes qui célèbrent une sensibilité musicale de tous les instants.
Tom Waits – Orphans
A tous ceux qui confondent nouveauté et modernité, et voient dans la moindre répétition un signe de fléchissement créatif, Tom Waits leur fait un audacieux pied de nez en allant piocher dans son grenier la matière première de ce triple album gorgé de sève brute. Soit trois visages d’un artiste majeur qui sont autant de portraits d’une Amérique profonde scrutée avec une grande acuité humaniste. Un disque à ranger à côté des indispensables volumes « American » de Johnny Cash.
Sibylle Baier – Colour Green
Il aura fallu plus de trente ans pour que ce premier album paraisse et révèle ses beautés simples et fragiles. Une voix, une guitare, l’histoire est vieille comme le monde mais touche ici au sublime.
Rocé – Identité en crescendo
En mariant son flow rageur au free jazz, Rocé sort le rap français de l’enfance et donne un coup de pied au cul à tous les clichés communautaristes.
TV On The Radio – Return to Cookie Mountain
Avec ce second album à la vitalité intacte, le groupe de Brooklyn enrichit (en l’affinant) son propos et montre qu’il reste, comme aucun autre groupe de rock actuel, à l’affût des sons de son époque et des formes en mutation.
Destroyer – Destroyer’s Rubies
Et si, cette année, le grand disque de Dylan avait était réalisé en fait par Dan Bejar ? La langue bien pendue, le sens mélodique affûté et les références parfaitement assimilées, Bejar signe avec Destroyer’s Rubies son meilleur album à ce jour, un disque plein d’esprit et de rires, un hymne tordu et joyeux à la musique populaire de son pays.
Patrick Watson – Close To Paradise
Adulé au Canada, ce pianiste et compositeur talentueux demeure injustement inconnu par chez nous. On vous le répète donc encore une fois : précipitez-vous sur ces pop-songs en cinémascope superbement écrites et arrangées, qu’une seule – voire cent – écoute ne saurait épuiser.
Carla Bozulich – Evangelista
Sous la bannière du label Constellation, et aidée de quelques éminents membres de Godspeed! Your Black Emperor & A Silver Mount Zion, cette chanteuse/musicienne plonge le post-rock dans le brouillard et le dévaste de l’intérieur pour mieux le réinventer à l’aune d’une sensibilité à fleur de peau.
J Dilla – Donuts
Le disque de hip-hop US le plus surprenant et stimulant de l’année a été conçu dans un lit d’hôpital. Les samples et scratches maniés de main de maître par Jay Dee aboutissent à trente-et-une miniatures qui explorent tout le spectre des musiques afro-américaines et détournent le procédé du zapping en esthétique du mouvement perpétuel.
Trois découvertes/espoirs…
IsWhat ?!
Tom Brosseau
Guillemots
Et aussi, SURTOUT…
Stephan Oliva – Miroirs
John Zorn – Astronome
Chico César – De Uns Tempos Pra Ca
Andrew Hill – Time Lines
Wayne Horvitz – Way Out East
Nino Josele – Paz
Conjure – Bad Mouth
Caetano Veloso – Cê
Kidd Jordan/Hamid Drake/William Parker – Palm Of Soul
Charles Lloyd – Sangam
Jean-Paul Bourelly – News From A Darked Out Room
Bojan Z – Xenophonia
Deux rééditions :
Charles Mingus – Played In Its Entirety At UCLA
John Fahey – Sea Changes & Coelacanths : A Young Person’s Guide to John Fahey
VLAD
The Secret Society – Sad Boys Dance When No One’s Watching
Un songwriter madrilène qui marche dans les traces de Smog à travers une écriture personnelle de très bonne facture.
Bert Jansch – The Black Swan
Le retour d’une icône du bluesfolk anglais qui signe ici quelques-unes de ses meilleures chansons depuis longtemps, aidée par une Beth Orton en état de grâce.
Abd Al Malik – Gibraltar
La révélation « slam » de l’année, à défaut de trouver une autre appellation à ce mélange étonnant de poésie, de chanson et de jazz. Un bel ovni.
Early Day Miners – Offshore
Ce disque qui franchit plusieurs fois le mur du son impose aussi des compositions létales d’une grande force. Superbe.
Shearwater – Palo Santo
Quelle voix et quelle classe ! Le papillon Shearwater est enfin sorti de sa chrysalide pour voler de ses propres ailes.
Herman Düne – Giant
Les compositions chaloupées de Giant donnent une autre dimension à l’écriture un tantinet dépressive de cette fratrie marginale. Un tournant ?
Destroyer – Destroyer’s Rubies
Sous la bannière Destroyer, Daniel Béjar se laisse aller à des fulgurances qui excusent son rock démiurge. La petite perle de fin d’année.
Magnolia Electric Co – Fading Trails
Inoxydable Jason Molina ? Cette fois-ci, il délaisse le rock US et trouve dans la mise à nu une nouvelle source créative.
Holden – Chevrotine
Une production léchée et un son de guitare millimétré pour des compositions vaporeuses qui ont vraiment de la gueule.
Rocé – Identité En Crescendo
Quand le rap old school se frotte au free jazz, cela donne un disque sans concession. Il fallait oser, Rocé l’a fait !
Sheldrake
Shack – …The Corner Of Miles And Gil
Sous le double patronage de Paul McCartney et de feu Arthur Lee, un nouvel opus qui confirme que la bande des frères Head reste le meilleur fournisseur de pop anglaise, plus de vingt ans après ses débuts…
The Kooks – Inside In / Inside Out
… et un premier essai enfiévré qui montre que la relève n’est peut-être pas bien loin, avec toute l’énergie et la grâce de la jeunesse. La découverte la plus riche de promesses de 2006.
Bob Dylan – Modern Times
Après le léger et enjoué « Love and Theft », Dylan poursuit sa plongée dans les profondeurs de la musique américaine, sur un mode cette fois méditatif et crépusculaire.
Thom Yorke – The Eraser
Poursuivant ses recherches sonores, le laborantin d’Oxford ajoute une nouvelle pièce à son univers claustrophobe. Trop grand pour son époque, trop à part pour se plier aux comparaisons.
Band Of Horses – Everything All The Time
Après un My Morning Jacket quelque peu décevant et en attendant la prochaine livraison des Shins, un substitut rêvé qui finit par révéler toute sa personnalité.
I Love You But I’ve Chosen Darkness – Fear Is On Our Side
Le groupe d’Austin explore les sonorités des années 1980 avec plus de sensibilité et de subtilité que ses prédécesseurs en la matière.
Johnny Cash – American V
Le testament d’une légende qui s’est révélé – et se montre ici une fois de plus – un immense interprète des classiques célébrés ou oubliés, d’hier comme d’aujourd’hui.
Neko Case – Fox Confessor Brings the Flood
L’Americana a ses codes et ses passages obligés. Neko Case fait partie des rares qui parviennent à retrouver son authenticité. Dans ses moments de grâce, le continent enseveli des « Basement tapes » n’est pas loin.
Skygreen Leopards – Disciples of California
En parfait contrepoint à la fatigue et à la grisaille du monde moderne (cher à Jonathan Richman…), un folk pastoral et contemplatif dont la modestie affichée masque de véritables trésors mélodiques.