Ils sont en train de provoquer un petit séisme en Angleterre. En l’espace de quelques mois, les Klaxons ont récupéré le flambeau dance rock laissé vaquant depuis Prodigy. Mais bien plus que cela, la révolution entamée par Jamie Reynolds, James Righton et Simon Taylor sur le très attendu Myths of the near future est le signe avant-coureur d’une Angleterre fatiguée du retour éternel du rock et qui compte bien revenir à la fièvre du dance floor.


La rencontre a lieu courant novembre, au lendemain du concert des Klaxons à l’Olympia en première partie d’Etienne Daho. Le guitariste Simon Taylor est un peu le rocker du trio : derrière un look fluo, le garçon se révèle un musicien intéressant, plus porté sur les déflagrations noisy que les sempiternels accords punk binaires où rythmiques à la Chic. Tiens, tiens…

Pinkushion : Vous avez joué à l’Olympia hier dans le cadre du festival les Inrockuptibles avec Etienne Daho et TV on the Radio en novembre dernier. Gardes-tu un excellent souvenir du concert ?

Simon Taylor : Oui, c’est toujours un plaisir de jouer dans ce genre d’endroit, on sent que c’est spécial, il y a un contexte historique. De plus, on aime bien jouer loin de l’Angleterre, car en ce moment, il y a une sorte de klaxonmania dans le pays, les gens deviennent carrément déments à nos concerts. C’est aussi agréable de jouer pour des gens qui apprécient la musique pour ce qu’elle est.

Ça doit être plutôt impressionnant pour un jeune groupe de jouer à l’Olympia, non ?

Oui, très impressionnant. Mais le meilleur souvenir pour moi, c’est la nourriture. La plupart du temps en Angleterre, on te donne à manger des chips, du chocolat ou du coca dans les loges. A Paris, on a eu des salades au menu, et un fromage qu’on n’avait jamais goûté avant… c’est le meilleur repas que je n’ai jamais eu ! (rires)

La presse britannique vous a affublé de l’étendard « New rave ». En France, à l’exception de vous, on ne connaît pas vraiment d’autres groupes affiliés à ce nouveau courant musical.

Il n’y a pas de mouvement. C’est juste une plaisanterie lancée par Jamie, notre bassiste. Il a inventé ce terme en réaction au NME qui tente constamment de créer de nouveaux courants musicaux, rock, dance, nouveau ceci, nouveau cela… le NME crée un monde invisible avec des groupes qui n’existent pas. Franchement, ce n’est pas cool d’être catalogué « roi » d’un mouvement qui n’existe pas.

Je suppose que tu dois t’ennuyer à la fin de répondre à cette question.

Oui, incroyablement ennuyé tu veux dire ! Notre disque ne sonne pas New Rave, c’est avant tout de la pop. Beaucoup de gens pensent qu’on porte des fringues fluos, ce genre de clichés, ce n’est pas le cas. Je pense que cette définition va disparaître lorsque l’album va sortir.

Tu es originaire de Londres ?

Je viens des Midlands, le groupe s’est formé à Londres. J’étais étudiant en arts plastiques à Nottingham, après ça j’ai déménagé sur Londres et commencé à jouer avec le groupe. Je n’avais rien d’autre à faire. (rires) Je n’aimais pas vraiment peindre de toute façon, mon premier job consistait à faire des papiers peints…

Tout semble être facile actuellement pour vous. Votre carrière explose, alors que vous n’avez sorti que deux singles. Comment réagissez-vous à cette situation ?

On se considère très chanceux. Nous sommes incroyablement occupés toute la journée, tous les jours, on n’a même pas vraiment le temps de réfléchir sur notre condition. Nous avons juste créé cette machine et avons tourné la clé pour la faire démarrer. Tout ce qu’on se fait est plutôt étrange pour nous, je veux dire l’Olympia, ect. Si on regarde en arrière, cela fait tout juste un an la semaine dernière que nous avons formé le groupe. Si tu nous disais en novembre dernier, tout ce qui s’est passé depuis, on ne te croirait évidemment pas. La première fois que nous avons joué ensemble sur scène, c’était à Londres dans une salle très connue qui s’appelle Parklife, tu peux y voir jouer tous les nouveaux groupes. 150 personnes étaient venues nous voir, et puis la fois suivante 300 personnes, et puis 1000… Lorsque tu accumules ce genre d’expériences, le concert précédent ne te semble plus si important, tu passes à autre chose et essaie de trouver d’autres motivations. Mais je n’ai pas vraiment le temps d’y réfléchir.

Musicalement, trouvez-vous le temps pour écrire des chansons ?

Non. Le truc qui s’est passé, c’est que nous nous sommes formés en novembre dernier, nous avions seulement cinq chansons lorsque nous avons été repérés sur myspace. Maintenant, nous avons un label avec un deal, des tonnes de rendez-vous, cela fait deux ou trois mois que nous n’avons plus rien écrit. C’est marrant parce que maintenant, écrire une chanson semble être la dernière des choses à faire dans le groupe. Ta principale raison lorsque tu commences, c’est d’écrire des chansons. Maintenant, les tournées sont de plus en plus longues. Lorsque tu vois ces groupes dans les années 70 comme David Bowie qui sortaient tous les ans un nouvel album incroyable, le monde est maintenant plus petit et tourner devient le but principal d’un groupe. Et lorsque tu tournes sans arrêt, tu ne peux pas composer. C’est aussi pour cela que la plupart du temps les seconds albums de nouveaux groupes sont moins spontanés ou intéressants que leur premier album. Ils n’ont pas le temps de faire en sorte de continuer à écrire.

Je ne pense pas que ce soit exact, Bowie tournait beaucoup aussi durant cette période.

Bien sûr, mais je ne pense pas que c’était si intensif qu’aujourd’hui. Les groupes de nos jours partent neuf mois en tournée après que l’album soit sorti. Des groupes comme les Strokes ou Bloc Party ont tourné pendant deux ans pour promouvoir leur premier album. Mais peut-être que j’ai tort…

KLAXT2.jpg

Vous avez fait la couverture du NME avec ce titre « This country needs to party ! ». Est-ce que cela reflète votre état d’esprit, quelque part ?

Oui, mais pas l’esprit « party », on revendique plutôt le côté « amusez-vous » ! Lorsque nous avons démarré, il y avait un gros revival post punk à Londres, ces groupes voulaient tous sonner comme Joy Division : toutes les chansons se focalisaient sur leur propre condition, « moi » et « mes » sentiments. Nous au contraire, on ne veut pas écrire de chansons sur nous, on veut parler de créatures mythiques, d’autres planètes… On veut que les gens dansent et s’éclatent à nos concerts. Mais notre album est plutôt triste. (rires)

Ha oui ? Parle nous d’ailleurs de cet album. Le french EP, qui précède la sortie de l’album en janvier contient trois chansons originales et trois remixes, ce qui ne reflète pas vraiment votre état d’esprit.

… Oui tout à fait, je pense qu’à Paris ils veulent davantage cibler la promo sur notre côté « club », « Dance ». Alors qu’en Angleterre nous ne sommes pas vraiment rangés dans cette catégorie. Les gens vont être d’ailleurs probablement choqués lorsqu’ils écouteront l’album. Ce n’est pas dance, mais assez sombre…

C’est plutôt risqué pour un groupe de sortir un premier EP contenant à moitié des remixes de ses chansons.

Oui, c’est étrange je l’avoue. Je pense qu’il faut le prendre comme une sorte d’introduction aussi destinée aux clubs. Cet EP, c’est plus comme un sampler. Mais l’album a 4 ou 5 chansons lentes, nous en avons joué quelques-unes la nuit dernière. C’était intéressant parce que lorsque nous jouons en Angleterre, tout le monde s’attend à des morceaux très rapides. En France, on a joué des morceaux lents, on a pu juger comment réagissaient les gens. Au fait, que penses-tu de l’album ?

A vrai dire, je ne l’ai pas encore écouté, on m’a juste fourni le French EP pour le moment.

Ha, je vois.

Comment parvenez-vous à créer cet équilibre entre Rock et Dance music ?

Tout d’abord, je tiens à préciser que nous faisons de la pop. On retrouve chez nous plusieurs éléments, dance, rock et pop. Je pense que notre différence tient d’abord au niveau du rythme, nous voulions créer une sorte de flow, avec un bon groove, assez rock, mais qui ne ressemble pas à ce qu’on entend d’habitude dans la musique dansante. On écoute beaucoup de choses : de la dance, de la pop musique, Justin Timberlake, des groupes noisy américains et des groupes allemands des années 70, David Bowie… on tente de construire quelque chose de neuf avec.

En tant que guitariste, quelles sont tes influences ?

Je suis plutôt un guitariste rythmique, plutôt bruyant. J’adore TV on The Radio, les Liars pour ce qu’ils font avec leurs guitares. Ils utilisent l’instrument de manière à créer un son plutôt qu’une suite d’accords. J’aime beaucoup les groupes américains comme Erase Errata qui utilisent des accordages déments. Je n’aime pas trop les groupes anglais, je ne pense pas qu’il y ait de bon groupes anglais qui aient émergé ces derniers temps. C’est aussi peut-être une sorte de fantaisie locale. Si tu es américain, tu es plus intéressé par les groupes anglais et vice versa (rires). Alors qu’en France tu aimes…

Les groupes anglais et américains !

Ok (rires). Je pense que c’est un peu comme une scène magique, intouchable, on est intrigué par ce qui se passe là-bas. Mais je suis convaincu que la meilleure musique provient actuellement de New York.

Le canada également…

Oui, à quel genre de groupe penses-tu ?

Wolf Parade, Arcade Fire…

… absolument, Les Georges Leningrad également. Il y a aussi un groupe qui s’appelle Crystal Castles, ils ont fait un remix sur notre EP, ils sont très bons…

Vous mentionnez régulièrement Daft Punk comme influence.

C’est surtout les deux autres qui sont fans, ils adorent. Moi je ne connais pas bien. Par contre j’aime bien les Teenagers, un groupe parisien, je pense que c’est très récent.

J’aimerai qu’on parle des remixes sur le disque. Personnellement, j’ai toujours trouvé que le remix était un concept assez controversé. Il semble qu’après plusieurs années passées dans l’indifférence, le genre semble réapparaître. Est-ce que tu pourrais me donner, de ton point de vue, la raison d’être d’un remix ? (rires)

Très bonne question. Selon moi, la raison d’exister d’un remix réside dans un club de Londres qui s’appelle Trash. Le DJ résident, Erok Alkan, a été le premier à utiliser ses groupes indie rock à guitares pour déconstruire leurs chansons, rajouter des beats pour les adapter aux dance floor. C’est une excellente manière de crédibiliser le genre, de donner une chance à ses morceaux qui ne sont pas adaptés à l’origine pour les clubs, les remix party… C’est aussi une excellente manière de découvrir un groupe, tu écoutes le remix qui te permets d’aller vers une chanson. Bien sûr, il y a des remixes que je n’aime pas, mais d’autres où j’aime le groupe et vice-versa. Mais c’est clair que c’est assez controversé : tu donnes à quelqu’un d’autre quelque chose que tu as fait et il rajoute des beats dessus. C’est une expérience assez bizarre que d’écouter des remixes de ta musique.

C’est un peu cela que je reproche à votre EP. A cause des remixes, on ne peut se faire une véritable idée de comment vous sonnez.

Oui, c’est vrai. Je pense que c’est juste différent parce que nous sommes un groupe anglais. On voulait faire quelque chose de différent pour Paris, montrer l’aspect dance.

On va terminer par une question rituelle : peux-tu me donner tes cinq albums favoris ?

Station to Station – David Bowie
Contact – Silver Apples
Drum’s not Dead – Liars
Hearts – WZT
Punish The Atom, ce sont des potes à moi de Nottingham, tu peux trouver leur album sur myspace.

The Klaxons, Myths of the near future (Sortie le 29 Janvier)

– Le site des [Klaxons->http://www.klaxons.net/
]

– Leur page Myspace

Because Music

En tournée :


– 4 mars, Tourcoing (Grand mix)

– 6 mars, Lyon (Ninkasi)

– 12 mars, Paris (Trabendo)

– 14 mars, Nantes (Rockschool Barby)

– 16 mars, Clermont Ferrand (La Coopérative)