Enfin des nouvelles de Nouvelle Zélande, avec ce petit diamant pop follement rétro. Ruby Suns kidnappent les merveilleuses pièces alambiquées des Beach Boys 60’s. En l’occurence, des ravisseurs ravissants.


Voilà tout juste un an, nous vous parlions du retour en grande pompe de Robert Scott et de ses chauves-souris allumées, The Bats. Ces oiseaux de l’ombre qui semblaient ne plus vouloir sortir de leur grotte depuis une décade : At The National Grid relevait du miracle tant on n’y croyait plus. Car à notre grand regret, la communication entre le vieux continent et la lointaine Nouvelle Zélande était rompue depuis des lustres. Cette île aux antipodes qui nous a tant fait rêver au travers du label artisan Flying Nun, un catalogue éblouissant recouvert d’un velours confidentiel, le velours du Velvet Underground : The Chills, The Clean, Verlaines, Chris Knox… on continue de fantasmer sur cette « Dream Team » comme l’on fantasmait, en Europe 50 ans en arrière, sur les déhanchements suggestifs d’Elvis, alors que le King n’a jamais traversé l’Atlantique pour venir s’y produire. C’est bien connu, tout le monde court après l’inaccessible.

C’est dans cet environnement propice que Ryan Mc Phun forme une étrange fatrie, The Ruby Suns. Ce californien d’adoption a déserté les plages de L.A, qui selon ses dires, n’ont plus grand-chose à voir avec l’esprit de la Sunshine pop. Dégoûté, le garçon prend un billet sans retour pour la Nouvelle Zélande en espérant trouver sur le bord de mer un sable fin, au grain pur, non souillé par la pollution urbaine. Mieux, il y a trouvé un trésor.

The Ruby Suns, dernier rejeton insulaire, est atteint du même syndrome d’Alzheimer que leurs héros nationaux cités plus haut. Cette communauté excentrique – qui comprend pas moins de huit musiciens – fait abstraction de toute tendance musicale ou quelconque modernisme. Coupée du monde extérieur, l’échelle du temps semble à leur contact avoir été stoppée net juste avant l’invasion déprimante du rock progressif. En leur sein, l’éducation musicale semble s’être religieusement transmise durant des décennies uniquement par l’intermédiaire d’une cargaison échouée sur la plage voilà 40 ans. Une caisse remplie d’inestimables vinyles 60’s et d’instruments vintage. Exclus les beats triturés, les stridences post-punk et autres révélations Myspace. A nous les expériences transcendantales des Byrds et des Beatles, la pop haut perchée d’Harpers Bizarre, les cordes baroques des Zombies et The Millenium, l’évangile pop selon les saints frères Wilson.

En Californie, Ryan Mc Phun a certainement attrapé des coups de soleil à force de se dorer la pilule (comprendre : substance illicite ?). A défaut de crème solaire, Mc Phun en tient une sérieuse couche à l’encontre de Pet Sounds. Ses symphonies de poche rongées d’acid rock, hallucinées, sont truffées de références à cette pierre angulaire de la pop, parfois à la limite du plagiat (le méticuleux “Criterion” ). A tel point que même les titres de certaines pièces empruntent le même phrasé (“It’s hard to let you know…” résonne à nos oreille comme “I Know There’s an Answer”). Mais on ne lui en tient pas trop rigueur, trop occupés à admirer les contours ambitieux de cette pop pur carat.

Drapés d’un mur du son cosmique, les choeurs ne sont pas aussi parfaits que le modèle original et se rapprocheraient de la fausse nonchalance typiquement britannique d’un Ride, ce qui confère finalement une curieuse particularité au groupe. Derrière ce maniérisme outré se cachent de vrais bijoux d’inventivité tel que le sacré “Look out SOS !”, qui emprunte ses bonnes vibrations vous savez où. Une chose est certaine, les Rubyn Suns ont déclaré la guerre aux High Llamas et convoitent le premier rang des prétendants à la descendance des garçons de la plage.

Depuis, le groupe s’est ouvert au monde. Ils ont escorté en tournée des camarades enviés tels que Animal Collective, The Shins et Field Music… Vous aussi, venez adhérer à cette tribu.

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