Un « Cosmic Dancer » en provenance de Chicago se réapproprie le flambeau glam 70’s avec une préciosité et une maturité confondantes.


Depuis quelques années, il est heureux de constater que les réhabilitations d’icônes folk maudites pullulent (Jackson C. Franck, Judee Still, Vashti Bunyan…) sans oublier de mentionner d’obscurs classiques pop expurgés de l’oubli (Billy Nicholls, Bill Fay, Montage, Bergen White…). Chaque mois, les colonnes «Rééditions » du magazine britannique Mojo croulent sous le poids d’artistes inconnus, prompts à rassasier l’insatiable appétit des mélomanes fouineurs. Certaines pièces collectors qui jadis se négociaient à prix d’or dans les conventions de disques sont désormais à portée de clic pour un prix démocratique. Mais le retour de bâton, c’est le flux de sorties – qui ne tarit jamais – entraînant une surabondance de disques flanqués du sticker « l’artiste obscur qui a changé la face du monde». Certains groupes auraient mieux mérités de rester dans les caveaux de l’histoire de la pop… (pas de dénonciation ici, nous sommes entre gentlemen).

Et puis au milieu de ce carrefour d’affluence, David Vandervelde vient se crasher. Fraîchement signé sur Secretly Canadian, son premier album The Moonstation Station House Band fait l’effet d’une boussole dont l’aiguille perdrait subitement le nord. Il faut vraiment se pincer pour l’entendre. Car si nous n’avions pas sa biographie en face des yeux nous certifiant son année de création « 2007 », on aurait rangé son manifeste Glam guère loin de The Slider et du confiné Oar de Skip Spence. On imagine déjà, à l’écoute du délit, les disquaires s’affoler, contraints d’inventer une nouvelle catégorie de bacs, « album néo-culte ».

Véritable quasar, l’univers sonore de David Vandervelde est d’une profondeur insolente, surtout de la part d’un gamin de 19 ans à l’âge des faits. Il n’y a encore pas si longtemps, alors que les jeunes de son âge crânaient sur les Strokes, lui couvrait son visage de paillettes et mimait devant le miroir les poses de Marc Bolan sur le son d’Electric Warrior. Glamoureusement précoce, le gosse.

Derrière un nom qui laisserait sous-entendre des origines de la haute, David Vandervelde joue les « enfants (rock) de la révolution ». Musicien/compositeur touche-à-tout, il a confectionné, enregistré, produit et mixé seul son disque rêvé durant deux longues années dans le studio de Jay Bennett, éminent membre de la confrérie Wilco. Sans renier l’évidence pop, ces neurones dévoilent au travers de cet album court (seulement huit titres) une logique de composition tordue empruntée à Syd Barrett. Un psychédélisme léché, capable de mélopées sentimentales à la Jimmy Webb (“Corduroy Blues”, “Feet of Liar”) ou de grandeur façon “Wisdom From a Tree”, une des trois perles du disque conduite par les arrangements de cordes somptueux de David Campbell, le papa de Beck. Car si son timbre de voix juvénile s’approche de l’étoile du « Metal Guru », Vandervelde peut aussi se permettre quelques performances vocales d’une sensibilité de feu (le country élégiaque de “Murder in Michigan”). Ce dandy aux goûts affirmés ne cesse de surprendre.

Huit chansons, c’est plutôt court, mais cela a le mérite de rester fidèle à l’esprit seventies, et assure au jeune homme son titre d’étoile. Vandervelde peut même se vanter de nous avoir fait oublier le coffret Forever Changes The Golden Age of Elektra, que l’on comptait bien se payer pour Noël et dont le prix nous a vite fait redescendre sur terre. Si ce signe n’est pas un gage de qualité, on ne répond plus de rien.

– David Vandervelde sur Secretly Canadian

– La page Myspace