Tout commence par un déluge : en 1997, la Red River inonde Grand Forks, située dans le Dakota du Nord. Dix ans après, le singer-songwriter Tom Brosseau décide de rendre hommage à cette ville dévastée où il a vu le jour. En neuf morceaux, il revient sur les faits tragiques, non sans montrer sa fascination pour une dame Nature indomptable, regarde le passé comme un éternel présent, évoque les petites gens qu’il connaît bien, tous ces voisins qui ont dû abandonner leur maison du jour au lendemain, témoigne de la solidarité qui aide à reconstruire des vies échouées sur les berges du destin et de la douleur qui perdure longtemps après les éclaircies. Il y a de la compassion dans ce regard-là, mais dépourvue de tout apitoiement. Tom Brosseau se penche sur le malheur dans le seul but de faire remonter à la surface l’humanité qui ne demandait qu’à se déverser sur lui pour l’engloutir. Endossant comme personne les habits du troubadour, il chante l’Amérique profonde sans la toiser du haut de sa stature d’artiste. Avec sa douce voix, véritable vivier d’émotions, et sa guitare acoustique, il parvient à captiver son auditoire sans forcer le trait, préférant la simplicité des lignes épurées à la tentation des courbes alambiquées. Accompagné sur certains titres d’une violoniste (Hilary Hahn), d’un bassiste (Rob Thorsen), d’un organiste (Martin Greaves), d’un batteur (Brian Cantrell) et de ses deux fidèles complices (John Doe et Gregory Page), il fait preuve d’une humilité infinie que l’on ne saurait confondre avec un quelconque académisme ou un manque d’ambition esthétique : découvert l’année dernière, Tom Brosseau confirme avec ce nouveau disque qu’il appartient à la famille des grands songwriters américains et qu’il est un des rares à pouvoir reprendre le flambeau autrefois tenu par Woody Guthrie.

– Le site de Tom Brosseau.
– Le site de Loveless Records.
– La page Myspace de Tom Brosseau.