Que fait-on quand cinq new yorkais munis de guitares et de recueils de beat poetry nous invitent à boire un verre ? On finit sous la table, et on en redemande.


Passé assez inaperçu de ce côté-ci de l’Atlantique, le troisième album des New-Yorkais-via-Minnesota The Hold Steady a par contre décroché un succès critique assez important au sein de l’indie rock US, notamment grâce aux faiseurs de hype Pitchfork. Ces derniers ayant joué une part importante dans le récent succès d’Arcade Fire, The Decemberists ou encore Joanna Newsom, ils sont évidemment un avis à considérer, mais avec quelques pincettes : tout ce qui brille…

Ceci dit, même après une simple écoute distraite, on comprend vite la relation entre les différents groupes cités ci-dessus (sauf Newsom, mais bon, elle est tellement dans son monde) : le souci de raconter des histoires. Tant Win Butler que Colin Meloy sont passés maîtres dans l’art de créer des petites pièces à part, des morceaux qui se suffisent à eux-mêmes, et qui narrent des tranches de vie et de mort intemporelles. Á ce déjà prestigieux duo, on peut, et on doit, y ajouter Craig Finn, qui cite Jack Kerouac dès le premier vers de Boys and Girls in America, et qui excelle dans le genre.

Finn, son truc, ce sont les personnages qui boivent. Qui boivent parce qu’ils s’ennuient, parce qu’ils sont jeunes, parce qu’ils sont vieux, ou parce que leur copine vient de claquer 900 dollars sur un cheval nommé Chips Ahoy. Une vraie obsession dans ses paroles, cette observation de l’état physique et psychique de ces personnes, et de la société autour d’eux. Certains boivent parce qu’ils le doivent («He was drunk and exhausted but he was critically acclaimed and respected»), certains ne boivent plus, mais font pire («I was fried and out of focus / I was kicking it with chemists»), d’autres le font parce qu’ils sont seuls («I’m gonna walk around and drink some more»), certains boivent et fument pour se sentir mieux, parce que, finalement, «Boys and Girls in America have such a sad time together». Finalement, le fait que tout le monde soit ivre est peut-être le seul dénominateur commun des personnages de Craig Finn.

Et la musique, dans tout ça ? Elle est assez surprenante, parce que nettement plus extravertie que les Canadiens tristounets d’Arcade Fire, et beaucoup plus rock que la majorité de cette tendance indie-rock érudite. Pour tout dire, “Hot Soft Light” tire son riff tout droit du catalogue d’AC/DC, et y ajoute une bonne dose d’orgue Hammond très Springsteen. Les morceaux sont entrainants, rapides, et expansifs, comme si leur intention était plus de remplir des stades que des églises. Une vraie bonne surprise, car on avait parfois tendance à penser que l’indie nord-américaine avait un peu oublié le rock.

On peut facilement imaginer la fête qu’ils doivent créer sur scène, lieu idéal pour une bande de potes de tous ages pour se réunir, passer un bon moment, partager des souvenirs et sentiments, écouter de l’excellente musique, et… boire.

– Le site de The Hold Steady.

– La page Myspace du groupe.