Grupa Palotaï : kesako ? Un quintette de musiciens trentenaires comme on les aime : frais, inventif, oscillant entre jazz contemporain et post-rock pour mieux faire tomber les barrières et inventer son propre espace d’expression libre. Réunie autour du guitariste hongrois Csaba Palotaï, cette formation parisienne, dont c’est déjà le troisième album, compte le soubassophoniste Didier Havet, le batteur Nicolas Mathuriau et les souffleurs Rémi Sciuto et Thomas de Pourquery, tous passés par la case CNSM.
Et voilà notre troupe qui s’ébranle telle une fanfare de fortune sur les routes poussiéreuses de son Far East à elle, entre les Balkans, les villes monstres d’Asie et les rives du Mississippi. Voyageant à contre-courant, Singapore n’est jamais là où on l’attend, faisant résonner des patterns de blues aussi ancestraux que dévoyés (“Homeless”, “Bruyantes solitudes”), sortant la cavalerie lourdes des cuivres révolutionnaires (“El Liberation”), jouant une sorte de hard bop façon Brecker “Neunundneunzig Samurai” ou se perdant dans un dédale ambient ultra contemporain (“Adieu Printemps”, “Singapore”). Après une entame tonitruante, Singapore accuse une baisse de régime où les bonnes idées se diluent un peu dans l’exploration systématique de la palette chromatique de chaque instrument. Parfaitement réalisé par le nouveau gourou du son Sylvain Thévenard (Limousine, Collectif Slang), ce disque trahit finalement plus une obsession de la construction que le plaisir jouissif de l’improvisation pure. Toujours décalé mais moins versé dans l’humour potache que par le passé, Grupa Palotaï affiche de belles ambitions. Il y a du Gabor Gado, du Sonny Sharrock et du Sacre du Tympan dans cette formation OGM (orchestre génialement mutant) à la vitalité débordante.

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