En marge de Pinback ou de son récent disque en solo, Rob Crow, définitivement une constellation à lui tout seul, nous présente The Ladies, son énième projet parallèle mené de front avec son comparse Zach Hill, un batteur hors pair déjà actif au sein des formations Hella ou Nervous Cop. Le label Temporary Residence, qui héberge ce They Mean Us commente ainsi l’impressionnante virtuosité de ce dernier : «si vous recherchez le son de trois batteurs qui jouent simultanément, mais n’avez la place de n’en héberger qu’un, Zach Hill est votre homme !» Nul doute que cet album est une belle vitrine, bruyante et saccadée, de l’art de Zach Hill. Entre performance surhumaine – l’annonce du label est en effet assez proche de la réalité ! – et démonstration de force parfois outrée, l’album avance tambours battant, à un rythme effréné, faisant de la rupture rythmique une ligne de conduite. La guitare saturée de Rob Crow vient appuyer les crépitements de Zach Hill, dans un chaos bruitiste parfois pénible (“Black Caesar/Red Sonja” ; “Recycler 2” ; “Empathy on a Stick”). Quand Zach Hill s’en tient enfin à son rôle – héroïque, certes – de batteur à deux mains, The Ladies prend une tournure plus expérimentale (“Vacation, Asphyxia, Vacation”). Les douze minutes de “Mandatory Psycho-Freakout” vont d’ailleurs dans ce sens, dans l’esprit de Godspeed You Black Emperor !, le foutoir sonique en plus. Lorsque Rob Crow prend le dessus, le groupe ressemble étonnamment à un Pinback enrichi d’une section rythmique bavarde (“Non-Threatening”) ou balourde (“So Much For The Fourth Wall”), c’est selon. Certes, il faut saluer Rob pour sa recherche jamais démentie d’apporter quelque chose de nouveau à la musique indépendante américaine. They Mean Us est à ranger du côté de ses tentatives audacieuses, mais n’est pas forcément une de ses plus belles réussites.

– Le site du label