Ou comment le génie pop texan réussit à transformer une compilation de vieux morceaux en quelque chose qui ressemble fort à son meilleur album.


Certains artistes connaissent le syndrôme dit du « trop bon premier album », ils y exposent toutes leurs années de travail acharné, d’affinage de leur compositions, et se retrouvent bien en peine d’y donner une suite digne. A rebours de cette tendance, Faris Nourallah a depuis longtemps fait le choix de sortir des disques où la spontanéité et la fraicheur priment sur une quête sans fin de perfection.

Ce cinquième album en cinq ans (!!!) n’en est cependant pas vraiment un, puisqu’il compile divers morceaux dont le texan ne savait que faire. L’erreur fatale serait alors de lever le nez et de se dire que des raretés d’un presque inconnu présentent bien peu d’intérêt. De fait, on reste bouche bée à l’écoute de Gone tant se dégage de l’ensemble une incroyable richesse.
Une fois passé l’anecdotique “Ay Carlo”, on plonge en effet en pleine euphorie pop, et dès le deuxième titre,“Galla”, on touche au sublime. Ce titre, déjà présent dans une très belle version d’origine sur la première (et excellente) compilation Have a good night de blogupmusique.com, apparait ici dans toute sa splendeur : voix en cascade, mélodie solaire et arrangements idoines. La suite du disque est au diapason, explorant tout l’éventail d’une pop totalement décomplexée.

On comprend vite que si ces titres n’ont pas trouvé leur place sur les albums précédents de Faris, ce n’est en aucun cas à cause d’une qualité inférieure au reste de sa production. On en vient même à se dire qu’on n’a pas entendu une mini-symphonie de la stature de l’immense chanson éponyme “Gone” depuis bien longtemps…
Bien sûr la cohérence stylistique n’est pas forcément au rendez-vous et l’on passe rapidement du dénuement (“Northbound Train” ou le tragique “The Rope”), à l’opulence pop (“Galla”,les claviers d’“Elephantine”, et de la détresse infinie (“Who Started The Fire”) à un ton plus optimiste qu’on ne lui connaissait pas (le saturé “Things We Really See”, l’étonnant “Call It Off”).

Une telle variété peut au premier abord décontenancer. Mais au fur et à mesure des écoutes, on réalise que ces treize morceaux sont tous liés par la capacité de leur auteur à ignorer toute forme de médiocrité, et ce kaléidoscope pop prend une place importante dans la discographie pourtant sans faute du plus jeune frère Nourallah…

Si l’on signale enfin que Faris a renoncé à ses droits afin que le label Blog Up Musique puisse reverser l’intégralité des bénéfices à l’ONG KnK (qui s’occupe des enfants des rues en Asie), on se doit de capituler devant cette association de bienfaiteurs décidée à oeuvrer pour le bien simultané de nos oreilles et du monde.

– Lire également la chronique de Faris Nourallah – Il Suo Cuore Di transistor

– Le site de Faris Nourallah

– Sa page Myspace

– Le site de Blog up musique