Un groupe originaire de Montréal et dont le nom fait référence à l’espace sort un premier album orné d’une photo lunaire. Facile, c’est la nouvelle étoile de la galaxie Constellation et c’est du post-rock… Perdu !


Comme nous le faisait justement remarquer Jace Lasek de The Besnard Lakes au cours d’une interview accordée à l’occasion de la sortie de leur premier album, Montréal abrite une communauté de musiciens pour le moins passionnés et autarciques. Cette fourmilière dissimule à la face du monde une activité souterraine fertile et riche en croisements. Et cette effervescence de donner jour à une école du rock indé au frontispice de laquelle est gravé : « fais ce qui te plait ». De fait, le public d’assister à une explosion post-rock tonitruante (Godspeed et consorts), le retour d’un psychédélisme ayant retrouvé ses couleurs (The Besnard Lakes justement), et encore pas mal de surprises à venir. Mais le public ne s’attendait certainement pas à ce que la britpop romantique et emphatique renaisse sous les frimas canadiens. Et c’est pourtant bien de la pop à guitares et violons que nous propose ce tout jeune groupe. De celle que rêvent de réentendre toutes les groupies éplorées de The Verve.

Dès « Swing Your Heartache », le ton est donné. Introduction lancinante, guitares perlées, son spatial, reverb au maximum et voix traînantes. Les couplets sont forcément un demi-ton en dessous du refrain qui lui, casse la baraque. Et le tout pour s’achever dans un feu d’artifice de choeurs très verviens, discrètement accompagnés par des hand-claps lysergiques. Effet garanti. Et il faut admettre que cette chanson, malgré sa longueur et ses multiples références, sonne juste. C’est bien connu, c’est dans les vieux pots…
Puis déboule « No Matter How Hard You Try » qui ravive le spectre de The Unforgettable Fire de U2, pour laisser place à « Outside The City » qui nous rappelle au bon souvenir de Blondie.

Alors oui, ce déluge de références laisse à penser que Young Galaxy possède une boussole bloquée sur un seul style, un seul mouvement, la britpop dans son côté le plus clinquant. Mais avouons que compiler de la sorte The Jesus And Mary Chain, The Go-Betweens ou le versant sirupeux d’Oasis (en plus des monuments précités) n’est pas forcément pour nous déplaire. Les farouches détracteurs des groupes qui on fait la britpop, n’y voyant qu’un ramassis de pleurnichards tout juste bons à remplir les stades à grands coups de refrains tire-larmes, fuiront Young Galaxy, la réincarnation de leurs pires cauchemars. Mais l’effort mérite d’être applaudi.

Parce que le petit plus de ce disque très ancré dans la préhistoire, c’est sa couleur montréalaise. Des claviers vertigineux par ici, des lignes de basse en circonvolutions par là, des harmonies vocales survitaminées un peu partout. Pas de doute, la patte de Jace Lasek est clairement identifiable, en attestent les guitares de « Come and See » ou de « Alchemy Between Us », à condition de s’être au préalable bien imprégné de Are The Dark Horse. Mais la touche de ce (déjà) grand metteur en son ne vaudrait tripette sans un talent certain chez Stephen Ramsay et Catherine McCandless, les deux leaders, compositeurs et chanteurs de Young Galaxy. Il faut entendre la grande richesse des arrangements d’un titre comme « Sun’s Coming Up and My Plane’s Coming Down » ou la belle urgence de « Searchlight », sa basse vrombissante et ses guitares asséchées pour se convaincre que nos jeunes amis n’en sont pas à leur premier mediator. Young Galaxy n’évoluera pas encore en première division, mais peu importe, on a déjà vu de très jolis matches en divisions inférieures. En outre, les deux têtes pensantes de Young Galaxy, tout occupées qu’elles sont à faire briller leurs incunables, n’en ont pas moins les yeux rivés sur leurs contemporains. Pour preuve « Lost in the Call » et sa rythmique pompée à l’énorme « Kids With Guns » de Demon Days de Gorillaz, le groupe pensé et mené par Damon Albarn, un des plus célèbres défenseurs, à ses débuts tout du moins, de… la britpop. Ah ben oui, finalement, il s’agit encore et toujours de la britpop. Car, malgré tout, une sérieuse lacune altère la musique de Young Galaxy, les empêchant de prétendre à la grande famille dream-pop si chère à la scène montréalaise, c’est la pâleur de leur psychédélisme alors qu’il flamboie chez tous leurs copains.

Ce disque aux relents conservateurs (la britpop, quand même, fallait oser) ne révolutionnera donc absolument rien, Young Galaxy se contentant d’apporter une pierre supplémentaire à un monument depuis longtemps en ruines. Et pas sûr que les moins de 30 ans en 2007 aient envie de connaître telle expérience. Pas grave, une visite au musée n’a jamais tué personne, surtout si l’expo est jolie, les guides sympas et le bâtiment bien climatisé.

– Leur Myspace

– La page Young Galaxy sur le site de Arts & Crafts