Le fameux virage du deuxième album est ici dévoilé avec une sincérité désarmante et une modestie remarquable par deux des six membres du groupe belge le plus prometteur. Un entretien précieux avec un groupe qui ne l’est pas moins. Mais sont-ils vraiment conscients de leur talent ? Rien de moins sûr…
Troisième jour d’une promo qui ne devait en durer que deux, un début de soirée calme, dans un hôtel classe et discret du IXe arrondissement de Paris. Deux frêles bonshommes nous accueillent chaleureusement dans un salon retiré. Une pile de magazines rock et des monceaux de bouteilles d’eau vides étalés devant, les traits tirés, Lionel Vancauwenberghe, l’un des deux compositeurs et chanteurs, et le volubile Denis Wielemans, batteur de son état, décrivent dans le détail et sans faux-semblant, à l’aide d’expressions wallonnes charmantes, la difficulté qu’ils ont connue à se lancer dans l’écriture de Plan Your Escape, ce deuxième album explosif et renversant. Et par dessus tout, les Girls In Hawaii sont restés des fans de musique. Sans soupçonner un seul instant qu’à leur tour ils feront naître des vocations.
(Photos : Pascal Amoyel)
Pinkushion : Depuis les premières démos, en 2000, vous êtes montés en puissance rapidement, vos premières compos ont vite été repérées. Quelle en est la raison selon vous ? Est-ce lié à votre courant très en vue à l’époque ou à une scène vivace en Belgique, à ce moment-là ?
Lionel : En effet, il me semble que beaucoup de gens attendaient un groupe wallon. Donc un peu de chance, le fait d’être arrivés à un moment propice. A côté de ça, le public a un rapport affectif avec le premier disque que l’on n’explique pas trop. A la Cigale, en octobre, on était déjà super étonnés qu’il y ait des gens, sachant que cela faisait 4 ans qu’on ne construisait plus rien.
Denis : On a continué à tourner, mais on ne faisait plus grand chose en France entre les deux disques, à part tourner un peu. Et après on a volontairement cherché à se terrer, à redevenir anonymes, ça nous convient mieux pour prendre les choses plus calmement. Et ça a mis du temps à venir, la composition a été très lente à démarrer, on est donc surpris de voir encore une telle impatience, c’est flatteur.
Lionel : C’est vrai dans une moindre mesure en Belgique où on est plus médiatisés.
Denis : Il y a effectivement un petit phénomène local en Belgique. Et il existe parallèlement une vraie base de fans en France, avec le bouche à oreille, les blogs, les webzines. Ce dynamisme et cet enthousiasme nous touchent beaucoup (25 000 exemplaires de From Here To There vendus en France, ndlr).
Lionel : Mais à part ce rapport affectif, on n’a pas d’explication.
Votre musique est champêtre, aérienne, intemporelle. On pense évidemment beaucoup à Grandaddy, et plus particulièrement Under The Western Freeway (1997) qui continue à passionner plus de dix ans après sa parution. Et vous êtes en plein dans ce schéma. Est-ce ce côté organique de votre musique qui est la clé ?
Denis : J’ai l’impression qu’il y a une immédiateté, une fraîcheur qui parlent beaucoup aux gens. Et d’ailleurs, c’est marrant que tu parles du premier disque de Grandaddy, car c’est vraiment celui qui fait l’unanimité dans le groupe, après on a un peu lâché. Dans Under The Western Freeway, il y a la magie de l’instant, le côté bricolo, une impression que tu ne perds pas de temps en détours. Quand tu as une bonne idée mélodique, tu fonces dedans, ce qui renforce cette spontanéité. Notre premier disque touchait beaucoup à cet esprit-là. On faisait d’ailleurs les choses très vite à l’époque, ce qui est généralement bon signe chez nous.
L’antithèse de Radiohead en quelque sorte ?
Denis : Oui, sauf qu’ici on a parfois subi les comparaisons à cause de ce prétendu travers par trop cérébral. Et du coup, pour ce deuxième disque, tu cherches à voir ce que tu peux faire, si tu as encore envie. Tu as changé, tu veux savoir si dans la suite il y a une pertinence dans laquelle tu te reconnais. Il y a eu une pression « personnelle » qui a parfois bloqué le déclic de l’écriture. On a trop intellectualisé la démarche. On avait pensé sur papier ce qu’on avait envie de faire sur le disque, et ça nous a engourdis. Le processus était tué dans l’Å“uf en voulant trop explorer, chercher, rompre nos codes. Une volonté aussi de montrer au public qu’on souhaitait une certaine liberté, celle de faire des choses différentes, pas forcément en répétant une formule. Mais ce qui te tient à cÅ“ur sur papier te paralyse au moment de passer à l’acte.
Comment ça s’est traduit dans l’enregistrement ?
Denis : Le démarrage a été vraiment très lent. Puis on est revenu à un truc plus spontané, sans se poser de questions, comme pour le premier disque. J’ai l’impression qu’on est encore un peu dans l’entre-deux. Ce nouvel album ouvre des perspectives assez neuves, mais en même temps on n’est pas encore complètement sûrs de notre propos. On reste proches de nos débuts. On ne renie pas du tout notre premier album, on l’adore. Mais c’était une période où on était en fin d’adolescence, et cinq ans plus tard, t’as grandi, tu n’écoutes plus les mêmes choses, tu as un recul différent par rapport à la vie, tu vieillis en somme. Il y a donc eu une phase de remise en question pour savoir si ça nous plaisait à nouveau d’attaquer l’écriture. Après, l’écriture en elle-même a été assez vite finalement, c’est le laps de temps entre les deux disques qui a été très long. Le disque en soi c’est l’histoire d’un an et demi, entre l’écriture, la maquette et la fin. L’enregistrement s’est étalé sur deux sessions de un mois, avec Jean Lamoot.
Lionel : Oui, un gars cool, Jean. La base du choix, c’est le rapport humain. On connaissait son travail sur Des Visages Des Figures (2001) de Noir Désir, mais on ne cherchait rien de technique. Une approche impulsive très caractéristique de notre groupe.
Denis : On a apprécié son travail sur le son, surtout pour ce disque qui est celui de la césure dans la discographie de Noir Désir. On a aussi beaucoup apprécié le dernier PJ Harvey (White Chalk, 2007). Ces groupes qui continuent à chercher alors qu’ils sont dans une formule si parfaite, ça force le respect. C’est d’une telle honnêteté vis-à-vis du fan, même si une partie du public peut se sentir perdue ou flouée. Il y a une telle audace dans cette démarche d’essayer d’aller toujours plus loin, de casser les codes. Ces groupes nous parlent beaucoup.
Cette douleur dans l’élaboration de Plan Your Escape que tu évoques est totalement invisible dans ce disque. Il est au contraire très brut. On ne sent pas cette souffrance.
Lionel : Le moment où les morceaux étaient préenregistrés a correspondu avec le moment où on cherchait à se lâcher. Et d’ailleurs, cette douleur, cette longue période, vous n’êtes pas censés le savoir.
Denis : On a cherché ce son brut et décomplexé. On a choisi les prises de voix les plus fragiles, même quand ça tremblotait ou que c’était maladroit. Ce blocage nous a offert ce moment où on a tout lâché, on n’avait plus envie de se prendre la tête. On a juste cherché à se faire plaisir, le côté ludique et spontané, comme le petit solo de flûte dans “Shades of Time”. Ce n’est pas un disque plombé ou douloureux, mais la période de doute et angoissante qui l’a précédé explique son côté artisanal et frais.
On pense beaucoup au même processus d’évolution que pour Midlake. Un premier album direct, et un deuxième album très abouti.
Lionel : C’est marrant, je connais assez peu Midlake.
Denis : Pour ma part, je trouve leur premier disque (Bamnan And Slivercork, 2004, ndlr) très proche de notre premier disque dans les textures, son côté éclaté et sa production bricolo qui part dans tous les sens. Et on sent bien en effet que The Trials Of Van Occupanther (2006, ndlr) est plus mûr, et malgré son côté plus maîtrisé, trop génie, on reste bluffé par “Roscoe”, une pure pépite, ils atteignent sur ce morceau la quintessence de leur art. C’est la production trop lisse sur la longueur qui pèche, parce que sur scène c’est vraiment un super groupe maintenant. Et les titres du second disque ressortent très forts, et je suis revenu à …Van Occupanther après les avoir vus sur scène. Mais les goûts sont tellement changeants pour chacun, tu peux avoir envie d’écouter un moment un truc très crasseux, à d’autres un truc plus lisse.
Tu parlais du côté enfantin du premier album – on pense à “Fontanelle”, fatalement -, qui colle avec un public de trentenaires qui existe vraiment en France.
Lionel : Oui, on a remarqué.
Or ce côté enfantin est plus camouflé dans Plan Your Escape, on y sent au contraire un sentiment diffus de colère, le fait de se dire que cette période est finie, que c’est bien dommage.
Lionel : De la colère sourde, exactement. Une forme de rage.
Denis : Et ça s’est traduit par cette frustration qu’on évoquait tout à l’heure. Ne pas savoir pourquoi on n’y arrivait pas, à cette spontanéité. Et on est d’autant plus fiers de ce disque qu’il reflète vraiment la période qu’on a traversée. Un titre comme “This Farm…” a vraiment été composé à cette époque difficile.
Lionel : C’est vrai que ça exprime ça, la frustration, l’adieu à l’enfance. J’ai 30 ans depuis deux semaines, et c’est vrai que le temps qui passe m’obsède beaucoup. Et pour tout le monde, ces trois années ont été délicates.
Il y a aussi une maturité qui se traduit sur Plan Your Escape par le son et dans l’exécution des titres. Et d’ailleurs, pourquoi avoir enlevé “Grasshopper” du tracklisting final ? Cette rage-là est très intéressante, ce morceau très court, très incisif.
Denis : Pour assurer une cohésion de l’ensemble du disque, il nous semblait important de le faire, de même que pour “Coral”.
Nicolas Falez de Superflu nous expliquait en entretien l’importance du premier morceau d’un album, et avec “This Farm…”, vous mettez la barre très haut. C’est volontaire ?
Denis : Même si à l’écriture on ne pensait pas à un morceau d’ouverture. On envisageait plutôt “Couples On TV”, une petite intro un peu doucereuse. Mais les concerts avec des nouveaux titres, notamment celui-là, nous ont donné de bons retours, et ça a orienté la manière de le mixer, de le rendre plus rageur. On avait conscience de tenir un bon morceau. Et commencer avec lui, du coup, permet d’annoncer la couleur qui correspond à une volonté de rompre notre code, même si ce sont des codes très pop dans l’écriture. Les 30 premières secondes d’un disque, c’est capital.
Et il tranche beaucoup avec votre iconographie champêtre. Alors que la couverture nous renvoie vers un univers forestier, calme, la nature toute simple, ce premier morceau nous rentre dans le lard avec une force incroyable, avec quand même quelque chose d’assez joyeux, malgré tout.
Lionel : Tant mieux, c’était l’effet recherché.
Et vous avez tenu la pression tout le long du disque.
Denis : Pourtant, la suppression de “Grasshopper” et “Coral” correspondait à une volonté d’être plus concis. En sortant du mix, on a tout mis par réflexe, constitué une playlist. Mais sur la longueur, on a eu envie d’un disque un peu moins bavard. Une question de format.
Lionel : Il dure 46 minutes à peu près, maintenant.
Soit un gros 33 tours. On est dans le schéma classique qui revient beaucoup. Il y a beaucoup de disques actuellement qui ont ces durées-là, autour de 45 minutes, y compris In Rainbows (2007) de Radiohead, un effet qu’ils ont recherché, c’était le seul objectif fixe de ce disque avant même son enregistrement, il devait entrer dans un 33 tours. Ils vont sortir ces morceaux, quand même ?
Denis : En CD, ils seront en bonus, et on va les mettre sur le Net un peu plus tard.
Lionel : Ce serait dommage de les écarter.
Denis : On a envie que les gens se les échangent et les écoutent. Ce sont des morceaux qu’on apprécie vraiment, impulsifs. “Coral” est même joué en concert. Ces morceaux ont été intégrés un peu plus tôt dans le processus, et on adore les disques chapitrés, avec des interludes. Mais ça faisait double emploi avec des éléments d’autres morceaux comme la longue intro de “5.20.22”, ou des instrumentaux dans lesquels les voix se calment. “Grasshopper” pouvait quand même réveiller le disque au milieu, c’était ce qu’on voulait au départ. Mais finalement, on a de plus en plus réussi à assumer notre propos sur la longueur du disque, même si le disque paraissait lent. Finalement, les semaines passant on assumait de plus en plus son côté lancinant, dense et sombre, et on avait l’impression que “Grasshopper” finissait par casser cette dynamique. Mais ces morceaux ont une vie après, “Grasshopper” est même un morceau génial en concert.
D’ailleurs, c’est nouveau chez vous un morceau pop rock explosif qui fait moins de deux minutes.
Lionel : Oui. Parfois tu commences à trouver ta mélodie, puis tu as envie de trouver un pont, un refrain, et puis tu n’y arrives pas, et tu te sens obligé de le faire… Et là c’est vraiment l’exercice inverse où tu dis : « c’est bon, on le laisse comme ça ». Ce morceau, il est quand même cool.
Qui écrit, qui compose ?
Lionel : Souvent, c’est Antoine (Wielemans, chant, et frère de, ndlr) et moi, chacun de notre côté, qui composons. On travaille peu ensemble. Ici, ça a un peu changé, et on a notamment pas mal travaillé avec Denis sur les chansons de chacun, ensemble. Dès le départ il y a de toute façon une ligne définie quand on travaille chacun de notre côté, c’est rare de travailler avec le groupe sur une base simple guitare/voix. Il y a déjà un arrangement de base quand on arrive avec le morceau.
Denis : Il y a un travail important de “maquettage”. Le processus d’écriture et de composition est très proche du premier disque. Mis à part une compo du bassiste (Daniel Offermann, ndlr), “Couples On TV”, qu’il a faite sans savoir s’il l’écrivait pour lui ou pour le projet, et on adore son ambiance, son texte. Et “Road to Luna” a été composée par le frère de Lionel (Brice Vancauwenberghe, guitare, ndlr). Sur ce disque, il y a eu plus un nouveau travail de groupe, on étayt les six en session à retravailler les arrangements. Alors que pour le premier, nous sommes vraiment arrivés comme interprètes quand le disque était fini, pour les jouer sur scène. “Plan Your Escape”, la chanson, par exemple, est partie d’une voix/guitare d’Antoine sur laquelle on a beaucoup cherché en une journée avec Jean.
Lionel : C’est vraiment le premier qu’on a fait au niveau du groupe au complet.
Denis : Sur “Fields of Gold”, il y a aussi une partie sur laquelle on s’est amusés à trois, une nuit, à construire ce beat à la fin, avec plein d’objets de la maison, en tapant sur le plancher. On retrouvait vraiment le côté spontané, ludique qu’on évoquait tout à l’heure et qu’on avait du mal à débloquer.
C’est étonnant parce que “Fields of Gold” est le morceau le plus éloigné de votre spectre, de votre champ d’action habituel.
Denis : Oui, on s’est vraiment libérés dessus.
Une jam ?
Denis : Pas vraiment la jam, mais plutôt à trois derrière un enregistreur à tester des idées. Et quand on a commencé à percevoir un résultat, ça nous a surpris. On avait un peu l’impression de produire un disque de hip-hop en bossant sur une rythmique inattendue, sans rien avoir derrière la tête (rires). Cette expérience nous a complètement décomplexés !
Lionel : Un côté cool. En la réécoutant, on se demandait vraiment d’où ça venait. C’est bon signe quand tu commences à te dire « ah, je ne connaissais pas ça », que tu es un peu perdu. Un peu comme “Flavor” sur le premier disque, un morceau un peu curieux.
Denis : Tu as du mal à avoir un avis arrêté sur le morceau alors que des morceaux très pop, en une seconde tu les as en tête. Ce moment où tu es désarçonné, c’est plutôt excitant, et ça te motive à continuer à écrire et composer. Sinon, au bout d’un moment, ça devient vraiment monotone. Mais ces moments, tu ne les commandes pas.
Ça doit être dur de parler de sa musique…
Lionel : Ouais (silence)…
Denis : L’expliquer verbalement, c’est ce qui est difficile. Parler du processus, ça va, mais évoquer un son, une ambiance, mettre un mot là-dessus… Même entre nous, en studio, on se casse la tête pour expliquer aux autres ce qu’on attend.
Au-delà de ça, vous n’avez pas l’impression de dévoiler votre intimité en tournée promo, en entretien ?
Lionel : Non, je n’ai jamais eu cette impression.
Denis : Et en plus, on a aussi un rapport de fans, celui d’avoir adoré lire beaucoup de détails. Quand un groupe est prêt à en livrer, je trouve ça super gai. Noir Désir, qui faisait des pauses abyssales entre chaque disque, et qui avait plus ou moins décidé de tout arrêter après certaines tournées, t’as envie de savoir ce qui s’est passé ! Je trouve ça important.
Puisque vous parlez de Noir Désir et de leurs pauses légendaires, en France on est habitués à ça. Vous avez craint que vos quatre ans, c’était long, mais ici, ça ne gêne personne.
Denis : Ce n’est pas une volonté de traîner pour traîner, ce qui ne doit jamais être le cas des gens qui prennent leur temps. Tu ne contrôles pas tout. Le message que tu donnes à l’auditeur nous plait, on arrive à lui faire savoir que notre démarche est vraiment sincère. Attendre le moment idéal où ton disque est abouti, où tu trouves un propos dont tu es fier. Tu ne tentes pas un rythme de un disque tous les deux ans pour ne pas te faire oublier, un truc très marketing, des choses extra-créatrices.
Soit on attend six ans entre les deux derniers Bashung, et honnêtement, ça en vaut la peine, soit, à l’inverse, il y a Murat qui a une époque sortait un disque tous les six mois, tous très bons, ce qui force le respect. Pas de recette finalement.
Lionel : C’est vrai qu’il en a enchaîné quelques-uns de bien, Murat…
Denis : Tu vois, à côté j’ai l’impression d’être un musicien à la sauvette, de gratter ma guitare quand ça me démange. On a eu aussi une période qui a un peu contribué à cette attente, on a changé de statut. C’est passé d’un hobby en marge de nos études à une occupation à plein temps. Tu gagnes en crédibilité, mais tu as de la culpabilité à ne pas te forcer à faire de la musique, le regard de ton milieu familial, tes amis, tout ça colle la pression. Et en se donnant rendez-vous tous les matins pour essayer, on a fini par se rendre compte qu’on se fourvoyait.
Quelles sont vos références musicales communes ou propres à chacun ?
Lionel : Eels, surtout le premier (Beautiful Freak, 1996), qui est une référence. OP8 et Lisa Germano, très importants. Cat Power aussi dont je suis un énorme fan, avant The Greatest (2006) en tout cas, qui n’a pas grand intérêt.
Denis : De grandes références, les Beatles, Nirvana, Pixies, et ces deux derniers ont servi de point de départ à l’envie de prendre une guitare. Ils nous donnaient l’impression que c’était vraiment simple, qu’il ne faut pas forcément du pognon. T’as 16 ans, il suffit de prendre un instrument dont tu sais à peine jouer et tu t’isoles dans ta chambre, de manière très décomplexée. Les Beatles c’est plus sur le tard, on connaissait d’abord les Beatles de nos parents (rires), Let It Be, et à l’époque, je trouvais ça fadasse et mièvre. Et en un coup, on est tombé par hasard sur Sgt Pepper’s et le White Album, il y a à peine 3-4 ans, et ça nous a retournés.
Le point commun de vos citations, c’est un sens inné et profond de la mélodie, pop notamment.
Lionel : Complètement, c’est d’ailleurs la recherche de la mélodie qui prévaut chez nous, depuis Nirvana d’ailleurs.
Denis : Même dans ce nouvel album, s’il est moins immédiat dans le format et plus complexe dans les parties, et qu’on identifie moins un refrain dans la construction, ces parties restent quand même très poppy.
Il semble exister une recherche iconographique importante chez vous.
Lionel : Antoine est graphiste, on a étudié la photo ensemble, avec Olivier Cornil qui s’occupe de nos visuels. Il y a un vrai souci de cette recherche, on est fans de cinoche, on s’est nourris de tout ça. Et j’ai l’impression que notre musique est très visuelle, elle donne beaucoup d’images.
Denis : On aime bien associer des ambiances sonores à des visuels forts qui évoquent ce qu’on a ressenti en composant.
Et pour finir, votre Top 5.
Denis :
– Souljacker, Eels, un disque de chevet
– White Chalk, PJ Harvey, même si c’est très récent
– Hail To The Thief, Radiohead, un disque surécouté, je me suis perdu dedans sans jamais me lasser, un disque sublime
– In Utero, Nirvana, un disque piqué à mes grands frères
– Virgin Suicide, Air, même si leur manière de s’afficher m’agace, mais ce disque est superbe, très beaux thèmes, qui relatent merveilleusement l’ambiance du film.
Lionel :
– Moon Pix, Cat Power, clairement
– Surfer Rosa, Pixies
– Double Blanc, The Beatles
– Slush, OP8
– Kid A, Radiohead, il me fait penser à du Lynch, il n’y a rien de très clair, tout dans l’évocation, la suggestion, j’adore.
PS : tous les membres ont été cités, sauf un, Christophe Leonard, guitare/synthés.
PPS : Un grand merci à toi, Pascal, pour tes photos, et un petit peu pour ta patience aussi… Finalement tu avais raison, on a fini par y arriver…
Lire également :
– la chronique de From Here To There
– la chronique de Plan Your Escape
Visiter également :
– le site officiel de Girls In Hawaii
– leur MySpace
– le site dédié à Plan Your Escape
– le site d’Olivier Cornil, le photographe attitré du groupe