Fin 2007 : un petit aéroport de fortune a ouvert son tarmac en catimini dans le paysage musical indépendant. Un micro-évènement passé presque inaperçu, dans la mesure où il s’agit de la base aérienne imaginaire de Nicole et P, un duo chinois formé en 2001 à Hong-Kong. Déjà à l’origine de deux albums salués par la critique rock chinoise, Zoo Is Sad, People Are Cruel est un recueil de leurs meilleurs morceaux à l’attention du public européen. Étoffé de deux membres supplémentaires, My Little Airport s’attache à ressusciter une pop nostalgique et faussement naïve, par trop familière. Car, à l’heure de la mondialisation, c’est le territoire du défunt label Sarah Records que My Little Airport annexe avec une confondante candeur et un culot certain. Et la ferveur tangible qui est la leur (“When I Listen To the Field Mice”) passe par l’usage consciencieux de tous les gimmicks musicaux livrés dans le kit de survie « Sarah Records » : mélodies innocentes, chants sucrés, forcément fredonnés avec une moue boudeuse, synthé minimaliste, timides nappes bruitistes. La combinaison parfaite est parfois obtenue, comme dans “Victor Fly Me To Stafford”, avec son clavier piqué à Felt ou “I Don’t Know How To Download AV Like Iris Does”, qui marche sur les pas de leurs vénérés Field Mice, avec des paroles à contre-emploi (AV= Adult Video !). Les titres alternent prestations en anglais et en chinois, et la langue de l’Empire du Milieu sied particulièrement à ces comptines aigres-douces dont la prétention pop n’est plus à démontrer. Au détour de leur périple qui revisite la pop la plus délicate, My Little Airport s’autorise quelques clins d’oeil à une esthétique plus kitsch, comme le suggère l’irruption des mandolines (“You Smile Like A Blossom”) ou le goût revendiqué pour les musiques de jeux vidéo, qui les rapproche de Psapp (“Mountaintop, Doll, Lollypop”). Ces quelques incartades, pas toujours du meilleur goût, évitent néanmoins le sérieux d’un hommage méthodique et trop respectueux, entendez : rébarbatif. Le choix des titres, parfois volontairement bavards, cultive soigneusement ce décalage salvateur. Et si le voyage proposé par My Little Airport est certes très balisé, il a suffisamment de style pour nous captiver le temps d’une rêverie au charme régressif.

– La Page Myspace de My Little Airport